Inspiré par ses origines naturelles, ce tissu se réinvente comme une option polyvalente pour les intérieurs contemporains.

On vous l’accorde: le tweed, ce tissu au passé aussi riche que les collines écossaises et irlandaises qui l’ont vu naître, peut se révéler un peu capricieux à apprivoiser. Cela est probablement dû à sa création, qui est le fruit d’une dualité fascinante: d’un côté, le tweed puise son existence dans les paysages époustouflants qui ont inspiré ses teintes et fourni les colorants nécessaires, tandis que de l’autre, une légende raconte que son nom découle d’une méprise d’un commis londonien en 1826, interprétant mal « tweel » — un terme écossais pour « sergé » — sur une facture.
Pour être davantage dans le pratique, le tweed se caractérise par une épaisseur variant de moyenne à épaisse, se déclinant en une multitude de couleurs et d’effets de tissage selon sa région d’origine. Traditionnellement, il est confectionné à l’aide d’un tissage sergé, ce qui confère au tissu une nervure diagonale. Les variations sont infinies, avec des motifs emblématiques comme le Gun Club, le pied-de-poule ou le Prince de Galles, et le Balmoral, que l’on attribue au prince Albert lui-même après son acquisition du domaine en 1852.
Empli d’histoire
À l’origine, conçu pour les paysans, le tweed était un tissu robuste, chaud et résistant aux intempéries, idéal pour le travail agricole. Bien que sa palette soit riche, il présente souvent des teintes terreuses, évoquant les paysages dont il provient. Cet aspect camouflage s’est révélé particulièrement utile au XIXe siècle, période où la noblesse anglaise s’adonnait à la chasse et à la pêche en Écosse, faisant du tweed un choix de prédilection pour se fondre dans la nature tout en restant élégant.
Les qualités qui en faisaient un allié pour les activités en extérieur en font donc également un choix judicieux pour la décoration intérieure: il tient chaud, est résistant et, selon sa composition, souvent imperméable et tolérant aux taches. Polyvalent, il s’associe harmonieusement à d’autres motifs et imprime un sens affirmé du style et du patrimoine britanniques.
Après avoir collaboré avec le designer Ben Pentreath sur une collection de tissus d’intérieur, cette saison, Johnstons of Elgin dévoile une nouvelle gamme de tweeds en laine, intégrant des classiques tels que le Gun Club et le Houndstooth. Pour une touche plus légère, Camira présente le « Main Line Twist », un mélange de laine et de lin décliné en 15 coloris. Loro Piana a par ailleurs lancé le luxueux tweed Harris baptisé « Hebrides » lors de la Paris Design Week 2024. 2024 s’annonce donc prometteuse pour un tissu dont l’histoire, bien qu’apparemment récente, continue d’inspirer et de fasciner.
Autrice: Kassia St Clair
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elledecoration.co.uk. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.