Samuel Labarthe: « Le public demeure attaché au théâtre, cela donne espoir »

27 décembre 2023 · Julie Vasa

L’acteur genevois porte avec élégance sur scène l’«Usage du monde» de l’écrivain voyageur Nicolas Bouvier.

Tour à tour De Gaulle, Mitterrand, commissaire, prêtant même sa voix à George Clooney… Samuel Labarthe, le plus parisien des comédiens genevois et ancien pensionnaire de la Comédie-Française, est de retour sur les planches où tout a commencé pour lui.

A lire aussi: « L’usage du monde »: Samuel Labarthe sur les planches de Carouge

ELLE: De quelle manière avez-vous pris connaissance de ce récit?
Samuel Labarthe: Je l’avais chez moi depuis longtemps. Et du jour où je l’ai lu, il est devenu mon livre de chevet. C’est une merveille! D’abord, la langue de Nicolas Bouvier: il trouve les mots justes pour exprimer la fascination que l’on peut ressentir face à un paysage, lors de rencontres. Sa manière de voyager m’a également séduit: un périple intérieur, en amitié profonde avec Thierry Vernet.

Ils ont mis dix ans à l’aboutir pour en faire une sorte de joyau.

Samuel Labarthe | ELLE

Et l’idée d’en faire un spectacle?
J’en ai commandé l’adaptation pour partager ce texte avec le plus grand nombre. C’était une gageure de le faire tenir en 1h15! Je souhaitais garder la structure du voyage en ayant comme fil rouge l’amitié et la musique, de l’humour aussi et des instants poétiques comme lorsqu’il évoque les yeux phosphorescents des renards, le jour qui se lève… C’est la 100e ce soir et je ne m’en lasse pas.

En quoi ce livre vous touche-t-il?
Le monde décrit par Bouvier était encore ouvert, pas rétréci comme celui d’aujourd’hui: un monde neuf, immense, animé par un désir de fraternité au-delà des régimes, des couleurs politiques, des drapeaux, en prenant le temps… C’est de la même veine que Saint-Exupéry ou Kessel. J’aimerais prouver que les gens demeurent les mêmes. Ce sont les régimes qui changent.

A lire aussi: Michèle Losier, cantatrice à l’intense présence au Grand théâtre de Genève
 
Pensez-vous que le théâtre puisse aider à en prendre conscience?
Bien sûr, ce sont des petites graines que l’on peut faire grandir, c’est important. Je suis si heureux de voir que le public demeure attaché au théâtre, cela donne de l’espoir. La relation au public est absolument irremplaçable. J’ai joué avec Marie-France Pisier qui a vécu sa première expérience au théâtre assez tardivement et me souviendrai toujours de sa réaction: c’était extraordinaire de la voir découvrir la magie du moment.

Allez-vous pouvoir présenter le spectacle ailleurs?
On essaye. Il y a des demandes. J’aimerais beaucoup tourner en Suisse. Deux dates sont prévues à Évian, d’autres près de Paris. On va monter petit à petit les choses. Mais ce n’est pas évidemment avec les tournages auxquels je participe.

Cette pièce vous a-t-elle donné envie de voyager?
Oui et non. J’en ai eu l’idée après une grande traversée du Jura que j’ai fait tout seul pour la première fois. Je suis parti avec mon sac à dos, « L’usage du monde » dedans. Le voyage entrepris par Bouvier est presque biblique. J’aurais envie de refaire ce voyage avec une caravane humanitaire, la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge pour seul emblème, une petite scène, des traducteurs, un accordéoniste, un violoniste et rejouer cette musique.

Faire un film avec une caméra qui suit et un documentaire à la fin: ça c’est mon rêve!

Samuel Labarthe | ELLE

«L’usage du monde», de Nicolas Bouvier, mise en scène Catherine Schaub, Théâtre de Carouge, jusqu’au 26 janvier 2024

Tags : Théâtre · Genève · interview · Art

L’acteur genevois porte avec élégance sur scène l’«Usage du monde» de l’écrivain voyageur Nicolas Bouvier.

Tour à tour De Gaulle, Mitterrand, commissaire, prêtant même sa voix à George Clooney… Samuel Labarthe, le plus parisien des comédiens genevois et ancien pensionnaire de la Comédie-Française, est de retour sur les planches où tout a commencé pour lui.

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ELLE: De quelle manière avez-vous pris connaissance de ce récit?
Samuel Labarthe: Je l’avais chez moi depuis longtemps. Et du jour où je l’ai lu, il est devenu mon livre de chevet. C’est une merveille! D’abord, la langue de Nicolas Bouvier: il trouve les mots justes pour exprimer la fascination que l’on peut ressentir face à un paysage, lors de rencontres. Sa manière de voyager m’a également séduit: un périple intérieur, en amitié profonde avec Thierry Vernet.

Ils ont mis dix ans à l’aboutir pour en faire une sorte de joyau.

Samuel Labarthe | ELLE

Et l’idée d’en faire un spectacle?
J’en ai commandé l’adaptation pour partager ce texte avec le plus grand nombre. C’était une gageure de le faire tenir en 1h15! Je souhaitais garder la structure du voyage en ayant comme fil rouge l’amitié et la musique, de l’humour aussi et des instants poétiques comme lorsqu’il évoque les yeux phosphorescents des renards, le jour qui se lève… C’est la 100e ce soir et je ne m’en lasse pas.

En quoi ce livre vous touche-t-il?
Le monde décrit par Bouvier était encore ouvert, pas rétréci comme celui d’aujourd’hui: un monde neuf, immense, animé par un désir de fraternité au-delà des régimes, des couleurs politiques, des drapeaux, en prenant le temps… C’est de la même veine que Saint-Exupéry ou Kessel. J’aimerais prouver que les gens demeurent les mêmes. Ce sont les régimes qui changent.

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Pensez-vous que le théâtre puisse aider à en prendre conscience?
Bien sûr, ce sont des petites graines que l’on peut faire grandir, c’est important. Je suis si heureux de voir que le public demeure attaché au théâtre, cela donne de l’espoir. La relation au public est absolument irremplaçable. J’ai joué avec Marie-France Pisier qui a vécu sa première expérience au théâtre assez tardivement et me souviendrai toujours de sa réaction: c’était extraordinaire de la voir découvrir la magie du moment.

Allez-vous pouvoir présenter le spectacle ailleurs?
On essaye. Il y a des demandes. J’aimerais beaucoup tourner en Suisse. Deux dates sont prévues à Évian, d’autres près de Paris. On va monter petit à petit les choses. Mais ce n’est pas évidemment avec les tournages auxquels je participe.

Cette pièce vous a-t-elle donné envie de voyager?
Oui et non. J’en ai eu l’idée après une grande traversée du Jura que j’ai fait tout seul pour la première fois. Je suis parti avec mon sac à dos, « L’usage du monde » dedans. Le voyage entrepris par Bouvier est presque biblique. J’aurais envie de refaire ce voyage avec une caravane humanitaire, la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge pour seul emblème, une petite scène, des traducteurs, un accordéoniste, un violoniste et rejouer cette musique.

Faire un film avec une caméra qui suit et un documentaire à la fin: ça c’est mon rêve!

Samuel Labarthe | ELLE

«L’usage du monde», de Nicolas Bouvier, mise en scène Catherine Schaub, Théâtre de Carouge, jusqu’au 26 janvier 2024

Tags : Théâtre · Genève · interview · Art