Épanouie et puissante, Nabilla Vergara revient sans filtre sur son passé

On la connaît pour son indéfectible rapport à la mode et son notable business sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui femme d’affaires influente et mère accomplie, l’une des plus puissantes influenceuses de la francophonie se dit désormais en paix avec les tumultes de son passé ou les derniers scandales au cœur de son métier. Un entretien-confession aussi franc qu’émouvant.

Nabilla Vergara ne laisse personne indifférent. Sans vouloir être mauvaise langue… on a cru un certain temps qu’elle jouait les jolies écervelées en disant à haute voix tout ce qui lui passait par la tête. Jusqu’au jour où nous avons compris que la jeune femme avait une tête bien faite et que le rôle de femme d’affaires lui allait comme un gant. Avec neuf millions d’abonnés sur Instagram, la jeune Franco-Suisse flirte avec la célébrité, la fortune et en épate plus d’un. Une rencontre qui a eu lieu à l’InterContinental de Genève dans les salons de La Résidence où Nabilla qui portait les habits du Bongénie Grieder, nous a séduits, entre grâce, chic et élégance.

ELLE: Quel est votre rapport à la mode?
Nabilla Vergara: J’ai commencé à baigner dans le monde de la mode très tôt en 2013. J’ai eu la chance que Jean-Paul Gaultier vienne me chercher. Avant cette opportunité, je fréquentais ce secteur de loin, en rêvant tout éveillée à un petit sac Hermès. Je suis très reconnaissante envers Jean-Paul, ce célèbre styliste et grand couturier français! Il m’a permis d’évoluer dans cet univers magique et m’a fait confiance pour un de ses défilés. Il m’a dévoilé les coulisses et la mode de manière générale.

Jean-Paul Gaultier a été parmi les premiers designers à vous intégrer dans l’univers de la mode. Quel est votre lien avec lui?
C’est un merveilleux ami, je suis très proche de lui. Il a d’ailleurs créé ma robe de mariée! Ma reconnaissance est sans borne. Quand vous commencez et que vous n’êtes personne, rêver qu’un Jean-Paul Gaultier, très haut placé dans son domaine, s’intéresse à vous, est inespéré. Il m’a donné la crédibilité dont j’avais besoin. J’ai ainsi été confortée dans mes objectifs et mes ambitions. Il m’a insufflé une grande confiance en moi. Il m’a aussi prodigué énormément d’amour.

Ce grand monsieur qu’est Jean-Paul Gaultier m’a regardée comme la personne que je suis aujourd’hui, sans juger mon passé. C’est rare.

Nabilla Vergara (ELLE)

Vous avez été très critiquée durant cette période du défilé…
Oui, évidemment. Imaginez des gens implantés depuis des décennies avec des carrières remarquables dans des métiers qui font rêver et… tout d’un coup, une fille populaire qui n’est pas une « fille de » débarque, issue d’une maman très simple qui travaille dans une banque et d’un papa immigré algérien venu en France pendant la guerre. Ça fait grincer des dents. Même si je ne viens pas de la rue, mais simplement de nulle part. Finalement ne pas être « fille de »… mais être tout simplement la fille de mon père me convient parfaitement! Je suis moi-même et me suis construite seule.

Comment décririez-vous votre style vestimentaire aujourd’hui?
Quand je suis maman je vais être en mode très cool, jean, Ugg, survet’ parce qu’il faut courir après mes petits diablotins. Quand je suis en prestation ou avec mon chéri, je vais être plus dame, rétro chic avec de longs manteaux ou des blazers androgynes.

En quoi ce style vestimentaire est-il différent de celui d’il y a dix ans?
En tout! (rires) Mais bon, il faut bien que jeunesse se fasse aussi… Je n’avais que 18 ans et pas d’accès aux réseaux sociaux comme les jeunes d’aujourd’hui. Donc plus compliqué de suivre les tendances. Du coup, je m’habillais comme je pouvais avec l’envie à l’époque de me donner une allure sexy, peut-être trop sexy. J’avais besoin de surfer sur ma féminité. Depuis, j’ai amorcé une énorme évolution. D’ailleurs, heureusement sinon ça aurait été tragique!

Vous êtes très présente sur les réseaux sociaux, vous « donnez » beaucoup à vos abonnés. Est-ce la rançon de la gloire? Vous êtes-vous fixée une limite? Et avec vos enfants (qu’on voit beaucoup aussi)…
Je leur donne autant qu’ils me donnent. Si je suis là aujourd’hui, c’est grâce à eux. Ils m’ont fait naître. Aujourd’hui, je divulgue moins ma vie que lorsque j’avais 20 ans. Il y a des gens qui disent qu’ils partagent tout avec leur communauté ; je doute que cela puisse être vrai. Quand mes fils pleurent, je ne vais pas les filmer, c’est rabaissant pour eux. Je joue plutôt mon rôle de maman en étant présente et en les consolant.

A 18 ans, j’avais besoin de surfer sur ma féminité. […] Depuis, j’ai amorcé une énorme évolution.

Nabilla Vergara (ELLE)

Le 8 décembre 2023, vous avez partagé les coulisses du shooting de votre marque de beauté Nabillabeauty: est-ce qu’une nouvelle collection s’apprête à sortir?
Oui, nous allons mettre un nouveau produit sur le marché, mais je ne peux pas vous en dévoiler plus aujourd’hui. Autour de cela, un jeu concours se prépare. Et surtout nous allons lancer une gamme cosmétique pour prendre soin de sa peau. Tous ces produits seront fabriqués dans des laboratoires suisses. Chose qui n’a pas été faite avant et qui a pris beaucoup de temps parce que nous aspirons à ce que cela soit très haut de gamme.

Qu’est-ce que vous allez prôner comme différence par rapport à vos autres produits?
Mon expérience. Car avant d’être maman, j’avais une superbe peau. Depuis, j’ai du mélasma et des taches pigmentaires qu’il faut traiter. Qu’on ne voit évidemment pas parce que j’utilise mon concealer Nabillabeauty. Ma maman en avait, ma grand-mère y a échappé. Mais en même temps, ma grand-mère est divine. J’ai adapté mes gammes en fonction de mon expérience de femme avec une peau à problèmes.

Vous vous montrez de plus en plus au naturel et sans filtre dans vos stories Instagram. La Nabilla d’il y a quelques années n’aurait peut-être jamais osé. Pourquoi cette envie de montrer cette facette à votre public désormais?
Parce que, maintenant, je m’en fous! Depuis que j’ai eu mes enfants tout a changé dans mon esprit.

Après l’univers de la beauté, avez-vous déjà pensé à lancer votre propre marque de vêtements? En 2018, vous vous étiez quelque peu essayée au métier en imaginant une collaboration avec la marque Missguided…
Effectivement, j’avais apprécié de collaborer pour des collections capsules avec plusieurs enseignes, mais comme je suis déjà CEO de ma propre marque de beauté et que cette responsabilité me prend beaucoup de temps, je n’ai pas envie de me lancer dans une aventure sans pouvoir garantir que je puisse le faire bien. J’aime faire les choses correctement.

Me montrer sans filtre en stories Instagram, maintenant, je m’en fous!

Nabilla Vergara (ELLE)

2023 a été marquée par l’affaire des « influvoleurs » et a été économiquement difficile de manière générale. Est-ce que cela s’est ressenti dans votre business?
En ce qui me concerne, mon business n’a pas été impacté. Je trouve cela très bien parce que c’est un nouveau métier en phase de régulation qui a besoin d’être cadré. Il y a eu un vrai choc et qu’un bon « nettoyage » se fasse, est plutôt nécessaire. Il faut que des règles soient mise en place pour savoir ce qui peut se faire ou pas. Il faut être attentif à ce que nous postons. Nous sommes la vitrine de beaucoup de personnes qui nous suivent.

Pourquoi était-il important pour vous de lancer votre propre marque de beauté?
Je suis très fière de pouvoir ramener l’expertise des laboratoires suisses en France. Les produits suisses comme Valmont, La Prairie, Teoxane sont exceptionnels.

Pensez-vous mériter votre célébrité?
C’est très dur de répondre parce qu’on ne sait jamais ce que l’on mérite ou pas. Mais je suis quelqu’un de très entier et j’essaye de faire beaucoup de bien autour de moi. Je donne à mes proches, à ma famille, à des associations dont une au Kenya pour laquelle j’investis particulièrement. Et d’autres choses dont je ne parle pas, parce que c’est entre Dieu et moi. Je suis très croyante. Et comme on dit: « c’est Dieu qui donne et c’est Dieu qui reprend ».

Quelle a été la plus dure épreuve de votre vie?

Après le drame que j’ai vécu, mon incarcération a été très dure à vivre.

Nabilla Vergara (ELLE)

Et aussi mon premier accouchement qui s’est avéré bien compliqué. Je pensais que donner la vie était très naturel. Malheureusement, on a dû me faire une césarienne. Dans l’angoisse du moment, je ne pensais qu’à une chose, voir mon bébé. «Coupez-moi la gorge s’il faut mais faites-le vivre!»

Et votre plus belle rencontre, celle qui a influencé votre vie ou votre carrière?
Mon mari est très important pour moi. Il me soutient. Derrière une grande femme, se cache toujours un homme, n’est-ce pas? Se mettre en retrait pour laisser briller l’autre est la plus grande preuve d’amour. Et il me la donne tous les jours.

Que direz-vous à vos fils si, un jour, ils vous demandent pourquoi vous avez « agressé » leur père?
Je trouverai les mots, je leur parlerai avec le cœur, je ne leur cacherai rien. Je suis très honnête. Mes enfants savent tout, on ne se dispute jamais. Thomas Vergara, mon mari, a aujourd’hui 37 ans, il a beaucoup mûri. À 19-20 ans, nous étions des enfants complètement perdus. Nous sommes devenus meilleurs en surmontant cette épreuve. Nous étions très amoureux, une passion dévorante, peut-être destructrice. Des amants terribles. C’était un moment de détresse extrême. Je me suis sentie menacée en tant que femme, j’ai eu peur et brutalement cet enchaînement malheureux: la bagarre a éclaté! Un cri de douleur.

Plus jeunes, Thomas et moi nous aimions fort, mais mal. On a appris à s’aimer. Depuis, nous sommes dans l’apaisement. Notre amour s’est renforcé, nous sommes forts et unis contre tous.

Nabilla Vergara (ELLE)

Et si on parlait de vos rêves…
J’ai un rêve tout simple et très grand à la fois: avoir une petite fille. J’adore la relation mère-fille.

Êtes-vous devenue une femme accomplie en harmonie avec votre être profond?
Mon besoin de maternité assouvi, j’ai ressuscité. Mon but de vie a changé. Je ne me prends plus la tête pour des broutilles. Et je ne suis plus centrée sur moi-même.

Votre enfance, une force, des valeurs solides, on dit « père manqué, fille blessée »?
J’ai une relation très forte avec mon père. Nous sommes assez semblables, nous avons le même humour et j’ai une immense admiration pour lui. C’est un homme respectable, parti de rien. Il s’est construit seul. Il y a eu un moment de froid où nos chemins se sont séparés. Je devenais une femme, j’étais rebelle. Nous sommes restés longtemps sans nous parler. Mais loin d’être dévastée, les liens se sont consolidés.

Votre maternité vous a apaisée. Quelles valeurs essayez-vous de transmettre à vos enfants en tant que maman?
Je souhaite leur inculquer les bonnes manières, le respect, l’absence de jugement, la persévérance. Mon mari et moi sommes très pudiques devant nos enfants, jamais nus! L’influence de mon père.

Parlez-nous de vos défauts… ceux qui pourraient vous déranger?
Mon impulsivité. Je prends trop les choses à cœur. Sans oublier que je suis très impatiente.

Je manque de culture mais je le cache et en fais une force. Les critiques peuvent me blesser, mais je les surmonte. Il le faut. Les gens s’accrochent à vos faiblesses.

Nabilla Vergara (ELLE)

Avez-vous un modèle dans la vie?
Ma grand-mère. Elle a une classe naturelle, une distinction innée; elle est belle et forte. J’ai beaucoup appris d’elle, son élégance, sa douceur. Elle m’a pratiquement élevée.

Quel serait le dicton que vous feriez vôtre?
Jamais une blessure, toujours une leçon.

____
Photographie: Mike Nyembo pour Eyeattraction
Direction artistique/stylisme: Carolina Fernandes
Coiffure: Paul Duchemin
Maquillage: Lorelen Coriton
Coordination shooting: Melissa N’Dila
Lieu: La Résidence à l’InterContinental Genève
Looks: Bongénie Grieder


L’article est également disponible en kiosque dès le jeudi 18 janvier 2024, pendant une semaine.

Tags : people · interview · france · Suisse

On la connaît pour son indéfectible rapport à la mode et son notable business sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui femme d’affaires influente et mère accomplie, l’une des plus puissantes influenceuses de la francophonie se dit désormais en paix avec les tumultes de son passé ou les derniers scandales au cœur de son métier. Un entretien-confession aussi franc qu’émouvant.

Nabilla Vergara ne laisse personne indifférent. Sans vouloir être mauvaise langue… on a cru un certain temps qu’elle jouait les jolies écervelées en disant à haute voix tout ce qui lui passait par la tête. Jusqu’au jour où nous avons compris que la jeune femme avait une tête bien faite et que le rôle de femme d’affaires lui allait comme un gant. Avec neuf millions d’abonnés sur Instagram, la jeune Franco-Suisse flirte avec la célébrité, la fortune et en épate plus d’un. Une rencontre qui a eu lieu à l’InterContinental de Genève dans les salons de La Résidence où Nabilla qui portait les habits du Bongénie Grieder, nous a séduits, entre grâce, chic et élégance.

ELLE: Quel est votre rapport à la mode?
Nabilla Vergara: J’ai commencé à baigner dans le monde de la mode très tôt en 2013. J’ai eu la chance que Jean-Paul Gaultier vienne me chercher. Avant cette opportunité, je fréquentais ce secteur de loin, en rêvant tout éveillée à un petit sac Hermès. Je suis très reconnaissante envers Jean-Paul, ce célèbre styliste et grand couturier français! Il m’a permis d’évoluer dans cet univers magique et m’a fait confiance pour un de ses défilés. Il m’a dévoilé les coulisses et la mode de manière générale.

Jean-Paul Gaultier a été parmi les premiers designers à vous intégrer dans l’univers de la mode. Quel est votre lien avec lui?
C’est un merveilleux ami, je suis très proche de lui. Il a d’ailleurs créé ma robe de mariée! Ma reconnaissance est sans borne. Quand vous commencez et que vous n’êtes personne, rêver qu’un Jean-Paul Gaultier, très haut placé dans son domaine, s’intéresse à vous, est inespéré. Il m’a donné la crédibilité dont j’avais besoin. J’ai ainsi été confortée dans mes objectifs et mes ambitions. Il m’a insufflé une grande confiance en moi. Il m’a aussi prodigué énormément d’amour.

Ce grand monsieur qu’est Jean-Paul Gaultier m’a regardée comme la personne que je suis aujourd’hui, sans juger mon passé. C’est rare.

Nabilla Vergara (ELLE)

Vous avez été très critiquée durant cette période du défilé…
Oui, évidemment. Imaginez des gens implantés depuis des décennies avec des carrières remarquables dans des métiers qui font rêver et… tout d’un coup, une fille populaire qui n’est pas une « fille de » débarque, issue d’une maman très simple qui travaille dans une banque et d’un papa immigré algérien venu en France pendant la guerre. Ça fait grincer des dents. Même si je ne viens pas de la rue, mais simplement de nulle part. Finalement ne pas être « fille de »… mais être tout simplement la fille de mon père me convient parfaitement! Je suis moi-même et me suis construite seule.

Comment décririez-vous votre style vestimentaire aujourd’hui?
Quand je suis maman je vais être en mode très cool, jean, Ugg, survet’ parce qu’il faut courir après mes petits diablotins. Quand je suis en prestation ou avec mon chéri, je vais être plus dame, rétro chic avec de longs manteaux ou des blazers androgynes.

En quoi ce style vestimentaire est-il différent de celui d’il y a dix ans?
En tout! (rires) Mais bon, il faut bien que jeunesse se fasse aussi… Je n’avais que 18 ans et pas d’accès aux réseaux sociaux comme les jeunes d’aujourd’hui. Donc plus compliqué de suivre les tendances. Du coup, je m’habillais comme je pouvais avec l’envie à l’époque de me donner une allure sexy, peut-être trop sexy. J’avais besoin de surfer sur ma féminité. Depuis, j’ai amorcé une énorme évolution. D’ailleurs, heureusement sinon ça aurait été tragique!

Vous êtes très présente sur les réseaux sociaux, vous « donnez » beaucoup à vos abonnés. Est-ce la rançon de la gloire? Vous êtes-vous fixée une limite? Et avec vos enfants (qu’on voit beaucoup aussi)…
Je leur donne autant qu’ils me donnent. Si je suis là aujourd’hui, c’est grâce à eux. Ils m’ont fait naître. Aujourd’hui, je divulgue moins ma vie que lorsque j’avais 20 ans. Il y a des gens qui disent qu’ils partagent tout avec leur communauté ; je doute que cela puisse être vrai. Quand mes fils pleurent, je ne vais pas les filmer, c’est rabaissant pour eux. Je joue plutôt mon rôle de maman en étant présente et en les consolant.

A 18 ans, j’avais besoin de surfer sur ma féminité. […] Depuis, j’ai amorcé une énorme évolution.

Nabilla Vergara (ELLE)

Le 8 décembre 2023, vous avez partagé les coulisses du shooting de votre marque de beauté Nabillabeauty: est-ce qu’une nouvelle collection s’apprête à sortir?
Oui, nous allons mettre un nouveau produit sur le marché, mais je ne peux pas vous en dévoiler plus aujourd’hui. Autour de cela, un jeu concours se prépare. Et surtout nous allons lancer une gamme cosmétique pour prendre soin de sa peau. Tous ces produits seront fabriqués dans des laboratoires suisses. Chose qui n’a pas été faite avant et qui a pris beaucoup de temps parce que nous aspirons à ce que cela soit très haut de gamme.

Qu’est-ce que vous allez prôner comme différence par rapport à vos autres produits?
Mon expérience. Car avant d’être maman, j’avais une superbe peau. Depuis, j’ai du mélasma et des taches pigmentaires qu’il faut traiter. Qu’on ne voit évidemment pas parce que j’utilise mon concealer Nabillabeauty. Ma maman en avait, ma grand-mère y a échappé. Mais en même temps, ma grand-mère est divine. J’ai adapté mes gammes en fonction de mon expérience de femme avec une peau à problèmes.

Vous vous montrez de plus en plus au naturel et sans filtre dans vos stories Instagram. La Nabilla d’il y a quelques années n’aurait peut-être jamais osé. Pourquoi cette envie de montrer cette facette à votre public désormais?
Parce que, maintenant, je m’en fous! Depuis que j’ai eu mes enfants tout a changé dans mon esprit.

Après l’univers de la beauté, avez-vous déjà pensé à lancer votre propre marque de vêtements? En 2018, vous vous étiez quelque peu essayée au métier en imaginant une collaboration avec la marque Missguided…
Effectivement, j’avais apprécié de collaborer pour des collections capsules avec plusieurs enseignes, mais comme je suis déjà CEO de ma propre marque de beauté et que cette responsabilité me prend beaucoup de temps, je n’ai pas envie de me lancer dans une aventure sans pouvoir garantir que je puisse le faire bien. J’aime faire les choses correctement.

Me montrer sans filtre en stories Instagram, maintenant, je m’en fous!

Nabilla Vergara (ELLE)

2023 a été marquée par l’affaire des « influvoleurs » et a été économiquement difficile de manière générale. Est-ce que cela s’est ressenti dans votre business?
En ce qui me concerne, mon business n’a pas été impacté. Je trouve cela très bien parce que c’est un nouveau métier en phase de régulation qui a besoin d’être cadré. Il y a eu un vrai choc et qu’un bon « nettoyage » se fasse, est plutôt nécessaire. Il faut que des règles soient mise en place pour savoir ce qui peut se faire ou pas. Il faut être attentif à ce que nous postons. Nous sommes la vitrine de beaucoup de personnes qui nous suivent.

Pourquoi était-il important pour vous de lancer votre propre marque de beauté?
Je suis très fière de pouvoir ramener l’expertise des laboratoires suisses en France. Les produits suisses comme Valmont, La Prairie, Teoxane sont exceptionnels.

Pensez-vous mériter votre célébrité?
C’est très dur de répondre parce qu’on ne sait jamais ce que l’on mérite ou pas. Mais je suis quelqu’un de très entier et j’essaye de faire beaucoup de bien autour de moi. Je donne à mes proches, à ma famille, à des associations dont une au Kenya pour laquelle j’investis particulièrement. Et d’autres choses dont je ne parle pas, parce que c’est entre Dieu et moi. Je suis très croyante. Et comme on dit: « c’est Dieu qui donne et c’est Dieu qui reprend ».

Quelle a été la plus dure épreuve de votre vie?

Après le drame que j’ai vécu, mon incarcération a été très dure à vivre.

Nabilla Vergara (ELLE)

Et aussi mon premier accouchement qui s’est avéré bien compliqué. Je pensais que donner la vie était très naturel. Malheureusement, on a dû me faire une césarienne. Dans l’angoisse du moment, je ne pensais qu’à une chose, voir mon bébé. «Coupez-moi la gorge s’il faut mais faites-le vivre!»

Et votre plus belle rencontre, celle qui a influencé votre vie ou votre carrière?
Mon mari est très important pour moi. Il me soutient. Derrière une grande femme, se cache toujours un homme, n’est-ce pas? Se mettre en retrait pour laisser briller l’autre est la plus grande preuve d’amour. Et il me la donne tous les jours.

Que direz-vous à vos fils si, un jour, ils vous demandent pourquoi vous avez « agressé » leur père?
Je trouverai les mots, je leur parlerai avec le cœur, je ne leur cacherai rien. Je suis très honnête. Mes enfants savent tout, on ne se dispute jamais. Thomas Vergara, mon mari, a aujourd’hui 37 ans, il a beaucoup mûri. À 19-20 ans, nous étions des enfants complètement perdus. Nous sommes devenus meilleurs en surmontant cette épreuve. Nous étions très amoureux, une passion dévorante, peut-être destructrice. Des amants terribles. C’était un moment de détresse extrême. Je me suis sentie menacée en tant que femme, j’ai eu peur et brutalement cet enchaînement malheureux: la bagarre a éclaté! Un cri de douleur.

Plus jeunes, Thomas et moi nous aimions fort, mais mal. On a appris à s’aimer. Depuis, nous sommes dans l’apaisement. Notre amour s’est renforcé, nous sommes forts et unis contre tous.

Nabilla Vergara (ELLE)

Et si on parlait de vos rêves…
J’ai un rêve tout simple et très grand à la fois: avoir une petite fille. J’adore la relation mère-fille.

Êtes-vous devenue une femme accomplie en harmonie avec votre être profond?
Mon besoin de maternité assouvi, j’ai ressuscité. Mon but de vie a changé. Je ne me prends plus la tête pour des broutilles. Et je ne suis plus centrée sur moi-même.

Votre enfance, une force, des valeurs solides, on dit « père manqué, fille blessée »?
J’ai une relation très forte avec mon père. Nous sommes assez semblables, nous avons le même humour et j’ai une immense admiration pour lui. C’est un homme respectable, parti de rien. Il s’est construit seul. Il y a eu un moment de froid où nos chemins se sont séparés. Je devenais une femme, j’étais rebelle. Nous sommes restés longtemps sans nous parler. Mais loin d’être dévastée, les liens se sont consolidés.

Votre maternité vous a apaisée. Quelles valeurs essayez-vous de transmettre à vos enfants en tant que maman?
Je souhaite leur inculquer les bonnes manières, le respect, l’absence de jugement, la persévérance. Mon mari et moi sommes très pudiques devant nos enfants, jamais nus! L’influence de mon père.

Parlez-nous de vos défauts… ceux qui pourraient vous déranger?
Mon impulsivité. Je prends trop les choses à cœur. Sans oublier que je suis très impatiente.

Je manque de culture mais je le cache et en fais une force. Les critiques peuvent me blesser, mais je les surmonte. Il le faut. Les gens s’accrochent à vos faiblesses.

Nabilla Vergara (ELLE)

Avez-vous un modèle dans la vie?
Ma grand-mère. Elle a une classe naturelle, une distinction innée; elle est belle et forte. J’ai beaucoup appris d’elle, son élégance, sa douceur. Elle m’a pratiquement élevée.

Quel serait le dicton que vous feriez vôtre?
Jamais une blessure, toujours une leçon.

____
Photographie: Mike Nyembo pour Eyeattraction
Direction artistique/stylisme: Carolina Fernandes
Coiffure: Paul Duchemin
Maquillage: Lorelen Coriton
Coordination shooting: Melissa N’Dila
Lieu: La Résidence à l’InterContinental Genève
Looks: Bongénie Grieder


L’article est également disponible en kiosque dès le jeudi 18 janvier 2024, pendant une semaine.

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