Olivia Ruiz

2 décembre 2020 · Modifié · Julie Vasa

«Le Los Angeles de l’Europe»: c’est ainsi que l’artiste flamboyante, de passage à Genève, considère la Suisse!

Invitée par le Salon du livre en ville à Genève tenu in extremis le dernier week-end d’octobre avant le nouveau confinement, l’auteur-compositeur-interprète et désormais écrivain est venue parler de son premier livre, «La commode aux tiroirs de couleurs». C’est dans les salons cosy de l’hôtel Tiffany que nous l’avons rencontrée: une très forte personnalité mêlée à une sensibilité à fleur de peau font d’Olivia Ruiz, révélée à l’occasion d’un célèbre télécrochet français il y a tout juste 20 ans, une artiste attachante à la plume qui fait mouche, assurément!

«Maman, un secret, c’est fait pour être tu, c’est son essence même. Le révéler, c’est rompre son existence (…)». Ainsi s’exprime l’une des héroïnes de son roman, à l’extrême inverse des convictions personnelles de celle qui revendique clairement vouloir «assassiner le silence», si destructeur. Trois de ses grands-parents ont effet fui l’Espagne alors sous le joug de Franco et se sont installés en France. Pourtant, de cette retirada, Olivia ne sut quasiment rien, comme si s’intégrer nécessitait de se renier. Confrontée à de nombreuses questions demeurées sans réponses et à l’histoire qui se répète sans cesse, le besoin d’écrire sur le sujet est devenu irrépressible. «N’oublions pas que l’autre, c’est nous; demain, nous serons peut-être le migrant qui a besoin qu’on lui tende la main». Elle a ainsi imaginé une commode dont le lecteur, avec la narratrice, ouvre un à un les tiroirs recelant chacun des secrets de famille tus par une délicieuse «abuela», grand-mère adorée et disparue. Sont ainsi traitées de manière très subtile et émouvante les questions de la transmission, du déracinement, de l’exil et des moyens dont ces personnes, si semblables à celles dont elles rejoignent le pays, ont usé pour se fondre le plus possible dans cette nouvelle communauté, en particulier la langue. Un livre qui fait donc œuvre de mémoire et qui rappelle l’existence d’une Suissesse chère au cœur d’Olivia Ruiz: Élisabeth Eidenbenz.

En fondant la maternité d’Elne, elle permit à de nombreuses femmes républicaines exilées d’accoucher dans des conditions décentes, de raccourcir leur voyage jusqu’à la France et d’éviter les camps. Olivia Ruiz était déjà venue se produire plusieurs fois en Suisse, notamment à l’Usine, un pays qu’elle apprécie pour son côté «cool et clean» et, plus surprenant au regard de l’image qu’on peut en avoir, de sa scène underground, une vie parallèle au sein d’un microcosme perdu à Paris. Si l’on savourait ses talents musicaux, à travers ses textes et ses mélodies entêtantes, il faudra désormais compter avec elle dans le paysage littéraire, après ce premier roman à son image, affirmé, féminin et pétillant!

Olivia Ruiz, «La commode aux tiroirs de couleurs», éd. JC Lattès, mai 2020, CHF 33.-

«Le Los Angeles de l’Europe»: c’est ainsi que l’artiste flamboyante, de passage à Genève, considère la Suisse!

Invitée par le Salon du livre en ville à Genève tenu in extremis le dernier week-end d’octobre avant le nouveau confinement, l’auteur-compositeur-interprète et désormais écrivain est venue parler de son premier livre, «La commode aux tiroirs de couleurs». C’est dans les salons cosy de l’hôtel Tiffany que nous l’avons rencontrée: une très forte personnalité mêlée à une sensibilité à fleur de peau font d’Olivia Ruiz, révélée à l’occasion d’un célèbre télécrochet français il y a tout juste 20 ans, une artiste attachante à la plume qui fait mouche, assurément!

«Maman, un secret, c’est fait pour être tu, c’est son essence même. Le révéler, c’est rompre son existence (…)». Ainsi s’exprime l’une des héroïnes de son roman, à l’extrême inverse des convictions personnelles de celle qui revendique clairement vouloir «assassiner le silence», si destructeur. Trois de ses grands-parents ont effet fui l’Espagne alors sous le joug de Franco et se sont installés en France. Pourtant, de cette retirada, Olivia ne sut quasiment rien, comme si s’intégrer nécessitait de se renier. Confrontée à de nombreuses questions demeurées sans réponses et à l’histoire qui se répète sans cesse, le besoin d’écrire sur le sujet est devenu irrépressible. «N’oublions pas que l’autre, c’est nous; demain, nous serons peut-être le migrant qui a besoin qu’on lui tende la main». Elle a ainsi imaginé une commode dont le lecteur, avec la narratrice, ouvre un à un les tiroirs recelant chacun des secrets de famille tus par une délicieuse «abuela», grand-mère adorée et disparue. Sont ainsi traitées de manière très subtile et émouvante les questions de la transmission, du déracinement, de l’exil et des moyens dont ces personnes, si semblables à celles dont elles rejoignent le pays, ont usé pour se fondre le plus possible dans cette nouvelle communauté, en particulier la langue. Un livre qui fait donc œuvre de mémoire et qui rappelle l’existence d’une Suissesse chère au cœur d’Olivia Ruiz: Élisabeth Eidenbenz.

En fondant la maternité d’Elne, elle permit à de nombreuses femmes républicaines exilées d’accoucher dans des conditions décentes, de raccourcir leur voyage jusqu’à la France et d’éviter les camps. Olivia Ruiz était déjà venue se produire plusieurs fois en Suisse, notamment à l’Usine, un pays qu’elle apprécie pour son côté «cool et clean» et, plus surprenant au regard de l’image qu’on peut en avoir, de sa scène underground, une vie parallèle au sein d’un microcosme perdu à Paris. Si l’on savourait ses talents musicaux, à travers ses textes et ses mélodies entêtantes, il faudra désormais compter avec elle dans le paysage littéraire, après ce premier roman à son image, affirmé, féminin et pétillant!

Olivia Ruiz, «La commode aux tiroirs de couleurs», éd. JC Lattès, mai 2020, CHF 33.-