La 19e édition du Festival du film et forum international sur les droits humains, digitale, se tient du 5 au 14 mars 2021.
C’est dans les anciens bâtiments de la Comédie de Genève, désormais aux Eaux-Vives, que nous avons rencontré la Directrice générale et des programmes du FIFDH. Le festival y a provisoirement installé son quartier général, contraint de quitter momentanément ses bureaux du Grütli un peu étroits en cette période de pandémie: un joli symbole de la collaboration entre les acteurs culturels genevois!
ELLE SUISSE. Comment définissez-vous le FIFDH?
ISABELLE GATTIKER. C’est une plateforme unique au monde qui réunit les cinéastes les plus originaux et les plus importants du moment, des activistes dont on fait résonner la voix et le grand public de Genève.
ELLE SUISSE. L’édition 2020 du FIFDH avait été bouleversée par la crise sanitaire. Quel souvenir en conservez-vous?
I.G. Nous avons été l’un des premiers événements d’Europe occidentale à décider d’annuler, quatre jours avant l’ouverture du festival… Le digitaliser nous a finalement permis de le sauver en évitant d’avoir des invités du monde entier qui se seraient retrouvés en quarantaine et d’en limiter les coûts financiers.
ELLE SUISSE. Quel bilan tirez-vous de cette digitalisation du festival?
I.G. Le bilan carbone est clairement positif et nous y sommes très sensibles. Des invités qui viennent de très loin ont pu s’exprimer, ce qui était impossible en présentiel.
ELLE SUISSE. Et des points négatifs…?
I.G. Le grand crève-cœur furent les films. Il était trop tard pour monter une plateforme VOD. Si des prix ont été remis, les films n’ont pu être projetés et donner lieu à des échanges avec le public. Le débat on line est un pis-aller, pas une panacée.
ELLE SUISSE. Dans quel état d’esprit abordez-vous cette nouvelle édition, digitale encore une fois?
I.G. Depuis un an, nous vivons dans cette incertitude. Faire avec est difficile; c’est un acte de résistance. Continuer à maintenir le festival sous cette forme cette année est un hommage – très humble – à tous ces résistants à travers le monde qui ne lâchent pas.
ELLE SUISSE. Qu’en est-il des droits humains en cette période de pandémie ?
I.G. Nous constatons, pour la première fois depuis longtemps, un recul global, en termes de santé publique, d’économie. L’appauvrissement s’est généralisé, la liberté d’expression s’est restreinte, le travail a perdu de sens pour beaucoup… Mais je demeure persuadée qu’après une telle crise, d’autres choses vont s’ouvrir et c’est ce que nous allons essayer de décoder durant le festival.
ELLE SUISSE. Comment les films pourront-ils être visionnés durant le festival ?
I.G. «Via» le site du FIFDH, depuis toute la Suisse. Nous avons d’ailleurs institué un prix du public qui n’existait pas. Transversal, il est doté de CHF 5000.-! À partir du moment où une personne visionnera un film, elle pourra le noter. Nous avons mis en place des moyens de converser autour des films grâce au digital!
ELLE SUISSE. Quels sens donner à l’affiche de cette édition du FIFDH?
I.G. Belle mais mystérieuse… Elle raconte beaucoup: un reflet du monde en 2021. J’y vois un monde gonflé de certitudes et qui, tout à coup, explose sous l’effet d’une toute petite pointe représentant le virus.
ELLE SUISSE. Quels sont les temps forts prévus?
I.G. Chaque jour sera rythmé par trois rendez-vous: à 16h, une émission de radio donnera la parole aux habitants des communes de Genève après le visionnage d’un film; à 18h, les activistes s’exprimeront lors de lives sur Instagram; et à 20h, un grand débat aura lieu. Parmi les invités du festival: Alain Berset, Angela Davis, Barbara Hendricks, Ai Weiwei, Oleg Sentsov, Milo Rau, Santiago Amigorena, Arundhati Roy… Nous avons besoin de voir l’actualité sous d’autres angles!
Festival du film et forum international sur les droits humains, du 5 au 14 mars 2021; informations et billetterie: fifdh.org.