
L’un des pionniers de l’élégance parisienne a rendu son dernier souffle vendredi. Retour sur un parcours brillant amputé par une lutte perpétuelle contre les vicissitudes de la vie.
« Claude est une figure-culte, son influence est immense ». Ces mots du créateur anglais Gareth Pugh formulés à l’égard de Claude Montana en 2019 étaient des plus solennels. Aujourd’hui, il se retrouvent, en hommage, dans tous les titres de la presse spécialisée. Le designer français qui a façonné l’esthétique de la mode parisienne des années 1980 est en effet décédé, à l’âge de 76 ans, vendredi 23 février, ont appris ce dimanche plusieurs médias. La cause de sa mort n’a pas été révélée.
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Si l’homme est ce jour des plus encensés, cela n’a pas été le ton dominant ces dernières années. Les tourments financiers et personnels qui ont étreint Claude Montana ont finalement eu raison de sa carrière, laquelle s’est éteinte dès les premières lueurs des années 2000.
Coqueluche parisienne
Né le 29 juin 1947 à Paris, Claude Montamat de son vrai nom grandit au sein d’une famille hispano-allemande aisée. Très jeune, la mode le passionne et le conduit à Londres vers la confection de bijoux. Son habilité artisanale suscite l’admiration de Vogue qui place son nom pour la première fois au coeur de la couverture de l’éminent magazine de mode.
Mais les retombées ne sont pas aussi grandes qu’espéré. L’artiste regagne alors sa ville natale où il redirige son parcours dans le domaine textile en tant que modéliste chez la prestigieuse enseigne spécialisée dans le cuir, Mac Douglas. Il y développe ce qui sera sa signature: des épaules XXL, de l’hyperchromie saisissante et des tailles de guêpe. Cette vision audacieuse de la féminité laissera une empreinte indélébile sur le Paris de la fin des années 1970, une époque où Claude Montana, animé par une détermination sans faille, décide d’établir sa propre maison de couture en 1979.
Homme « oublié »
De la gloire, le couturier star découvre les addictions. Les excès de l’alcool et des drogues s’insinuent dans la vie nocturne de ses soirées privées. À cette époque, les prémices de ses tourments ne ternissent pas encore l’éclat de ses défilés, de véritables opéras visuels selon le grand couturier Christian Lacroix. Il obtient une reconnaissance particulière du milieu de la mode lors de son passage chez la maison Lanvin dans les années 1990 et épouse son amie et muse de longue date, la mannequin américaine Wallis Franken peu après. Mais le drame frappe le couple en 1996 lorsque cette dernière se précipite par la fenêtre, laissant un veuf à jamais inconsolable. Le couturier star tombera d’autant plus dans les limbes de la drogue et l’alcool. L’année suivante, Claude Montana se déclare en faillite. Il cumule les soucis de santé et, en 2008, est passé à tabac chez lui par un ancien go-go danseur dragué en boîte de nuit.
Dans une entrevue accordée à Gala en 2015, il exprime le sentiment d’avoir été « oublié » par les podiums de la mode. Mais à l’heure de sa disparition désormais, ses œuvres le survivent pour ne faire retenir le nom de Claude Montana que comme l’un des pionniers de la mode qui a marqué de son emprunte une élégance française aussi conquérante que détonante.