Rencontre avec Licia Chery

27 janvier 2022 · Modifié · Julie Vasa

L’artiste Licia Chery publie son premier roman historique chez Favre dans lequel elle parcourt l’histoire de ses ancêtres. Rencontre solaire!

Genevoise d’origine haïtienne, Licia Chery est une artiste pluridisciplinaire qui s’est fait connaître en tant qu’auteur, compositrice et interprète. Elle s’est illustrée, sur scène, en solo ou en duo, notamment avec Youssou N’ Dour (Paléo, 2014). Ses premiers pas en littérature ont été réalisés pour les enfants: elle a publié un livre jeunesse – «Tichery a les cheveux crépus», éd. Amalthée, 2019 – consacré au racisme ordinaire. Cette pétillante hyperactive anime aussi depuis août 2020 une émission télévisée quotidienne sur la RTS1, le jeu culturel «C’est ma question». Pour ses premiers pas en littérature générale, elle évoque l’histoire d’Haïti et de l’esclavage, thèmes qui lui tiennent à cœur.

ELLE SUISSE. La chanson, la télé, la littérature… Où puisez-vous toute cette énergie?

Licia Chery. Franchement, je n’en ai aucune idée! J’ai la chance de savoir m’organiser quand il le faut. Je suis la personne la plus organisée des désorganisées! Étant hyperactive, ces occupations me sont indispensables pour respirer.

ELLE SUISSE. L’envie d’écrire a-t-elle toujours été présente?

L.C. À 10 ans, j’avais dit à ma tante qui vivait dans un tout petit appartement à Paris qu’un jour, j’écrirai un livre et lui achèterai un appartement plus grand! Cette idée a toujours été là. Mais la vie a fait que j’ai commencé par m’intéresser à d’autres choses.

ELLE SUISSE. Pour quelles raisons avez-vous ressenti l’envie, le besoin d’écrire ce livre?

L.C. Un test ADN a révélé que mes origines n’étaient pas en Haïti, mais davantage au Nigéria. J’ai alors eu envie de raconter l’histoire des premiers Nigérians arrivés en Haïti en me focalisant sur les femmes noires, ce qu’elles avaient pu ressentir pendant cette horreur.

ELLE SUISSE. S’agissait-il de raconter l’histoire sous un autre angle?

L.C. C’était le but. L’histoire, dans la plupart des livres, est racontée d’un point de vue purement européen. J’avais envie de donner la parole à ces personnes auxquelles on ne l’a jamais donnée, même s’il s’agit d’une fiction.

ELLE SUISSE. Selon vous, le racisme est-il présent en Suisse?

L.C. Extrêmement présent. Et très dangereux, car les gens s’ignorent racistes. Ils font ou disent des choses qui le sont, mais ne le réalisent même pas. C’est pour cette raison que j’ai eu envie d’écrire ce livre.

ELLE SUISSE. De quelle manière et à quel moment avez-vous pris conscience de l’histoire singulière de vos ancêtres?

L.C. La prise de conscience du fait d’être noire a été progressive. La première fois que l’on m’a désignée avec un «vous, les noirs…» a été brutale. J’ai alors compris que je serai parfois traitée différemment des autres.

ELLE SUISSE. Pour qui avez-vous écrit ce livre?

L.C. Avant tout pour mon fils qui est métis. Tout sera plus difficile pour lui: il est à la fois noir et blanc et se rendra rapidement compte qu’il ne pourra jamais appartenir au «cercle» des blancs pour autant.

ELLE SUISSE. Que veut dire être une femme libre pour vous aujourd’hui?

L.C. C’est être une femme qui est en accord avec elle-même, capable de penser par elle-même, qui crée ses propres codes.

Licia Chéry, «Noir en couleurs – Le parcours de mes ancêtres à travers l’Histoire», éd. Favre, 2021, CHF 25.-

L’artiste Licia Chery publie son premier roman historique chez Favre dans lequel elle parcourt l’histoire de ses ancêtres. Rencontre solaire!

Genevoise d’origine haïtienne, Licia Chery est une artiste pluridisciplinaire qui s’est fait connaître en tant qu’auteur, compositrice et interprète. Elle s’est illustrée, sur scène, en solo ou en duo, notamment avec Youssou N’ Dour (Paléo, 2014). Ses premiers pas en littérature ont été réalisés pour les enfants: elle a publié un livre jeunesse – «Tichery a les cheveux crépus», éd. Amalthée, 2019 – consacré au racisme ordinaire. Cette pétillante hyperactive anime aussi depuis août 2020 une émission télévisée quotidienne sur la RTS1, le jeu culturel «C’est ma question». Pour ses premiers pas en littérature générale, elle évoque l’histoire d’Haïti et de l’esclavage, thèmes qui lui tiennent à cœur.

ELLE SUISSE. La chanson, la télé, la littérature… Où puisez-vous toute cette énergie?

Licia Chery. Franchement, je n’en ai aucune idée! J’ai la chance de savoir m’organiser quand il le faut. Je suis la personne la plus organisée des désorganisées! Étant hyperactive, ces occupations me sont indispensables pour respirer.

ELLE SUISSE. L’envie d’écrire a-t-elle toujours été présente?

L.C. À 10 ans, j’avais dit à ma tante qui vivait dans un tout petit appartement à Paris qu’un jour, j’écrirai un livre et lui achèterai un appartement plus grand! Cette idée a toujours été là. Mais la vie a fait que j’ai commencé par m’intéresser à d’autres choses.

ELLE SUISSE. Pour quelles raisons avez-vous ressenti l’envie, le besoin d’écrire ce livre?

L.C. Un test ADN a révélé que mes origines n’étaient pas en Haïti, mais davantage au Nigéria. J’ai alors eu envie de raconter l’histoire des premiers Nigérians arrivés en Haïti en me focalisant sur les femmes noires, ce qu’elles avaient pu ressentir pendant cette horreur.

ELLE SUISSE. S’agissait-il de raconter l’histoire sous un autre angle?

L.C. C’était le but. L’histoire, dans la plupart des livres, est racontée d’un point de vue purement européen. J’avais envie de donner la parole à ces personnes auxquelles on ne l’a jamais donnée, même s’il s’agit d’une fiction.

ELLE SUISSE. Selon vous, le racisme est-il présent en Suisse?

L.C. Extrêmement présent. Et très dangereux, car les gens s’ignorent racistes. Ils font ou disent des choses qui le sont, mais ne le réalisent même pas. C’est pour cette raison que j’ai eu envie d’écrire ce livre.

ELLE SUISSE. De quelle manière et à quel moment avez-vous pris conscience de l’histoire singulière de vos ancêtres?

L.C. La prise de conscience du fait d’être noire a été progressive. La première fois que l’on m’a désignée avec un «vous, les noirs…» a été brutale. J’ai alors compris que je serai parfois traitée différemment des autres.

ELLE SUISSE. Pour qui avez-vous écrit ce livre?

L.C. Avant tout pour mon fils qui est métis. Tout sera plus difficile pour lui: il est à la fois noir et blanc et se rendra rapidement compte qu’il ne pourra jamais appartenir au «cercle» des blancs pour autant.

ELLE SUISSE. Que veut dire être une femme libre pour vous aujourd’hui?

L.C. C’est être une femme qui est en accord avec elle-même, capable de penser par elle-même, qui crée ses propres codes.

Licia Chéry, «Noir en couleurs – Le parcours de mes ancêtres à travers l’Histoire», éd. Favre, 2021, CHF 25.-