Rencontre avec Laurent Gaudé

30 juin 2022 · Modifié · Julie Vasa

«Mes livres ne sont pas des citadelles. Chacun les lit avec ce qu’il est»: Laurent Gaudé, hôte d’honneur du Salon du livre de Genève.

Une voix douce, un rire franc, une humilité remarquable, Laurent Gaudé impressionne autant qu’il charme. Prix Goncourt pour «Soleil des Scorta», il croit en la «puissance divinatoire de la littérature». Ainsi, il décrivait dès 2016 dans «Écoutez nos défaites», «le banc de la promenade de la Treille, au pied du marronnier penché qui sert aux Genevois à guetter l’arrivée du printemps». Rendez-vous était donc pris pour cet événement littéraire avec l’un des auteurs les plus talentueux du XXIe siècle.

ELLE SUISSE. Que représente pour vous le fait d’être invité d’honneur?

Laurent Gaudé. Une grande joie! Quelque chose de fort se construit entre Genève et moi au fil du temps. J’ai aussi eu l’avantage de pouvoir inviter des auteurs tels Nicolas Mathieu ou Patrick Boucheron. J’en suis très heureux.

ELLE SUISSE. Que vous apportent les échanges avec les lecteurs?

L.G. Ils sont extrêmement émouvants et permettent de constater le miracle de la lecture: voir que ce que vous avez posé sur du papier vit dans la tête de quelqu’un. Cela montre à quel point la lecture est une histoire d’appropriation. Mes lecteurs viennent de plus en plus souvent accompagnés de leurs enfants: le fait que mes livres puissent traverser des générations me réjouit!

ELLE SUISSE. Quel sentiment vous inspire l’étude de vos romans dans les écoles, y compris en Suisse?

L.G. C’est un privilège inouï d’entrer dans les classes! On sait à quel point il est difficile d’amener les jeunes gens à la lecture, encore plus d’auteurs contemporains. Quelque chose dans mon écriture la rend facile d’accès. Je ne le fais pas exprès, mais apprécie que mes livres puissent être lus à différents âges. Ce ne sont pas des citadelles où il faudrait être bardé de références pour pouvoir en profiter. Chacun les lit avec ce qu’il est!

ELLE SUISSE. Quel est votre premier souvenir de lecture?

L.G. Sans aucun doute «La prose du Transsibérien» de Blaise Cendras qui m’a fait prendre brutalement conscience de la possibilité de faire de la poésie sans écrire des sonnets, en étant moderne et en racontant le monde dans lequel on vit.

ELLE SUISSE. Pour quelles raisons écrivez-vous?

L.G. Fondamentalement, je suis animé, comme tous les artistes, par un désir de partage. On a envie de donner, d’être lu, vu, reconnu. Mes romans sont des choses que j’adresse, que je donne.

ELLE SUISSE. Le thème du Salon du livre est la lecture à voix haute. La pratiquez-vous?

L.G. Toujours, y compris en écrivant mes romans. Cela me permet d’essayer de gommer toutes les aspérités pour que le texte coule de la façon la plus fluide possible. Il y a à mes yeux une place de l’oralité dans l’écrit.

ELLE SUISSE. On vous sait très concerné par l’actualité. Que vous inspire-t-elle?

L.G. L’Ukraine évidemment me bouleverse et m’intéresse: est-ce un passage? Comment l’Europe va-t-elle faire pour que cette crise devienne l’occasion d’accélérer ou pas? Va-t-on imploser de l’intérieur? Et puis un autre sujet au long cours me taraude: les grandes questions environnementales liées à l’eau, aux énergies… A priori, elles relèvent plus de la géopolitique que de la littérature. Mais je pense qu’on peut tout à fait s’en emparer.

ELLE SUISSE. Quels sont les prochains projets qui vous tiennent le plus à cœur?

L.G. Je viens de terminer un roman qui sortira fin août chez Actes Sud: un ovni, assez déroutant je pense! Il se déroule dans un monde anticipé, franchement dystopique, intitulé «Chien 51». Ce n’est pas un livre sur la condition canine mais un polar!

«Mes livres ne sont pas des citadelles. Chacun les lit avec ce qu’il est»: Laurent Gaudé, hôte d’honneur du Salon du livre de Genève.

Une voix douce, un rire franc, une humilité remarquable, Laurent Gaudé impressionne autant qu’il charme. Prix Goncourt pour «Soleil des Scorta», il croit en la «puissance divinatoire de la littérature». Ainsi, il décrivait dès 2016 dans «Écoutez nos défaites», «le banc de la promenade de la Treille, au pied du marronnier penché qui sert aux Genevois à guetter l’arrivée du printemps». Rendez-vous était donc pris pour cet événement littéraire avec l’un des auteurs les plus talentueux du XXIe siècle.

ELLE SUISSE. Que représente pour vous le fait d’être invité d’honneur?

Laurent Gaudé. Une grande joie! Quelque chose de fort se construit entre Genève et moi au fil du temps. J’ai aussi eu l’avantage de pouvoir inviter des auteurs tels Nicolas Mathieu ou Patrick Boucheron. J’en suis très heureux.

ELLE SUISSE. Que vous apportent les échanges avec les lecteurs?

L.G. Ils sont extrêmement émouvants et permettent de constater le miracle de la lecture: voir que ce que vous avez posé sur du papier vit dans la tête de quelqu’un. Cela montre à quel point la lecture est une histoire d’appropriation. Mes lecteurs viennent de plus en plus souvent accompagnés de leurs enfants: le fait que mes livres puissent traverser des générations me réjouit!

ELLE SUISSE. Quel sentiment vous inspire l’étude de vos romans dans les écoles, y compris en Suisse?

L.G. C’est un privilège inouï d’entrer dans les classes! On sait à quel point il est difficile d’amener les jeunes gens à la lecture, encore plus d’auteurs contemporains. Quelque chose dans mon écriture la rend facile d’accès. Je ne le fais pas exprès, mais apprécie que mes livres puissent être lus à différents âges. Ce ne sont pas des citadelles où il faudrait être bardé de références pour pouvoir en profiter. Chacun les lit avec ce qu’il est!

ELLE SUISSE. Quel est votre premier souvenir de lecture?

L.G. Sans aucun doute «La prose du Transsibérien» de Blaise Cendras qui m’a fait prendre brutalement conscience de la possibilité de faire de la poésie sans écrire des sonnets, en étant moderne et en racontant le monde dans lequel on vit.

ELLE SUISSE. Pour quelles raisons écrivez-vous?

L.G. Fondamentalement, je suis animé, comme tous les artistes, par un désir de partage. On a envie de donner, d’être lu, vu, reconnu. Mes romans sont des choses que j’adresse, que je donne.

ELLE SUISSE. Le thème du Salon du livre est la lecture à voix haute. La pratiquez-vous?

L.G. Toujours, y compris en écrivant mes romans. Cela me permet d’essayer de gommer toutes les aspérités pour que le texte coule de la façon la plus fluide possible. Il y a à mes yeux une place de l’oralité dans l’écrit.

ELLE SUISSE. On vous sait très concerné par l’actualité. Que vous inspire-t-elle?

L.G. L’Ukraine évidemment me bouleverse et m’intéresse: est-ce un passage? Comment l’Europe va-t-elle faire pour que cette crise devienne l’occasion d’accélérer ou pas? Va-t-on imploser de l’intérieur? Et puis un autre sujet au long cours me taraude: les grandes questions environnementales liées à l’eau, aux énergies… A priori, elles relèvent plus de la géopolitique que de la littérature. Mais je pense qu’on peut tout à fait s’en emparer.

ELLE SUISSE. Quels sont les prochains projets qui vous tiennent le plus à cœur?

L.G. Je viens de terminer un roman qui sortira fin août chez Actes Sud: un ovni, assez déroutant je pense! Il se déroule dans un monde anticipé, franchement dystopique, intitulé «Chien 51». Ce n’est pas un livre sur la condition canine mais un polar!