Rencontre avec Julie Conti

24 octobre 2023 · Modifié · Julie Vasa

L’humoriste romande au franc-parler a le vent en poupe et un humour ravageur! Elle sillonne les salles de stand-up pour le plus grand plaisir d’un public sous le charme.

Après un passage remarqué et capté au Montreux Comedy en novembre 2022 devant 1600 personnes, largement relayé sur les réseaux sociaux, Julie Conti est devenue la deuxième Suissesse à bénéficier d’une telle visibilité médiatique après Marina Rollman. Rien ne la prédestinait pourtant vraiment à entamer une telle carrière humoristique, commencée par un stage alors qu’elle était enceinte. La place des femmes dans l’humour… au sein du couple… vis-à-vis de la maternité… sont autant de sujets qui inspirent celle revendiquant le droit de parler de tout et ne s’interdisant rien, comme les hommes. Rencontre dynamisante!

ELLE. Vous serez sur la scène du Caustic Comedy Club fin juin. Celle de vos débuts?

JULIE CONTI. Effectivement! Après le théâtre à l’université, des cours d’impro, toutes sortes de stages, j’ai découvert celui de stand-up proposé au Caustic et l’ai suivi sans imaginer poursuivre dans cette voie. Pourtant, les filles du Club me l’ont proposé.Les soirées s’appelaient à l’époque «Drôles de meufs». Ce sont aujourd’hui des plateaux de stand-up 100% féminin. J’ai toujours aimé rigoler et faire rire, mais n’envisageais pas d’en faire mon métier. C’est en réalité très accessible.

ELLE. En quoi préférez-vous le stand-up par rapport au théâtre?

J.C. On sait immédiatement si ce que l’on a fait a plu ou pas. Ce n’est pas le cas au théâtre. Partager des expériences extrêmement personnelles et parvenir à embarquer le public grâce à un rire de validation est quelque chose de grisant! Les open minds – sortes de labos d’humour – servent à cela. On s’inscrit et on teste des blagues, différentes manières de les amener… Selon les réactions du public, on ajuste.

ELLE. Que représente pour vous le fait d’être une fille dans le standup?

J.C. Honnêtement, c’est une opportunité! Il est vrai qu’on doit tout de même se battre parfois un peu plus que les hommes pour certaines choses. En termes de parité sur les plateaux, nous n’y sommes pas du tout. En général, je suis souvent la seule fille. Cette situation m’a plutôt servie, je crois. J’ai d’ailleurs un set de quinze minutes dans mon spectacle uniquement dédié aux femmes, leur place dans l’humour où je me moque un peu… J’ai lu un livre formidable qui s’appelle «Le rire des femmes» de Sabine Melchior-Bonnet. Il s’agit d’un essai historique qui s’interroge sur les faits que les femmes seraient moins drôles ou rigoleraient moins. Cela m’a beaucoup inspirée.

ELLE. Quelles sont les artistes que vous admirez en ce moment?

J.C. Blanche Gardin, assurément. Elle ne s’expose pas trop gratuitement sur les réseaux et ne prend la parole que si elle a vraiment quelque chose à dire. Je lui ressemblerais, paraît-il, par certains côtés et j’en suis fière! J’adore le fait qu’elle n’ait pas peur d’utiliser des codes dits masculins en matière d’humour. Je modifie même un peu ma voix sur scène pour aller chercher un côté plus masculin. Cela me permet d’amener des propos féministes et engagés. Sans cette composition, je crains d’être moins convaincante. J’adore aussi Julien Santini et Aymeric Lompret, mes deux phares dans la nuit!

ELLE SUISSE. Selon vous, peut-on rire de tout?

J.C. Je ne crois pas. Certaines choses ne me font vraiment pas rire comme se moquer des accents… En revanche, les blagues obscènes ne me dérangent pas, même si certains trouvent cela vulgaire. Je ne vois pas pourquoi les filles n’auraient pas le droit d’être vulgaires. C’est une façon de m’approprier des codes masculins que je veux aussi revendiquer.

ELLE. Quel est le secret pour qu’une blague fasse rire?

J.C. Il faut qu’elle sonne vrai. Plus c’est sincère, plus les gens se reconnaissent. Certains sketchs complètement inventés sont aussi géniaux, mais je trouve qu’en stand-up, si l’on perçoit un fond de vérité et du coup, un peu de vulnérabilité, le public embarque avec nous.

ELLE. De quelle manière travaillez-vous vos textes?

J.C. Lorsqu’une idée me vient, je la note ou l’enregistre immédiatement au risque de l’oublier. J’ai ensuite besoin de sortir de chez moi et d’y consacrer des journées entières. Le Bain des Pâquis est un bon endroit. Je sors alors mes boules Quies, toutes mes notes audio, un cahier avec 50 000 choses. Et puis, j’essaie de structurer et commencer à écrire. J’ai besoin de musique sans paroles pour m’y atteler. Et puis du café, du café, du café!

ELLE. En dehors des Pâquis, quelles sont les adresses de cafés et restaurants que vous recommandez?

J.C. Le Bains des Pâquis, mais aussi le Bongo Joe: j’aime bien y écrire. Et pour manger, le Café de la Limite est mon endroit préféré de Genève, l’ambiance y est très sympa. Côté lieux que j’affectionne, j’adore le Bois de la Bâtie où je vais souvent avec mes enfants. J’adore aussi le quartier des Grottes.

Julie Conti, le 21 juin 2023, Caustic Comedy Club, av. Cardinal-Mermillod 6, Carouge; causticcomedyclub.com

L’humoriste romande au franc-parler a le vent en poupe et un humour ravageur! Elle sillonne les salles de stand-up pour le plus grand plaisir d’un public sous le charme.

Après un passage remarqué et capté au Montreux Comedy en novembre 2022 devant 1600 personnes, largement relayé sur les réseaux sociaux, Julie Conti est devenue la deuxième Suissesse à bénéficier d’une telle visibilité médiatique après Marina Rollman. Rien ne la prédestinait pourtant vraiment à entamer une telle carrière humoristique, commencée par un stage alors qu’elle était enceinte. La place des femmes dans l’humour… au sein du couple… vis-à-vis de la maternité… sont autant de sujets qui inspirent celle revendiquant le droit de parler de tout et ne s’interdisant rien, comme les hommes. Rencontre dynamisante!

ELLE. Vous serez sur la scène du Caustic Comedy Club fin juin. Celle de vos débuts?

JULIE CONTI. Effectivement! Après le théâtre à l’université, des cours d’impro, toutes sortes de stages, j’ai découvert celui de stand-up proposé au Caustic et l’ai suivi sans imaginer poursuivre dans cette voie. Pourtant, les filles du Club me l’ont proposé.Les soirées s’appelaient à l’époque «Drôles de meufs». Ce sont aujourd’hui des plateaux de stand-up 100% féminin. J’ai toujours aimé rigoler et faire rire, mais n’envisageais pas d’en faire mon métier. C’est en réalité très accessible.

ELLE. En quoi préférez-vous le stand-up par rapport au théâtre?

J.C. On sait immédiatement si ce que l’on a fait a plu ou pas. Ce n’est pas le cas au théâtre. Partager des expériences extrêmement personnelles et parvenir à embarquer le public grâce à un rire de validation est quelque chose de grisant! Les open minds – sortes de labos d’humour – servent à cela. On s’inscrit et on teste des blagues, différentes manières de les amener… Selon les réactions du public, on ajuste.

ELLE. Que représente pour vous le fait d’être une fille dans le standup?

J.C. Honnêtement, c’est une opportunité! Il est vrai qu’on doit tout de même se battre parfois un peu plus que les hommes pour certaines choses. En termes de parité sur les plateaux, nous n’y sommes pas du tout. En général, je suis souvent la seule fille. Cette situation m’a plutôt servie, je crois. J’ai d’ailleurs un set de quinze minutes dans mon spectacle uniquement dédié aux femmes, leur place dans l’humour où je me moque un peu… J’ai lu un livre formidable qui s’appelle «Le rire des femmes» de Sabine Melchior-Bonnet. Il s’agit d’un essai historique qui s’interroge sur les faits que les femmes seraient moins drôles ou rigoleraient moins. Cela m’a beaucoup inspirée.

ELLE. Quelles sont les artistes que vous admirez en ce moment?

J.C. Blanche Gardin, assurément. Elle ne s’expose pas trop gratuitement sur les réseaux et ne prend la parole que si elle a vraiment quelque chose à dire. Je lui ressemblerais, paraît-il, par certains côtés et j’en suis fière! J’adore le fait qu’elle n’ait pas peur d’utiliser des codes dits masculins en matière d’humour. Je modifie même un peu ma voix sur scène pour aller chercher un côté plus masculin. Cela me permet d’amener des propos féministes et engagés. Sans cette composition, je crains d’être moins convaincante. J’adore aussi Julien Santini et Aymeric Lompret, mes deux phares dans la nuit!

ELLE SUISSE. Selon vous, peut-on rire de tout?

J.C. Je ne crois pas. Certaines choses ne me font vraiment pas rire comme se moquer des accents… En revanche, les blagues obscènes ne me dérangent pas, même si certains trouvent cela vulgaire. Je ne vois pas pourquoi les filles n’auraient pas le droit d’être vulgaires. C’est une façon de m’approprier des codes masculins que je veux aussi revendiquer.

ELLE. Quel est le secret pour qu’une blague fasse rire?

J.C. Il faut qu’elle sonne vrai. Plus c’est sincère, plus les gens se reconnaissent. Certains sketchs complètement inventés sont aussi géniaux, mais je trouve qu’en stand-up, si l’on perçoit un fond de vérité et du coup, un peu de vulnérabilité, le public embarque avec nous.

ELLE. De quelle manière travaillez-vous vos textes?

J.C. Lorsqu’une idée me vient, je la note ou l’enregistre immédiatement au risque de l’oublier. J’ai ensuite besoin de sortir de chez moi et d’y consacrer des journées entières. Le Bain des Pâquis est un bon endroit. Je sors alors mes boules Quies, toutes mes notes audio, un cahier avec 50 000 choses. Et puis, j’essaie de structurer et commencer à écrire. J’ai besoin de musique sans paroles pour m’y atteler. Et puis du café, du café, du café!

ELLE. En dehors des Pâquis, quelles sont les adresses de cafés et restaurants que vous recommandez?

J.C. Le Bains des Pâquis, mais aussi le Bongo Joe: j’aime bien y écrire. Et pour manger, le Café de la Limite est mon endroit préféré de Genève, l’ambiance y est très sympa. Côté lieux que j’affectionne, j’adore le Bois de la Bâtie où je vais souvent avec mes enfants. J’adore aussi le quartier des Grottes.

Julie Conti, le 21 juin 2023, Caustic Comedy Club, av. Cardinal-Mermillod 6, Carouge; causticcomedyclub.com