Après une période de confinement passée auprès des siens, la mezzo-soprano Marina Viotti a repris les concerts avec une première escale à l’Opéra de Lausanne.
Le temps s’était arrêté pendant quelques mois. Alors retrouver son public sur la scène de l’Opéra de Lausanne qui l’a accueillie à ses débuts avait une saveur très particulière. Une «carte blanche» qui lui a permis de visiter des univers très différents comme le lyrique bien sûr, mais aussi le cabaret ou les lieds avec une aisance et un brio hors du commun. Une artiste au talent incontestable.
ELLE SUISSE. Issue d’une famille de musiciens, votre voie était-elle toute tracée?
MARINA VIOTTI. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours chanté. Je m’amusais à reproduire les voix que j’entendais lors des concerts de mon père (chef d’orchestre). À 19 ans, après son décès, j’ai ressenti le besoin de m’éloigner de la musique classique pour explorer le metal, le rock, le gospel ou encore le jazz. En parallèle, j’avais une toute autre vie. Après des études de lettres, j’ai enseigné quelques années au lycée et j’ai ensuite travaillé quelques mois dans le marketing et l’événementiel. Et c’est lors d’un festival de chambre que j’ai réalisé que je n’étais pas du bon côté de la scène. À 25 ans, j’ai renoué avec mon héritage en prenant mes premiers cours de chant.
ELLE SUISSE. Parlez-nous de vos nouveaux projets professionnels.
MV. C’est une période un peu spéciale (en référence aux mesures sanitaires). Si les spectacles sont maintenus, mes deux prochains récitals auront lieu à Lugano et à Sion. Je pars ensuite pendant un mois sur une production d’opéra à Bilbao, j’enchaîne avec le Bolchoï à Moscou dans «Le Barbier de Séville», Lisbonne avec «La voix humaine». Plusieurs concerts sont également prévus dans le canton de Vaud. Mon agenda est très chargé jusqu’au mois de mars.
ELLE SUISSE. Quelle est votre plus grande satisfaction ou grand bonheur aujourd’hui?
MV. Ma famille, mon socle, ma force. Elle est vraiment exceptionnelle. Sans elle, je n’aurais pas eu le même parcours. Ma satisfaction personnelle est d’avoir eu le courage à 25 ans de quitter mon ancien métier (dans l’événementiel) pour démarrer ma carrière de chanteuse, de dépasser tous les écueils en travaillant sans relâche. C’est une immense joie pour moi d’avoir trouvé ma place. Je réalise tous les jours à quel point il est précieux de faire ce que l’on aime.

ELLE SUISSE. Votre plus belle rencontre, celle qui a influencé vote vie ou votre carrière…
MV. Difficile de n’en citer qu’une, car ce serait faire affront aux autres. J’ai beaucoup de chance, car j’ai fait des rencontres extraordinaires et ce depuis le début de ma carrière. J’ai souvent eu l’impression d’être guidée à des moments de ma vie où j’en avais besoin. Mon agent par exemple, le directeur de l’Opéra de Lausanne, Éric Vigié, mes professeurs de chant ou encore le pianiste Todd Camburn, la liste est très longue. Mais je me nourris également de toutes les rencontres au quotidien avec mon public ou des inconnus croisés au hasard.
ELLE SUISSE. Et si on parlait de vos rêves.
MV. Mon rêve serait de trouver un équilibre entre ma vie privée et ma vie professionnelle. Avoir une vie stable, une famille, tout en s’épanouissant dans son métier n’est pas chose facile. J’aimerais plus tard me dire que je n’ai aucun regret. En attendant le partenaire idéal qui saura comprendre et accepter mon rythme, ma famille dont je suis très proche et mes amis m’apportent stabilité et bienveillance.
ELLE SUISSE. En amour êtes-vous d’un tempérament jaloux ou totalement confiant?
MV. Camus disait: «Comme c’est laid d’être jaloux! Souffrir par vanité et par imagination!» Je ne peux pas imaginer être jalouse avec la vie que je mène.
ELLE SUISSE. Qu’est-ce qui vous révolte le plus dans votre quotidien?
MV. Je ne supporte pas l’injustice, cela peut me rendre très agressive alors que cela n’est pas du tout dans ma nature. La faim peut également me mettre de très mauvaise humeur. Si je ne mange pas toutes les cinq heures, je deviens infernale (rires).
ELLE SUISSE. Si vous deviez changer quelque chose dans votre existence, vous changeriez quoi?
MV. Je crois que je ne changerais rien, car même les difficultés ont fait de moi celle que je suis aujourd’hui. Je me sens en harmonie avec ce que je suis et ce que je fais.
ELLE SUISSE. Quelles sont les qualités dont vous pouvez vous féliciter?
MV. J’aime prendre soin des gens, les rassembler, les faire se rencontrer. Je suis assez joyeuse et positive et transmettre mon énergie est très naturel pour moi. Pour me préserver, je dois à l’inverse me montrer égoïste quelquefois, me forcer à dire non.
ELLE SUISSE. Et vos défauts… ceux qui vous dérangent vraiment?
MV. L’impatience, comme je suis toujours en mouvement avec les répétitions, les voyages, le sport, j’ai du mal à supporter l’attente. Mais je me soigne… je me suis mise au golf, cela m’aide à me détendre et à lâcher prise.
ELLE SUISSE. Un dicton que vous feriez vôtre.
MV. «Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait.» Lorsqu’on a un but dans la vie, même s’il semble impossible à réaliser, il faut essayer et on arrive toujours à atteindre quelque chose. Je ne me fixe jamais de barrière.