Faut-il interdire les filtres beauté sur les réseaux sociaux?

Des experts ont récemment émis des recommandations pour lutter contre les problèmes d’image corporelle exacerbés par les réseaux sociaux.

En Australie, un groupe d’experts a récemment recommandé que l’accès des jeunes aux filtres de beauté sur les réseaux sociaux soit limité. Une annonce intervenue dans le cadre d’une stratégie de lutte contre l’image corporelle négative et les troubles de l’alimentation. Mardi 28 mai, la députée australienne Zoe Daniel, en collaboration avec la Butterfly Foundation, a orchestré la deuxième de deux tables rondes visant à élaborer des stratégies pour protéger les jeunes des problèmes d’image corporelle.

Augmentation de 86% des troubles

Le panel s’est réuni en réponse à une statistique alarmante: 61 % d’entre eux déclarent que les réseaux sociaux leur procurent une insatisfaction corporelle, un chiffre en hausse de 12 % depuis 2022. Cette tendance préoccupante semble aller de pair avec une augmentation significative des troubles de l’alimentation, la Butterfly Foundation signalant une hausse de 86 % de ces troubles chez les jeunes entre 2012 et 2023. Parmi les 21 recommandations adressées au gouvernement fédéral, le panel a notamment suggéré la suppression des filtres de beauté sur des plateformes telles que TikTok, Instagram et Snapchat pour les utilisateurs de moins de 18 ans.

Ces filtres vont bien au-delà des simples ajouts ludiques comme les oreilles de chien ou les autres effets photos d’antan. TikTok, en particulier, a connu une prolifération de filtres sophistiqués améliorant la beauté. En mars 2023, le filtre « Bold Glamour » – utilisé dans 233,5 millions de vidéos – incitait les utilisateurs à transformer leur apparence avec un maquillage hyper réaliste, des pores lissés, des lèvres plus pulpeuses, des dents plus blanches, et des pommettes ciselées, entre autres modifications.

« Elles n’ont plus l’air humaines »

Bien que ces filtres soient rapidement devenus viraux, les utilisateurs n’ont pas tardé à souligner leurs effets potentiellement néfastes sur les jeunes. « Utilisez ce filtre si vous voulez commencer à pleurer », a écrit une personne sur l’application, tandis qu’une autre a ajouté: « Je suis tellement heureuse que ces filtres n’aient existé qu’après que mon cortex préfrontal ait été complètement développé. »

@britt_britt36 These filters are making me insecure #new #boldglamour #filter #catfish #notreal #wow ♬ original sound – Molly | Body Confidence ✨

La prévalence de ces filtres gratuits et leur influence sur nos perceptions de la beauté ont en effet un impact conséquent. S’adressant à Marie Claire UK en mars 2023, le Dr Ahmed El Muntasar, médecin généraliste et esthéticien primé, a souligné l’impact des réseaux sociaux sur les tendances en matière de chirurgie plastique.

À l’époque, les gens arrivaient avec des photos d’Angelina Jolie ou de Jennifer Aniston et disaient « Je veux leur ressembler ». De nos jours, les gens apportent des photos d’eux-mêmes tellement retouchées qu’elles n’ont plus l’air humaines, et c’est irréalisable.

Dr Ahmed El Muntasar, médecin généraliste et esthéticien primé (Marie-Claire UK)

Davantage de transparence

Le panel a également plaidé pour une plus grande transparence concernant les algorithmes des plateformes de réseaux sociaux, après que l’Université de Melbourne a révélé qu’une personne souffrant d’un trouble de l’alimentation avait 322 % plus de chances de se voir proposer du contenu lié à un régime sur TikTok qu’une personne sans ce trouble.

« Nous devons déplacer la responsabilité des jeunes et de ceux qui luttent contre leur image corporelle pour se protéger des contenus qui ont un impact négatif sur leur image corporelle, vers la réglementation du gouvernement et des entreprises », stipulent les recommandations officielles.

Reste à savoir si ces changements seront adoptés – et ce que cela signifiera pour des plateformes comme TikTok –, les recommandations étant désormais soumises à l’examen du gouvernement fédéral australien.

Autrice: Kirsty Thatcher
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elle.com/au. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.

Tags : technologie · internet · Beauté

Des experts ont récemment émis des recommandations pour lutter contre les problèmes d’image corporelle exacerbés par les réseaux sociaux.

En Australie, un groupe d’experts a récemment recommandé que l’accès des jeunes aux filtres de beauté sur les réseaux sociaux soit limité. Une annonce intervenue dans le cadre d’une stratégie de lutte contre l’image corporelle négative et les troubles de l’alimentation. Mardi 28 mai, la députée australienne Zoe Daniel, en collaboration avec la Butterfly Foundation, a orchestré la deuxième de deux tables rondes visant à élaborer des stratégies pour protéger les jeunes des problèmes d’image corporelle.

Augmentation de 86% des troubles

Le panel s’est réuni en réponse à une statistique alarmante: 61 % d’entre eux déclarent que les réseaux sociaux leur procurent une insatisfaction corporelle, un chiffre en hausse de 12 % depuis 2022. Cette tendance préoccupante semble aller de pair avec une augmentation significative des troubles de l’alimentation, la Butterfly Foundation signalant une hausse de 86 % de ces troubles chez les jeunes entre 2012 et 2023. Parmi les 21 recommandations adressées au gouvernement fédéral, le panel a notamment suggéré la suppression des filtres de beauté sur des plateformes telles que TikTok, Instagram et Snapchat pour les utilisateurs de moins de 18 ans.

Ces filtres vont bien au-delà des simples ajouts ludiques comme les oreilles de chien ou les autres effets photos d’antan. TikTok, en particulier, a connu une prolifération de filtres sophistiqués améliorant la beauté. En mars 2023, le filtre « Bold Glamour » – utilisé dans 233,5 millions de vidéos – incitait les utilisateurs à transformer leur apparence avec un maquillage hyper réaliste, des pores lissés, des lèvres plus pulpeuses, des dents plus blanches, et des pommettes ciselées, entre autres modifications.

« Elles n’ont plus l’air humaines »

Bien que ces filtres soient rapidement devenus viraux, les utilisateurs n’ont pas tardé à souligner leurs effets potentiellement néfastes sur les jeunes. « Utilisez ce filtre si vous voulez commencer à pleurer », a écrit une personne sur l’application, tandis qu’une autre a ajouté: « Je suis tellement heureuse que ces filtres n’aient existé qu’après que mon cortex préfrontal ait été complètement développé. »

@britt_britt36 These filters are making me insecure #new #boldglamour #filter #catfish #notreal #wow ♬ original sound – Molly | Body Confidence ✨

La prévalence de ces filtres gratuits et leur influence sur nos perceptions de la beauté ont en effet un impact conséquent. S’adressant à Marie Claire UK en mars 2023, le Dr Ahmed El Muntasar, médecin généraliste et esthéticien primé, a souligné l’impact des réseaux sociaux sur les tendances en matière de chirurgie plastique.

À l’époque, les gens arrivaient avec des photos d’Angelina Jolie ou de Jennifer Aniston et disaient « Je veux leur ressembler ». De nos jours, les gens apportent des photos d’eux-mêmes tellement retouchées qu’elles n’ont plus l’air humaines, et c’est irréalisable.

Dr Ahmed El Muntasar, médecin généraliste et esthéticien primé (Marie-Claire UK)

Davantage de transparence

Le panel a également plaidé pour une plus grande transparence concernant les algorithmes des plateformes de réseaux sociaux, après que l’Université de Melbourne a révélé qu’une personne souffrant d’un trouble de l’alimentation avait 322 % plus de chances de se voir proposer du contenu lié à un régime sur TikTok qu’une personne sans ce trouble.

« Nous devons déplacer la responsabilité des jeunes et de ceux qui luttent contre leur image corporelle pour se protéger des contenus qui ont un impact négatif sur leur image corporelle, vers la réglementation du gouvernement et des entreprises », stipulent les recommandations officielles.

Reste à savoir si ces changements seront adoptés – et ce que cela signifiera pour des plateformes comme TikTok –, les recommandations étant désormais soumises à l’examen du gouvernement fédéral australien.

Autrice: Kirsty Thatcher
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elle.com/au. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.

Tags : technologie · internet · Beauté