Deux livres intimes qui vont inspirer votre automne

Ce sont des histoires où l’on se découvre autant que l’on se perd.
Mémoire des livres
Une histoire parfois esquissée, sorte de légende familiale… Voilà ce que représentait la bibliothèque constituée par les ancêtres de la belle-famille de Vanessa de Senarclens : quelque chose qui n’était plus et dont le souvenir était rarement évoqué par ceux qui souhaitaient aller de l’avant. Jusqu’au jour où elle hérite d’une sorte de commode ayant appartenu à ses beaux-parents et contenant le catalogue de cette bibliothèque sous la forme de 16’000 fiches, chacune correspondant à l’un des livres la constituant. Il n’en fallait pas davantage pour piquer la curiosité de l’autrice, spécialiste des Lumières et enseignant la littérature à Berlin. Fiche après fiche, la voilà partie à la découverte de ce que représentait cette bibliothèque fondée au XVIIIe siècle, installée dans un château situé en Poméranie orientale, modernisée par Karl von Bismarck-Osten, grand-père de son époux, et dispersée en mars 1945. Car lorsque l’Armée rouge approcha de la demeure, la famille dut fuir, ne sauvant que quelques livres et abandonnant les autres.
L’autrice retrace l’histoire de chacun des ouvrages, de sa publication à son arrivée dans la bibliothèque, jusqu’à sa sortie de la collection et, parfois, sa réapparition au gré des recherches rocambolesques menées. Elle découvre ainsi de véritables trésors comme un livre clandestin de Voltaire, un Aristote préfacé par Erasme… et partage ici le fruit de son enquête incroyable, œuvre littéraire riche, érudite et passionnante, pour ne pas oublier.
Vanessa de Senarclens, «La bibliothèque retrouvée – Une enquête», éd. Zoé, 2025, 256 p.

Naissance d’un amour
1964, île de Ténérife. Louise y vient pour la première fois en voyage avec son mari Pierre, lorsque celui-ci est contraint de repartir brutalement pour des raisons professionnelles. Elle fait alors la rencontre d’un ancien professeur de Pierre, Nathan, avec lequel il avait prévu de dîner. Quand ce dernier lui propose de lui faire découvrir la région, le temps d’une escapade de trois jours, elle accepte, sans en parler à son mari. Une sorte de voyage initiatique à la découverte d’un nouvel environnement, mais aussi d’un homme et sans aucun doute d’elle-même. Elle est mère de famille, lui est astrophysicien. Ensemble, ils revisitent leurs vies, évoquent leurs familles, leurs aspirations, au cours d’un dialogue singulier durant lequel un lien fort et inattendu se noue. L’observation et l’appréhension de la nature qui l’entoure suscitent chez Louise des sensations nouvelles et une curiosité envers Nathan, partagée.
Ghislaine Dunant parvient parfaitement à saisir la manière dont se construit cette relation faite d’écoute et de respect mutuels. L’autrice invite ainsi le lecteur à assister à la naissance d’un désir, magnifiée par la puissance des éléments, et interroge le sens du verbe «aimer» : est-il possible d’oser un amour infini ? Un livre tout en délicatesse, pour découvrir Ténérife et assister à la rencontre de deux âmes sœurs. L’autrice franco-suisse, qui avait déjà signé le remarquable Charlotte Delbo, la vie retrouvée (2016), figure avec ce beau roman sur la première liste du Prix Goncourt.
Ghislaine Dunant, «Un amour infini», éd. Albin Michel, 2025, 176 p.
