Directrice de la Ligue vaudoise contre le cancer: « Mon travail donne un sens à ma vie »

1 décembre 2023 · Anne-Marie Philippe
chantal diserens
Chantal Diserens.
©DR

Si le visage est le reflet de l’âme, chez Chantal Diserens, directrice de la Ligue vaudoise contre le cancer, il dévoile une grande douceur. Pourtant quelle personnalité forte et courageuse!

La rencontrer est un cadeau. On ne peut pas s’imaginer sous ses traits fins et harmonieux que la jeune femme a tout d’une guerrière. Son chemin, de l’enfance à aujourd’hui pourrait être retracé dans un roman. Des luttes, des victoires, des souffrances, des joies indicibles, la vie tout simplement, pourrait-elle dire. Il faut cependant une grande empathie, un sens du don de soi, une rigueur et beaucoup de psychologique pour mener une organisation aussi engagée. Chantal a toutes ces qualités et plus encore. La Ligue vaudoise contre le cancer vient de s’installer sous-gare, avenue d’Ouchy et Chantal ne cache pas son enthousiasme quant à ce nouveau lieu, empli de bonnes ondes!

ELLE: Il paraît qu’on se construit à travers son enfance. Comment définiriez-vous la vôtre?
Chantal Diserens: Une enfance particulière. Mes deux parents étaient gravement malades et souffraient de troubles psychiques. La situation à la maison était chaotique et difficile à vivre pour une petite fille de 9 ans et pour sa grande sœur. Un jour, j’ai rendu visite à mes grands-parents et je ne les ai plus quittés. Chez eux, je me sentais protégée. Nous habitions dans la région fribourgeoise et j’ai alors évolué dans un contexte très catholique. Toute la classe allait à confesse et on devait prier à genoux. Ma grande sœur a été recueillie par une tante qui l’a élevée. À 14 ans, je suis partie travailler en usine. J’emballais des biscuits toute la journéeMa sœur, âgée de 18 ans, m’a hébergée. Plus tard, par chance, j’ai pu faire le gymnase et les lettres.
 
Qu’est-ce qui vous rend heureuse aujourd’hui?
Je répondrais d’une façon politiquement correcte, mes trois filles, Inès, 22 ans, Charlotte, 20 ans et Anna 17 ans! C’est une évidence. Mais aussi le travail! Qu’est-ce qui peut donner plus de joie?

Dans ma vie, j’ai fait des jobs très différents. Je les ai tous aimés, même lorsque j’étais serveuse.

Chantal Diserens, directrice de la Ligue vaudoise contre le cancer | ELLE Suisse

A lire aussi: Fanny Leeb, en marche vers la guérison

Cela n’entache pas votre moral de travailler malgré la maladie, le cancer de surcroît?
Au contraire. Les gens me donnent beaucoup.  Leur histoire me touche et ils restent dans mon cœur, même quand ils partent trop tôt. Bien qu’au quotidien, je n’ai pas de contact direct, ma fonction me tient en retrait.
 
Est-ce que certains de vos collaborateurs ont été eux-mêmes touchés par le cancer?
Oui. Et nous avons mis tout en œuvre pour aménager leurs horaires, être à leur écoute. On a fait du sur-mesure pour leur permettre de travailler ou d’être en lien social avec l’équipe lors de leurs traitements. Essentiel pour le moral.

Avez-vous le sentiment d’avoir réussi votre vie professionnelle?
Mon travail me comble. Il tourne constamment dans ma tête et il donne un sens à ma vie. C’est tellement gratifiant.

J’ai le sentiment d’avoir beaucoup de chance. Lorsque je suis dans le bus et que j’entends certaines conversations, je prends conscience d’être privilégiée. Les gens se plaignent souvent de leur travail et de la fatigue qui l’accompagne.

Chantal Diserens, directrice de la Ligue vaudoise contre le cancer | ELLE Suisse

Mais l’équilibre est ailleurs… sur le plan privé avez-vous trouvé une belle harmonie?
Je viens de la trouver. J’ai rencontré l’amour de ma vie, Christian, à 17 ans. Je l’ai tellement aimé! Nous nous sommes mariés et avons eu nos trois filles. La vie nous a séparés. Nous avons divorcé. Anna, ma petite dernière n’avait que 3 ans. C’était très douloureux. Ma grande sœur m’a prise sous son aile. Elle m’a toujours protégée. Elle m’avait déjà recueillie quand j’ai quitté mes grands-parents à 14 ans. Depuis, Christian et moi avons fait le bout de chemin que nous avions à faire et nous avons repris avec bonheur notre histoire d’amour.

Votre plus belle rencontre, celle qui a influencé votre vie…
Ce sera toujours ma rencontre avec Christian. On a fait connaissance au Leysin Rock Festival.
J’ai tout de suite été touchée par ce beau jeune homme lumineux aux cheveux en pétard. Nous avons dormi sous tente. On parlait sans cesse et on « s’est tourné autour » longtemps avant notre première fois. Je m’en souviens avec tendresse. Nous avons dansé à l’Atelier Volant et le rapprochement a eu lieu cette nuit-là.

A lire aussi: Qui sont ces femmes qui ne veulent plus avoir d’enfants?
 
Et si on parlait de vos rêves…
Mes rêves se résument à mille petites choses du quotidien. Mais si on parle d’un projet, j’aimerais partir faire du vélo en Corée, du nord au sud.

Aujourd’hui, êtes-vous une femme accomplie en harmonie avec votre être profond?
Oui et je me dis certaines fois qu’il est délicat de dire à la face du monde que tout va bien. Je suis un peu gênée.

Votre enfance, une force, des valeurs particulières?
Mon enfance me sert de thermostat. Si je sombre, il s’enclenche. Et je rebondis. Je reste lisse malgré l’affectation.
 
Si un chagrin vous frappe, vous vous enfermez dans votre coquille ou vous faites appel aux êtres aimés ?
J’ai besoin des êtres que j’aime et qui m’entourent. Je cherche incontestablement le contact.

A lire aussi: Rencontre avec Clotilde Courau

Quelle a été la plus dure épreuve de votre vie?
Ma séparation avec mon mari. Les filles étaient petites. C’était très nuageux dans ma tête. À l’époque, je travaillais avec Alain Pécoud qui a joué le rôle de mentor, une aile protectrice. Il m’a fait confiance sur le plan professionnel alors que je faisais mes premiers pas dans le monde de la santé.
 
En amour, vous êtes d’un tempérament jaloux ou totalement confiant?
Je dois avouer que je suis jalouse, mais je sais me contenir. Et il est rare que je sorte de mes gonds.
 
Quelles sont les qualités dont vous pouvez vous féliciter?
Je suis extrêmement tenace, de nature gentille et je me félicite d’avoir un esprit positif.
 
Et vos défauts… ceux qui pourraient vous déranger?
J’aimerais être plus directe. Je crains tellement de blesser. Du coup, je ménage la chèvre et le chou. Pour tout vous dire, je déteste les conflits. J’ai conscience cependant que les conflits sont parfois inévitables.
 
Être femme, une force?
Je n’ai connu que des hommes absents dans notre famille. Les figures féminines ont dominé dont ma grand-mère qui a toujours travaillé. Chez nous, il n’y a pas eu de patriarches depuis plusieurs générations. Pour moi, la famille, ce sont les femmes!

Tags : maladie · Emploi · vaud
chantal diserens
Chantal Diserens.
©DR

Si le visage est le reflet de l’âme, chez Chantal Diserens, directrice de la Ligue vaudoise contre le cancer, il dévoile une grande douceur. Pourtant quelle personnalité forte et courageuse!

La rencontrer est un cadeau. On ne peut pas s’imaginer sous ses traits fins et harmonieux que la jeune femme a tout d’une guerrière. Son chemin, de l’enfance à aujourd’hui pourrait être retracé dans un roman. Des luttes, des victoires, des souffrances, des joies indicibles, la vie tout simplement, pourrait-elle dire. Il faut cependant une grande empathie, un sens du don de soi, une rigueur et beaucoup de psychologique pour mener une organisation aussi engagée. Chantal a toutes ces qualités et plus encore. La Ligue vaudoise contre le cancer vient de s’installer sous-gare, avenue d’Ouchy et Chantal ne cache pas son enthousiasme quant à ce nouveau lieu, empli de bonnes ondes!

ELLE: Il paraît qu’on se construit à travers son enfance. Comment définiriez-vous la vôtre?
Chantal Diserens: Une enfance particulière. Mes deux parents étaient gravement malades et souffraient de troubles psychiques. La situation à la maison était chaotique et difficile à vivre pour une petite fille de 9 ans et pour sa grande sœur. Un jour, j’ai rendu visite à mes grands-parents et je ne les ai plus quittés. Chez eux, je me sentais protégée. Nous habitions dans la région fribourgeoise et j’ai alors évolué dans un contexte très catholique. Toute la classe allait à confesse et on devait prier à genoux. Ma grande sœur a été recueillie par une tante qui l’a élevée. À 14 ans, je suis partie travailler en usine. J’emballais des biscuits toute la journéeMa sœur, âgée de 18 ans, m’a hébergée. Plus tard, par chance, j’ai pu faire le gymnase et les lettres.
 
Qu’est-ce qui vous rend heureuse aujourd’hui?
Je répondrais d’une façon politiquement correcte, mes trois filles, Inès, 22 ans, Charlotte, 20 ans et Anna 17 ans! C’est une évidence. Mais aussi le travail! Qu’est-ce qui peut donner plus de joie?

Dans ma vie, j’ai fait des jobs très différents. Je les ai tous aimés, même lorsque j’étais serveuse.

Chantal Diserens, directrice de la Ligue vaudoise contre le cancer | ELLE Suisse

A lire aussi: Fanny Leeb, en marche vers la guérison

Cela n’entache pas votre moral de travailler malgré la maladie, le cancer de surcroît?
Au contraire. Les gens me donnent beaucoup.  Leur histoire me touche et ils restent dans mon cœur, même quand ils partent trop tôt. Bien qu’au quotidien, je n’ai pas de contact direct, ma fonction me tient en retrait.
 
Est-ce que certains de vos collaborateurs ont été eux-mêmes touchés par le cancer?
Oui. Et nous avons mis tout en œuvre pour aménager leurs horaires, être à leur écoute. On a fait du sur-mesure pour leur permettre de travailler ou d’être en lien social avec l’équipe lors de leurs traitements. Essentiel pour le moral.

Avez-vous le sentiment d’avoir réussi votre vie professionnelle?
Mon travail me comble. Il tourne constamment dans ma tête et il donne un sens à ma vie. C’est tellement gratifiant.

J’ai le sentiment d’avoir beaucoup de chance. Lorsque je suis dans le bus et que j’entends certaines conversations, je prends conscience d’être privilégiée. Les gens se plaignent souvent de leur travail et de la fatigue qui l’accompagne.

Chantal Diserens, directrice de la Ligue vaudoise contre le cancer | ELLE Suisse

Mais l’équilibre est ailleurs… sur le plan privé avez-vous trouvé une belle harmonie?
Je viens de la trouver. J’ai rencontré l’amour de ma vie, Christian, à 17 ans. Je l’ai tellement aimé! Nous nous sommes mariés et avons eu nos trois filles. La vie nous a séparés. Nous avons divorcé. Anna, ma petite dernière n’avait que 3 ans. C’était très douloureux. Ma grande sœur m’a prise sous son aile. Elle m’a toujours protégée. Elle m’avait déjà recueillie quand j’ai quitté mes grands-parents à 14 ans. Depuis, Christian et moi avons fait le bout de chemin que nous avions à faire et nous avons repris avec bonheur notre histoire d’amour.

Votre plus belle rencontre, celle qui a influencé votre vie…
Ce sera toujours ma rencontre avec Christian. On a fait connaissance au Leysin Rock Festival.
J’ai tout de suite été touchée par ce beau jeune homme lumineux aux cheveux en pétard. Nous avons dormi sous tente. On parlait sans cesse et on « s’est tourné autour » longtemps avant notre première fois. Je m’en souviens avec tendresse. Nous avons dansé à l’Atelier Volant et le rapprochement a eu lieu cette nuit-là.

A lire aussi: Qui sont ces femmes qui ne veulent plus avoir d’enfants?
 
Et si on parlait de vos rêves…
Mes rêves se résument à mille petites choses du quotidien. Mais si on parle d’un projet, j’aimerais partir faire du vélo en Corée, du nord au sud.

Aujourd’hui, êtes-vous une femme accomplie en harmonie avec votre être profond?
Oui et je me dis certaines fois qu’il est délicat de dire à la face du monde que tout va bien. Je suis un peu gênée.

Votre enfance, une force, des valeurs particulières?
Mon enfance me sert de thermostat. Si je sombre, il s’enclenche. Et je rebondis. Je reste lisse malgré l’affectation.
 
Si un chagrin vous frappe, vous vous enfermez dans votre coquille ou vous faites appel aux êtres aimés ?
J’ai besoin des êtres que j’aime et qui m’entourent. Je cherche incontestablement le contact.

A lire aussi: Rencontre avec Clotilde Courau

Quelle a été la plus dure épreuve de votre vie?
Ma séparation avec mon mari. Les filles étaient petites. C’était très nuageux dans ma tête. À l’époque, je travaillais avec Alain Pécoud qui a joué le rôle de mentor, une aile protectrice. Il m’a fait confiance sur le plan professionnel alors que je faisais mes premiers pas dans le monde de la santé.
 
En amour, vous êtes d’un tempérament jaloux ou totalement confiant?
Je dois avouer que je suis jalouse, mais je sais me contenir. Et il est rare que je sorte de mes gonds.
 
Quelles sont les qualités dont vous pouvez vous féliciter?
Je suis extrêmement tenace, de nature gentille et je me félicite d’avoir un esprit positif.
 
Et vos défauts… ceux qui pourraient vous déranger?
J’aimerais être plus directe. Je crains tellement de blesser. Du coup, je ménage la chèvre et le chou. Pour tout vous dire, je déteste les conflits. J’ai conscience cependant que les conflits sont parfois inévitables.
 
Être femme, une force?
Je n’ai connu que des hommes absents dans notre famille. Les figures féminines ont dominé dont ma grand-mère qui a toujours travaillé. Chez nous, il n’y a pas eu de patriarches depuis plusieurs générations. Pour moi, la famille, ce sont les femmes!

Tags : maladie · Emploi · vaud