Ayo Edebiri a été encensée dimanche aux Golden Globes 2024, suite à son discours dans lequel elle remerciait « tous ses assistants ». La rédactrice de chez ELLE Katie Withington explique comment l’actrice américaine l’a aidée à « enfin » se sentir considérée.
Dimanche soir 7 janvier, la 81e cérémonie des Golden Globes a vu la star de The Bear (2023), Ayo Edebiri, remporter le prix de la Meilleure actrice féminine dans une série comique. Une distinction méritée qui n’a pas étonné grand monde. Ce qui était moins attendu en revanche a été le discours dans lequel l’Américaine de 28 ans a vivement remercié non seulement ses confrères et consœurs ainsi qu’agents, mais aussi ses assistants juniors. « A tous mes agents et mes assistants! Aux personnes qui répondent à mes emails. Vous êtes de vrais. Merci d’avoir toujours pris le temps de répondre à mes demandes un peu folles», a-t-elle déclaré. La foule s’est déchaînée.
Cette assistante s’est également levée pour applaudir. Si, pour certains, la solidarité d’Ayo Edebiri n’est pas vraiment surprenante envers ce qu’on appelle parfois « les petits employés », pour d’autres, remercier des assistants, des juniors, des stagiaires, surtout dans le cadre de remises de prix, paraît insensé. Et il s’avère que nombre de personnes s’en offusquent également dans la plupart des secteurs d’activité.
Attentes élevées pour éloges rares
Pourtant, que cela soit dans les industries de la mode, de la beauté, du cinéma, de la télévision ou plus généralement de la création, les assistants se révèle être un point d’ancrage substantiel. Et pourtant, ces derniers n’obtiennent souvent que peu de gloire. Derrière chaque section shopping, il y a un assistant qui envoie des e-mails pour des photos de pointure spécifique d’une mule. Derrière chaque séance photo éblouissante, il y a encore un assistant qui fait et traîne les valises. Derrière un long article journalistique parfaitement structuré, il y a bien souvent un énième assistant qui a méticuleusement recherché des informations fiables. Les assistants sont des caméléons, un calendrier vivant, une paire de mains supplémentaire, un écrivain fantôme, un barista… Bref, une ancre dans le chaos.
Au-delà de répondre aux « demandes un peu folles » (et croyez-le, il y en a plus que ce que vous pensez), les heures de travail sont globalement interminables, les attentes élevées et, bien sûr, les éloges rares.
Savoir rester dans l’ombre
« J’ai passé la majeure partie de mes dix années de carrière en tant qu’assistante et ai toujours dit qu’une bonne assistante savait exactement quand rester dans l’ombre et quand en sortir, déclare Médina Azaldin, ancienne assistante beauté principale de ELLE UK, aujourd’hui rédactrice beauté. Mon travail consistait à faciliter la vie professionnelle – et parfois personnelle – de chacun des employés de la boîte. Et j’en étais fière. »
Si vous constatez que quelque chose se passe super bien ou si vous rencontrez quelqu’un qui semble absolument tout maîtriser, soyez certain qu’il y a un (deux, trois) stagiaire ou un assistant derrière lui
C’est précisément parce que la plupart des assistants travaillent en arrière-plan qu’il est facile de les ignorer. C’est pourquoi écouter Ayo Edebiri créditer ses assistants de manière aussi publique – devant Taylor Swift et Timothée Chalamet – a été si essentiel.
Merci Ayo
« Ca a fait du bien de se sentir considérée », ajoute, de son côté, Panashe Nyadundu, assistante éditoriale chez ELLE UK, à propos du discours de la star de The Bear. Elle poursuit: « J’espère que cela ouvrira la voie à un plus grand nombre de personnes qui reconnaîtront le mérite des assistants pour tout le travail difficile qui se fait en coulisses.
Me concernant, je suis devenue assistante à l’aube de mes 23 ans. C’était un accomplissement majeur dans ma carrière, le résultat de tout le travail tacite et souvent non rémunéré que j’avais accompli jusqu’à présent. Je suis fière du rôle essentiel que je joue chaque jour au sein de mon équipe, chez ELLE, aux côtés des scénaristes, des rédacteurs et des réalisateurs qui, j’ai la chance de le dire, s’investissent et reconnaissent régulièrement mon travail acharné. Mais comme le savent les assistants qui lisent ces lignes, il n’est pas toujours facile de mettre son ego de côté et de consacrer son travail à quelqu’un d’autre, qu’il s’agisse d’une personne ou d’une équipe. Il n’est pas non plus toujours évident de passer de longues journées à répondre à des courriels, à planifier des réunions, à modifier des feuilles de calcul et à permettre à ceux qui sont au-dessus de vous de briller et de se tailler la part du lion de la gloire.
Dans son discours, Ayo Edebiri a mis en lumière tous les assistants invisibles. Ceux qui jouent un rôle intégral et accomplissent des tâches peu glorieuses et fastidieuses, mais essentielles. Les applaudissements nourris dans l’auditorium des Golden Globes 2024 ont été entendus par les assistants de tous les secteurs, partout dans le monde.
Merci Ayo de nous avoir permis de briller. Nous avons gagné autant que toi.
Autrice: Katie Withington
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elle.com/uk. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.
