Entre le Quiet et le Loud luxury, un style improbable se voulant iconique a récemment émergé de la Toile. Mais quels en sont les répercussions sociétales au-delà des réseaux sociaux?
Un nouveau mois, une nouvelle passion des internautes Tiktok, soit donner naissance à une « esthétique » de la mode visiblement sortie de nulle part et la propulser de manière algorithmique dans les fils d’actualité, dans la rue et très certainement dans nos garde-robes.
Elle ne date peut-être que de quelques semaines – une éternité dans le cycle de vie des micro tendances – mais explose déjà dans les compteurs. Le hashtag « Mob wife » a fait l’objet de 184 millions de recherches sur la plateforme chinoise dernièrement, tandis que toujours plus de personnalités publiques, de Hailey Bieber jusqu’à Dua Lipa ou encore Kendall Jenner, sont davantage vues enveloppées dans des manteaux de (fausse) fourrure dont la longueur traînent à même le sol. Vous l’aurez compris: c’est l’antithèse du mouvement « Clean girl » (celui encensant le maquillage naturel, le teint glowy, les sourcils broussailleux et les cheveux tirés en arrière). La Mob wife (femme de mafieux) déborde de glamour type nouvelle-riche aussi audacieuse qu’effrontée. Pleins phares alors sur les cheveux longs, l’imprimé léopard, la fourrure et les talons aiguilles.
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La nouvelle tendance tire son origine du look popularisé par les femmes du monde du crime organisé. Sur son moodboard figurent en première ligue des stars telles qu’Adriana La Cerva, Carmela Soprano des Sopranos ou encore Connie Corleone dans Le Parrain (1972). Méchamment glamours, ces femmes sont des femmes, à bas le règne de la fillette. Certains montent pourtant au créneau au regard de ce style. Et il y a de quoi.
Toquade problématique
Qu’elle soit vraie ou fausse, la fourrure pose des problèmes non seulement écologiques, mais surtout éthiques. Sans compter l’idée de glorifier le comportement de la mafia qui n’est pas non plus ce qu’on définirait d’attrait vertueux. Il y a aussi la question de l’appropriation culturelle potentielle: se déguiser en Italo-Américains pour le plaisir (ou pour obtenir des likes sur Instagram) est-il encore réellement audible en 2024?.
Mais le vrai problème au cœur du Mob wife est le même que pour toutes les tendances nées en ligne: elles sont là aujourd’hui, disparaîtront demain et seront remplacées par la nouvelle toquade de l’algorithme (qui se souvient encore du retour expéditif de la « Juicy couture »?).
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@trovlov Heard we’re in our mob wife era #mobwife #mobwifeaesthetic #outfitideas #styleinspo #nycinfluencer ♬ Mob Wife Energy Activate – The Sweet Paisana
Attention, il ne s’agit pas ici d’anéantir tout plaisir de la mode, bien au contraire. Reste que se demander si tous ces styles évoluant autant en dents de scie, se déformant toutes les semaines afin de s’adapter à des tendances dichotomiques s’avère essentiel. Car, croyez-le ou non, nous ne sommes pas obligés d’intégrer toutes les tendances en ligne dans nos garde-robes.
Version sans fugacité
Toute mesure gardée, certains éléments de la tendance Mob wife ne sont pas liés à un « noyau » éphémère, mais plutôt à des mouvements de style pérennes reconditionnés sous un nouveau nom. Comme l’imprimé léopard qui, bien que rarement dans l’air du temps, n’est pas nécessairement proche de la criminalité.
Il en va de même pour les boucles d’oreilles fantaisie. En tout temps, ces dernières habillent avec élégance un tee-shirt blanc et un jean large: le duo de designers grecs émergents Ysso, par exemple, en fabrique de grandes, tandis que Vestiaire Collective est une mine d’or de trésors vintage provenant de marques telles que D&G et Fendi.
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Quant aux pantalons en cuir, ils transcendent les saisons, quelle que soit la manière dont le zeitgeist les encadre. On opte donc pour des versions amples et droites, dans un look qui survivra sans encombre à la dernière femme de mafieux.
Et au lieu du manteau à fourrure, pourquoi ne pas investir dans un blazer noir qui traverse aisément les époques, ou dans une paire de jeans indémodable?
Autrice: Roberta Schroeder
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elle.com.uk. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.
