La patronne du restaurant Stucki à Bâle, première cheffe suisse à décrocher 19 points sur 20 au Gault&Millau, 49 ans, est une artiste altruiste qui sait prendre soin d’elle-même.
La meilleure cheffe de Suisse a commencé par des études de chimie avant de bifurquer vers la cuisine. Passée par le Claridge’s à Londres, l’hôtel Traube Tonbach dans la Forêt-Noire ou le Château de Montcaud à Bagnols-sur-Cèze, elle ouvre en 2001 son propre restaurant, le Thurtal à Eschikofen, avec son ex-mari, avant de prendre en 2008, seule, les commandes du restaurant Hans Stucki à Bâle – établissement de légende qui est à la Suisse alémanique ce que l’Hôtel de Ville de Crissier est à la Suisse romande. Née en Allemagne, à la tête d’une trentaine d’employés, cette maman d’une ado de 14 ans est une amoureuse de l’Asie autant que des plantes, que l’on retrouve sublimées dans l’assiette.
ELLE SUISSE. Tanja Grandits, quelles sont les qualités qui vous permettent d’être la cheffe du légendaire restaurant Stucki ainsi que la meilleure cheffe de Suisse?
TANJA GRANDITS. Je suis passionnée par ce que je fais! Je suis une femme positive, courageuse et optimiste qui transmet sa passion à son entourage, son équipe ou ses clients. Pour être un bon chef cuisinier, il faut être authentique, sincère, cultiver ses propres idées, ne pas se comparer ni copier. J’ai la chance d’avoir un métier fantastique qui permet de cultiver une certaine idée du bonheur afin de créer des moments magiques pour les autres. La clé du bonheur n’est pas selon moi à l’intérieur de notre tête mais à l’extérieur: le bonheur passe par le faire, la création. Être un bon chef, être une bonne mère: cela me rend heureuse.
ELLE SUISSE. Quels sont les trois ingrédients favoris avec lesquels vous aimez cuisiner?
T.G. Le citron, tout d’abord. On peut décliner ses diverses variétés à l’infini, cela apporte de la fraîcheur dans les plats sucrés autant que salés. Le fromage de chèvre, ensuite, que j’ai appris à faire moi-même l’an dernier dans une ferme. Nous en faisons des gnocchis aussi tendres qu’exquis! Les herbes, enfin, qui font merveille en cuisine. Notamment le basilic, mon herbe préférée, que je décline en pesto ou comme une épice pour légumes et salades.
ELLE SUISSE. Comment prenez-vous soin de vous?
T.G. Mon lever m’appartient! Je me lève à 5h30 et je prends du temps pour moi à ce moment: je pratique les mouvements de yoga appelés les 5 tibétains, je prends un bain avec des huiles essentielles, je soigne ma peau avec les produits de beauté naturels et organiques de l’Autrichienne Suzanne Kaufmann dont je suis fan, j’allume des bougies, je bois un thé matcha. Ce moment que je me consacre est très important, il me permet ensuite de me consacrer aux autres. On ne peut pas s’occuper des autres si on ne s’occupe pas de soi-même d’abord. Puis je réveille ma fille Emma, 14 ans, et lui prépare un bon petit-déjeuner: c’est notre tête-à-tête de la journée.
ELLE SUISSE. Quelle rencontre a changé votre vie?
T.G. Ma fille, sans hésitation. J’ai toujours été une femme forte et créative, mais à sa naissance j’ai eu l’impression d’être carrément dotée de superpouvoirs! Elle est née l’année où j’ai été nommée «Cheffe suisse de l’année» pour la première fois, c’était très intense comme période de vie. Elle m’a permis de découvrir que je possédais une source d’énergie et d’amour infinie. Nous vivons ensemble au-dessus du restaurant, cela me plaît beaucoup.
ELLE SUISSE. Avez-vous le temps et l’envie de manger dans d’autres restaurants que le vôtre?
T.G. Oui! Mon restaurant favori s’appelle Eckert à Grenzach-Wyhlen (Basler Strasse 20, Grenzach-Wyhlen, Allemagne), à dix minutes du mien. Il est tenu par un de mes anciens apprentis, le très talentueux Nicolai Wiedmer. J’adore aussi le bar du mythique hôtel historique Les Trois Rois (Blumenrain 8, au cœur de Bâle. Le manager est un ami.
ELLE SUISSE. Et vos vacances? Une destination favorite?
T.G. J’adore aller à Londres, c’est proche et je connais bien. Je peux aussi citer Stockholm et Tel-Aviv, deux villes très vivantes où la nourriture est fabuleuse. Mais New York reste ma ville préférée au monde! Hors des villes, la nature est ma seconde patrie. Je marche, je skie, la montagne est vitale à mon équilibre.
ELLE SUISSE. Votre tenue est composée d’une chemise noire accordée à un tablier noir. Pourquoi?
T.G. Parce que c’est une tenue facile, simple et élégante. Je n’ai jamais vraiment porté de tenue blanche. C’est devenu mon uniforme, ma signature vestimentaire, et c’est très bien ainsi.