À l’occasion de la Journée des droits des femmes, TheFork met en lumière quatre parcours inspirants de femmes qui ont su se faire une place dans le monde exigeant de la restauration. Entre passion, persévérance et audace, elles partagent leur vision et leur engagement pour une gastronomie plus inclusive.
Margaux Chapuis, cheffe cuisinière à La P’tite Maison de Savièse
La cuisine a toujours été une évidence pour la cheffe cuisinière Margaux Chapuis. Elle nous confie apprécier avant tout l’ambiance qui règne dans son restaurant, où chaque client vient chercher un moment de convivialité et de partage. Dans ses assiettes, elle laisse libre cours à sa créativité, composant chaque plat avec la précision et l’inspiration d’un peintre face à sa toile.
La reprise de La P’tite Maison de Savièse, en mai 2024, s’est jouée sur un coup de cœur et s’est concrétisée de manière inattendue. Informée du départ imminent de Gilles Varone, elle et son équipe ont rapidement saisi l’opportunité. Dans un secteur encore dominé par les hommes, elle trace sa route sans se poser de limites.
J’ai eu la chance de travailler avec des équipes qui laissaient volontiers la place aux femmes.
Mais Margaux le reconnaît : les cheffes restent minoritaires. Elle constate que le changement progresse, mais qu’il exige du temps. Aux jeunes femmes, elle adresse un message sans équivoque : persévérer et s’imposer pour trouver leur place.

Vêena Danre, assistante chef sommelière au Mandarin Oriental Geneva
Lorsque Vêena Danre intègre l’hôtel Mandarin Oriental Geneva, elle ne perçoit le saké que comme une simple boisson d’apéritif, loin d’imaginer la richesse de cet univers. Sa rencontre avec le chef Mitsuru Tsukada marque un tournant : fascinée, elle décide d’explorer cet art ancestral en profondeur. Animée par cette nouvelle passion, elle se rend à plusieurs reprises au Japon, enchaînant formations et échanges avec des maîtres brasseurs. En moins d’un an, elle effectue quatre voyages, s’immergeant totalement dans la culture et les secrets de cette boisson emblématique.
Aujourd’hui, elle met sa passion au service des restaurants et bars de l’établissement, cherchant à offrir bien plus qu’un simple repas. Son objectif : transformer chaque dégustation en une véritable expérience sensorielle, invitant les clients à un voyage culinaire immersif. Vêena nous confie qu’évoluer dans un milieu majoritairement masculin n’a pas toujours été simple.
Il s’agit de trouver sa place, sans chercher à remplacer un homme. J’apporte une approche plus émotionnelle, et c’est amusant de déstabiliser les gens pour leur faire découvrir mon univers.
Son message aux femmes qui hésitent à se lancer ?
Vivez vos rêves, investissez en vous-même et sachez compter sur votre propre force. Nous ne sommes pas des pages blanches à remplir, nous sommes l’encre elle-même.

Camille Grange, fondatrice des restaurants La Micheline et Gigi Cucina & Bar
Diplômée de l’École hôtelière de Lausanne (EHL), Camille Grange voit sa carrière prendre un tournant décisif en 2018. Aux côtés du groupe GastrO’Vives, elle remporte un concours des CFF visant à imaginer de nouveaux concepts de restauration pour le quartier de la Gare des Eaux-Vives. Ce succès donne naissance à Gigi Cucina & Bar, rapidement suivi de La Micheline. L’engouement est immédiat, mais la pandémie vient brutalement bouleverser ses plans. Elle confie :
Le COVID-19 a ralenti notre lancement. Malgré cette épreuve, nous avons su rebondir et développer nos activités avec succès.
Ses restaurants conjuguent une cuisine créative et accessible avec des espaces pensés pour la convivialité. Une vision qu’elle partage avec son associé, le chef Andrés Arocena, dont la collaboration s’est révélée être une véritable opportunité. Dans ce secteur en perpétuelle évolution, elle en est convaincue : l’adaptabilité est la clé du succès.
Il faut jongler avec tout : gestion des équipes, coordination cuisine-service, communication… Il n’y a jamais de répit.
Entrepreneure dans l’âme, elle observe avec optimisme une transformation du paysage de la restauration. De plus en plus de femmes osent se lancer, insufflant un vent de renouveau et de solidarité au sein de la profession. Son message à nos lectrices : Ne pas hésiter à croire en leur légitimité en s’imposant dans un secteur compétitif et surtout, bien s’entourer et ne jamais craindre de demander de l’aide.

Sarah Benahmed, directrice de salle de La Table du Palace
Depuis son entrée à l’école hôtelière de Tain L’Hermitage à 15 ans, Sarah Benahmed a toujours su qu’elle voulait évoluer en salle, choisissant de conserver la cuisine comme une passion plutôt que d’en faire son quotidien. Son parcours l’a menée dans des établissements prestigieux, de Courchevel à Saint-Tropez, avant une expérience marquante en Chine, où elle a pu approfondir son attrait pour l’Asie, malgré un rythme exigeant.
En 2017, elle revient en France aux côtés de son mari Franck, finaliste de Top Chef, pour diriger ensemble Le Crocodile à Strasbourg. Cette aventure est récompensée par une étoile Michelin pour lui et un premier prix du service Michelin pour elle, fruit d’un engagement sincère et passionné. Elle porte une grande admiration pour Monique Jung, figure incontournable de la gastronomie strasbourgeoise, avec qui elle a immédiatement ressenti une connexion intergénérationnelle.
Dès notre première rencontre, j’ai senti un lien fort avec elle, un langage commun qui traverse les générations.
Aujourd’hui, elle poursuit son aventure à la Table du Lausanne Palace et encourage les jeunes femmes à ne jamais considérer leur genre ou leur maternité comme un obstacle à leurs ambitions professionnelles et personnelles. En parler permet de normaliser cette réalité.

Des parcours inspirants pour une gastronomie plus inclusive
À travers ces quatre histoires, une même énergie se dégage : celle de femmes qui repoussent les limites et façonnent l’avenir de la gastronomie. Qu’elles soient cheffes, sommelières ou entrepreneures, elles prouvent que talent et passion n’ont pas de genre. Un message fort pour toutes celles qui rêvent de se lancer : l’audace et la détermination ouvrent toutes les portes.