Rencontre avec Claudine Amstein

10 mars 2022 · Modifié · Belinda Gervasoni

Claudine Amstein est directrice de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie depuis dix-sept ans. Elle a assumé en parallèle plus de dix ans un mandat politique.

Elle a du caractère, elle défend les intérêts des entreprises et ne recule pas devant les obstacles. «C’est plus difficile, nous confie-t-elle, que de défendre la veuve et l’orphelin.» Il faut du courage bien sûr, et beaucoup de réflexion, pour avancer dans une haute fonction, où la différence se joue dans la stratégie. Claudine Amstein est ferme et déterminée. Mais cette femme de tête est aussi une créative, qui aime travailler l’abstrait et le non-figuratif, pour s’évader pinceau à la main. Elle quittera ses fonctions en mai, parce qu’elle a atteint ses objectifs et aspire à un nouveau challenge, celui de prendre le temps.

Réussir dans la vie, ce n’est pas réussir sa vie… Etes-vous d’accord avec cela?

Réussir sa vie, c’est avoir du plaisir et de la passion pour ce que l’on fait. Ce n’est pas juste réaliser un programme, c’est se réaliser soi-même, se développer, accroître ses connaissances, ses compétences, s’enrichir par le contact…

Et justement votre vie, qu’en pensez-vous?

Mon parcours s’est fait en fonction des opportunités, des rencontres, grâce auxquelles j’ai eu la chance de pouvoir me réaliser. J’ai découvert des facettes de ma personnalité, j’ai pu nourrir ma curiosité, être en contact avec les innovations, les changements…

Aujourd’hui, êtes-vous une femme accomplie, en harmonie avec votre être profond?

Je pense que c’est surtout un chemin que l’on poursuit toute sa vie. On ne peut pas l’être tous les jours; il y a des jours oui, d’autres non, mais ça nous permet de progresser. Je me remets souvent en question, mais fondamentalement ma vie est en harmonie avec mes valeurs. 

Quelle a été la plus dure épreuve de votre vie?

J’ai connu la maladie, un cancer du sein, les opérations et les traitements lourds pendant trois ans… Et au même moment dans ma vie, j’ai dû aussi faire face à un drame familial très difficile. Mais je l’ai affronté et j’ai continué à diriger mon association, donc il n’y avait pas de place pour la maladie. Lorsque l’on est malade, on se découvre des ressources insoupçonnées! En général, on se dit que l’on doit être forte, que l’on ne doit pas montrer ses faiblesses. Moi, j’ai choisi de jouer la transparence, j’ai appris à dire ce que je vivais et je me suis sentie plus forte de parler de mon cancer. Je le vivais en en parlant et j’allais de l’avant. Mais le plus difficile dans la maladie, c’est souvent pour l’entourage…

Vous êtes timide? Pudique?

Ma profession m’a amenée à m’exprimer en public. Mais lorsque j’étais à l’école, j’étais incapable de prendre la parole devant la classe. Avec mes fonctions, j’ai dû sortir de ma zone de confort, prendre sur moi, mais j’ai progressé et c’est gratifiant. Ça me donne aussi l’occasion d’exprimer des convictions, des idées, donc c’est bénéfique.

Qu’est-ce qui pourrait vous interpeller ou révolter au quotidien?

L’individualisme, l’égocentrisme, l’incivisme… La perte du respect est une évolution que je trouve difficile à accepter. 

Qu’est-ce que vous pensez de la place des femmes dans notre société?

Il y a eu un bouleversement assez important ces 20 dernières années… Quand j’ai commencé ma carrière professionnelle, j’étais la première femme directrice de la Chambre vaudoise immobilière, ensuite la première femme directrice de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie, il n’y en avait pas d’autres. Depuis, il y a eu une grande évolution! Lorsque je fais passer des entretiens de recrutement, les femmes sont très souvent meilleures que les hommes! Bien sûr, il y a encore du travail sur la place de la femme dans la société, il y a aussi un problème de positionnement. Il est par exemple difficile de trouver des femmes qui ont envie de s’engager dans des hauts postes à responsabilités ou en politique…

Est-ce que vous avez subi des discriminations à ce niveau?

Dans les années 1990, j’avais 33 ans, ça n’était pas courant d’avoir une femme aussi jeune à un poste important. C’est un milieu extrêmement masculin. Mais j’ai eu la chance d’avoir l’appui d’hommes qui croyaient en moi et voulaient la présence d’une femme. Je pense que les femmes qui veulent ressembler aux hommes dans leur leadership ont tort. Il faut imposer sa différence, sa propre manière d’être et de faire. Moi j’ai cherché à savoir comment je pouvais m’y prendre autrement pour obtenir le résultat souhaité.

Avouez-nous vos plus belles qualités, les forces dont vous êtes fière?

Je suis curieuse, j’aime me projeter, je suis une instinctive.

Et vos défauts, ceux que vous aimeriez faire disparaître?

Je suis perfectionniste, mais si on l’est trop, ça devient un défaut. Il faut savoir lâcher prise, c’est parfois difficile. Je suis aussi trop exigeante vis-à-vis des autres, parce que je le suis avec moi-même.

Une devise que vous feriez vôtre?

Je n’aime pas les devises… je ne me raccroche pas à des phrases. Je suis quelqu’un qui affronte, qui avance, qui trouve des solutions quand il y a des problèmes.

Claudine Amstein est directrice de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie depuis dix-sept ans. Elle a assumé en parallèle plus de dix ans un mandat politique.

Elle a du caractère, elle défend les intérêts des entreprises et ne recule pas devant les obstacles. «C’est plus difficile, nous confie-t-elle, que de défendre la veuve et l’orphelin.» Il faut du courage bien sûr, et beaucoup de réflexion, pour avancer dans une haute fonction, où la différence se joue dans la stratégie. Claudine Amstein est ferme et déterminée. Mais cette femme de tête est aussi une créative, qui aime travailler l’abstrait et le non-figuratif, pour s’évader pinceau à la main. Elle quittera ses fonctions en mai, parce qu’elle a atteint ses objectifs et aspire à un nouveau challenge, celui de prendre le temps.

Réussir dans la vie, ce n’est pas réussir sa vie… Etes-vous d’accord avec cela?

Réussir sa vie, c’est avoir du plaisir et de la passion pour ce que l’on fait. Ce n’est pas juste réaliser un programme, c’est se réaliser soi-même, se développer, accroître ses connaissances, ses compétences, s’enrichir par le contact…

Et justement votre vie, qu’en pensez-vous?

Mon parcours s’est fait en fonction des opportunités, des rencontres, grâce auxquelles j’ai eu la chance de pouvoir me réaliser. J’ai découvert des facettes de ma personnalité, j’ai pu nourrir ma curiosité, être en contact avec les innovations, les changements…

Aujourd’hui, êtes-vous une femme accomplie, en harmonie avec votre être profond?

Je pense que c’est surtout un chemin que l’on poursuit toute sa vie. On ne peut pas l’être tous les jours; il y a des jours oui, d’autres non, mais ça nous permet de progresser. Je me remets souvent en question, mais fondamentalement ma vie est en harmonie avec mes valeurs. 

Quelle a été la plus dure épreuve de votre vie?

J’ai connu la maladie, un cancer du sein, les opérations et les traitements lourds pendant trois ans… Et au même moment dans ma vie, j’ai dû aussi faire face à un drame familial très difficile. Mais je l’ai affronté et j’ai continué à diriger mon association, donc il n’y avait pas de place pour la maladie. Lorsque l’on est malade, on se découvre des ressources insoupçonnées! En général, on se dit que l’on doit être forte, que l’on ne doit pas montrer ses faiblesses. Moi, j’ai choisi de jouer la transparence, j’ai appris à dire ce que je vivais et je me suis sentie plus forte de parler de mon cancer. Je le vivais en en parlant et j’allais de l’avant. Mais le plus difficile dans la maladie, c’est souvent pour l’entourage…

Vous êtes timide? Pudique?

Ma profession m’a amenée à m’exprimer en public. Mais lorsque j’étais à l’école, j’étais incapable de prendre la parole devant la classe. Avec mes fonctions, j’ai dû sortir de ma zone de confort, prendre sur moi, mais j’ai progressé et c’est gratifiant. Ça me donne aussi l’occasion d’exprimer des convictions, des idées, donc c’est bénéfique.

Qu’est-ce qui pourrait vous interpeller ou révolter au quotidien?

L’individualisme, l’égocentrisme, l’incivisme… La perte du respect est une évolution que je trouve difficile à accepter. 

Qu’est-ce que vous pensez de la place des femmes dans notre société?

Il y a eu un bouleversement assez important ces 20 dernières années… Quand j’ai commencé ma carrière professionnelle, j’étais la première femme directrice de la Chambre vaudoise immobilière, ensuite la première femme directrice de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie, il n’y en avait pas d’autres. Depuis, il y a eu une grande évolution! Lorsque je fais passer des entretiens de recrutement, les femmes sont très souvent meilleures que les hommes! Bien sûr, il y a encore du travail sur la place de la femme dans la société, il y a aussi un problème de positionnement. Il est par exemple difficile de trouver des femmes qui ont envie de s’engager dans des hauts postes à responsabilités ou en politique…

Est-ce que vous avez subi des discriminations à ce niveau?

Dans les années 1990, j’avais 33 ans, ça n’était pas courant d’avoir une femme aussi jeune à un poste important. C’est un milieu extrêmement masculin. Mais j’ai eu la chance d’avoir l’appui d’hommes qui croyaient en moi et voulaient la présence d’une femme. Je pense que les femmes qui veulent ressembler aux hommes dans leur leadership ont tort. Il faut imposer sa différence, sa propre manière d’être et de faire. Moi j’ai cherché à savoir comment je pouvais m’y prendre autrement pour obtenir le résultat souhaité.

Avouez-nous vos plus belles qualités, les forces dont vous êtes fière?

Je suis curieuse, j’aime me projeter, je suis une instinctive.

Et vos défauts, ceux que vous aimeriez faire disparaître?

Je suis perfectionniste, mais si on l’est trop, ça devient un défaut. Il faut savoir lâcher prise, c’est parfois difficile. Je suis aussi trop exigeante vis-à-vis des autres, parce que je le suis avec moi-même.

Une devise que vous feriez vôtre?

Je n’aime pas les devises… je ne me raccroche pas à des phrases. Je suis quelqu’un qui affronte, qui avance, qui trouve des solutions quand il y a des problèmes.