La masculinité toxique est-elle mauvaise pour l’environnement?

Et si certains comportements machistes contribuaient à la pollution et au changement climatique?

Selon une enquête du New York Times, les routes américaines font face à une nouvelle menace: des conducteurs de camions diesel qui modifient leurs moteurs pour émettre de la fumée noire polluante, visant délibérément les piétons et les cyclistes. Certains le font sous prétexte de « protester » contre ce qu’ils appellent « un environnementalisme excessif », tandis que d’autres le font simplement pour s’amuser. Leur technique est simple: faire tourner le moteur, injecter du carburant, et recouvrir les environs de fumée noire. Ces comportements soulèvent des questions sur la relation entre la masculinité toxique et ses actions néfastes pour l’environnement.

L’homme, « le vrai »

D’après une étude de Nielsen, les femmes affichent une sensibilité environnementale plus marquée que les hommes: elles privilégient davantage les produits naturels et moins polluants (37% contre 27% des hommes), se montrent plus enclines à utiliser des sacs réutilisables pour leurs courses (69% contre 54% des hommes), sont par ailleurs plus disposées à payer plus cher pour des produits respectueux de l’environnement (14% contre 12% des hommes), et accordent finalement plus d’attention au tri sélectif des déchets (78% contre 72% des hommes). Sauf que ces tendances s’inscrivent en réalité dans un contexte de préjugés machistes encore très présents dans notre société patriarcale contemporaine.

A lire aussi: Vegan Mania: les plus grands chefs se mettent au vert

La « masculinité hégémonique », plus communément appelé « masculinité toxique » représente un modèle de masculinité dominant imposant une position d’ascendance sur les femmes. Elle promeut des valeurs telles que la misogynie, la force, la violence et la compétition entre hommes. Un modèle qui véhicule divers stéréotypes, dont l’idée que le « vrai homme » est un chasseur dépourvu d’empathie envers les animaux, consommant de la viande pour accroître sa force physique. Pour cause, une enquête menée par No Meat May en Australie a révélé que 73% des hommes interrogés associaient la consommation de viande à la « virilité », certains estimant même qu’il valait mieux mourir jusqu’à dix ans plus tôt que de renoncer à la viande. Cette corrélation entre la viande et la masculinité reflète des préjugés profondément enracinés dans lesquels la consommation de viande est considérée comme intrinsèquement masculine, tandis que les produits à base de plantes sont perçus comme intrinsèquement féminins, souligne la Farming Awareness Coalition.

Anti-écologie

La masculinité toxique est en outre étroitement associée à une passion pour les moteurs et les voitures, perçus comme des symboles de statut social. Les publicités de l’industrie automobile, encore largement dominées par une esthétique masculine, en sont une manifestation évidente. Bien que les femmes soient également conductrices et acheteuses de voitures, l’étude de Nielsen démontre par ailleurs que 30% des femmes préfèrent les transports en commun aux véhicules personnels, un chiffre qui dépasse de près de dix points de pourcentage celui des hommes.

Dans l’ensemble, l’environnementalisme est souvent perçu comme peu compatible avec la virilité. Une étude publiée l’année dernière dans la revue Sex Roles a révélé que certains hommes pourraient éviter d’utiliser des sacs de courses réutilisables de peur d’être jugés comme efféminés ou homosexuels. Selon une étude du Journal of Consumer Research, « les hommes peuvent être incités à éviter voire à s’opposer aux comportements écologiques pour préserver leur identité de genre ». Ce constat souligne le besoin de lutter contre le sexisme et les stéréotypes de genre, une démarche bénéfique pour l’ensemble de la société, y compris pour la préservation de l’environnement.

Autrice: Elisabetta Morro
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur 
elle.com/it. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.

Tags : environnement · homme · voiture

Et si certains comportements machistes contribuaient à la pollution et au changement climatique?

Selon une enquête du New York Times, les routes américaines font face à une nouvelle menace: des conducteurs de camions diesel qui modifient leurs moteurs pour émettre de la fumée noire polluante, visant délibérément les piétons et les cyclistes. Certains le font sous prétexte de « protester » contre ce qu’ils appellent « un environnementalisme excessif », tandis que d’autres le font simplement pour s’amuser. Leur technique est simple: faire tourner le moteur, injecter du carburant, et recouvrir les environs de fumée noire. Ces comportements soulèvent des questions sur la relation entre la masculinité toxique et ses actions néfastes pour l’environnement.

L’homme, « le vrai »

D’après une étude de Nielsen, les femmes affichent une sensibilité environnementale plus marquée que les hommes: elles privilégient davantage les produits naturels et moins polluants (37% contre 27% des hommes), se montrent plus enclines à utiliser des sacs réutilisables pour leurs courses (69% contre 54% des hommes), sont par ailleurs plus disposées à payer plus cher pour des produits respectueux de l’environnement (14% contre 12% des hommes), et accordent finalement plus d’attention au tri sélectif des déchets (78% contre 72% des hommes). Sauf que ces tendances s’inscrivent en réalité dans un contexte de préjugés machistes encore très présents dans notre société patriarcale contemporaine.

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La « masculinité hégémonique », plus communément appelé « masculinité toxique » représente un modèle de masculinité dominant imposant une position d’ascendance sur les femmes. Elle promeut des valeurs telles que la misogynie, la force, la violence et la compétition entre hommes. Un modèle qui véhicule divers stéréotypes, dont l’idée que le « vrai homme » est un chasseur dépourvu d’empathie envers les animaux, consommant de la viande pour accroître sa force physique. Pour cause, une enquête menée par No Meat May en Australie a révélé que 73% des hommes interrogés associaient la consommation de viande à la « virilité », certains estimant même qu’il valait mieux mourir jusqu’à dix ans plus tôt que de renoncer à la viande. Cette corrélation entre la viande et la masculinité reflète des préjugés profondément enracinés dans lesquels la consommation de viande est considérée comme intrinsèquement masculine, tandis que les produits à base de plantes sont perçus comme intrinsèquement féminins, souligne la Farming Awareness Coalition.

Anti-écologie

La masculinité toxique est en outre étroitement associée à une passion pour les moteurs et les voitures, perçus comme des symboles de statut social. Les publicités de l’industrie automobile, encore largement dominées par une esthétique masculine, en sont une manifestation évidente. Bien que les femmes soient également conductrices et acheteuses de voitures, l’étude de Nielsen démontre par ailleurs que 30% des femmes préfèrent les transports en commun aux véhicules personnels, un chiffre qui dépasse de près de dix points de pourcentage celui des hommes.

Dans l’ensemble, l’environnementalisme est souvent perçu comme peu compatible avec la virilité. Une étude publiée l’année dernière dans la revue Sex Roles a révélé que certains hommes pourraient éviter d’utiliser des sacs de courses réutilisables de peur d’être jugés comme efféminés ou homosexuels. Selon une étude du Journal of Consumer Research, « les hommes peuvent être incités à éviter voire à s’opposer aux comportements écologiques pour préserver leur identité de genre ». Ce constat souligne le besoin de lutter contre le sexisme et les stéréotypes de genre, une démarche bénéfique pour l’ensemble de la société, y compris pour la préservation de l’environnement.

Autrice: Elisabetta Morro
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur 
elle.com/it. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.

Tags : environnement · homme · voiture