Rencontre avec Claire Charmet

30 juin 2022 · Modifié · Belinda Gervasoni

Elle est directrice de l’hôpital de La Chaux-de-Fonds et présidente du collège des directions du Réseau hospitalier neuchâtelois. Rencontre avec une femme passionnée.

Petite fille, Claire Charmet se rêvait danseuse étoile. Puis les rencontres l’ont amenée à une carrière dans le milieu médical. Sa maman infirmière, son papa maître d’école, elle a reçu le goût des autres en héritage. Elle qui voulait avoir droit à la parole et aux actes, a eu très tôt des responsabilités importantes. Son jeune âge, son genre féminin et son statut appelant parfois quelques sourires en coin, la Française a su s’imposer en démontrant ses compétences à force de travail. Elle parle de la crise sanitaire avec force, humanité et émotion. Elle formule le souhait pour l’avenir, de conjuguer encore plus de responsabilités.   

Réussir dans la vie, ce n’est pas réussir sa vie… Êtes-vous d’accord avec cela?

Réussir dans la vie, c’est considérer le point de vue social et professionnel. Mais pour réussir sa vie, c’est aussi important d’avoir une vie personnelle équilibrée, l’un va difficilement sans l’autre.

Et justement votre vie, qu’en pensez-vous?

J’ai un métier intéressant, ça a du sens pour moi de participer au service public en travaillant dans un hôpital. J’ai aussi une belle famille que j’aime fort, deux enfants de 7 et 8 ans, et les 3 grands enfants de mon mari que j’aime comme les miens. On ne manque pas d’activité à la maison!

Est-ce que c’est difficile d’être directrice d’hôpital si jeune?

Quand j’ai commencé j’avais 26 ans et un certain degré d’inconscience! J’étais DRH de l’hôpital et directrice d’un EMS. J’ai investi beaucoup de temps et d’énergie depuis très jeune dans ces fonctions-là. Parfois, c’est difficile, il y a des décisions importantes à prendre, des conséquences, des gens qui ne sont pas contents, l’hôpital public est soumis à beaucoup de contraintes, parfois contradictoires. Il faut équilibrer les contraintes et les valeurs pour que le système tienne malgré tout et que tout le monde s’y retrouve.

Quelles qualités vous ont permis de réussir?

Pour être un bon directeur d’hôpital, il faut beaucoup d’humilité, beaucoup d’écoute; ce n’est pas parce qu’on maîtrise une technicité, RH, financière, management ou gestion… que l’on réussit vraiment, ça ne suffit pas. Ce qui fait la différence, c’est de s’intéresser. Un hôpital est organique, chaque mouvement dans l’organisation peut avoir des impacts ailleurs. Pendant mes études, j’ai travaillé comme personnel d’entretien, j’ai pu observer les unités de soins de l’intérieur. Je garde en tête ce que j’en ai appris pour prendre les meilleures décisions de gestion possible. Il faut écouter les gens pour connaître leurs contraintes, il faut sortir d’une posture managériale pure pour que ça fonctionne au niveau humain. Il faut comprendre que si les collaborateurs ne sont pas bien, il est probable que les patients ne le seront pas non plus.

Avouez-nous vos défauts, ceux que vous aimeriez faire disparaître d’un coup de baguette?

J’essaie de résister très fort à l’envie de râler, mais je suis Française, j’ai des mauvaises habitudes!

Qu’est ce qui a été le plus difficile dans la crise du Covid?

La première vague qui a déferlé plus vite que nos connaissances et où il a fallu tout apprendre! Il fallait s’informer en temps réel sur le virus, les symptômes, les traitements, les mesures de protection, mais également trouver du matériel, des ressources et réorganiser l’hôpital de fond en comble! J’ai vécu tout ça avec des équipes extraordinaires qui ont tenu le cap. Le moment le plus difficile est celui où nous avons rédigé le protocole de sédation profonde pour les EMS. Quand on travaille en gériatrie, on sait que les patients vont partir un jour. Mais là il s’agissait d’écrire un protocole pour des patients dont nous savions qu’ils allaient mourir parce qu’il n’y avait pas assez de places en réanimation en France. C’était très difficile et je serai longtemps hantée par le regard des gériatres ce jour-là.

Qu’avez-vous appris?

Quand tout le monde tire la même corde on va très très loin et on est capable de vraiment beaucoup. Le système de valeur des soignants est extraordinaire! Il faut avoir le service de l’autre chevillé au corps.

Qu’est-ce qui vous interpelle ou vous révolte au quotidien?

La mauvaise foi. On peut tout résoudre si on pose bien le problème. Mais pour bien poser le problème, il faut pouvoir bien énoncer la réalité.

Les psychologues et les analystes, vous les fréquentez?

Je suis mariée à un psychiatre, mais je ne consulte pas!

Quels sont vos rêves aujourd’hui?

Je veux montrer à mes enfants que c’est important d’avoir un travail passionnant, d’apprendre toujours de nouvelles choses et qu’on peut beaucoup travailler en étant quand même là pour faire les devoirs et des câlins.

Une devise que vous feriez vôtre?

On ne peut pas s’attendre, en ayant le même comportement, à obtenir un résultat différent.

Elle est directrice de l’hôpital de La Chaux-de-Fonds et présidente du collège des directions du Réseau hospitalier neuchâtelois. Rencontre avec une femme passionnée.

Petite fille, Claire Charmet se rêvait danseuse étoile. Puis les rencontres l’ont amenée à une carrière dans le milieu médical. Sa maman infirmière, son papa maître d’école, elle a reçu le goût des autres en héritage. Elle qui voulait avoir droit à la parole et aux actes, a eu très tôt des responsabilités importantes. Son jeune âge, son genre féminin et son statut appelant parfois quelques sourires en coin, la Française a su s’imposer en démontrant ses compétences à force de travail. Elle parle de la crise sanitaire avec force, humanité et émotion. Elle formule le souhait pour l’avenir, de conjuguer encore plus de responsabilités.   

Réussir dans la vie, ce n’est pas réussir sa vie… Êtes-vous d’accord avec cela?

Réussir dans la vie, c’est considérer le point de vue social et professionnel. Mais pour réussir sa vie, c’est aussi important d’avoir une vie personnelle équilibrée, l’un va difficilement sans l’autre.

Et justement votre vie, qu’en pensez-vous?

J’ai un métier intéressant, ça a du sens pour moi de participer au service public en travaillant dans un hôpital. J’ai aussi une belle famille que j’aime fort, deux enfants de 7 et 8 ans, et les 3 grands enfants de mon mari que j’aime comme les miens. On ne manque pas d’activité à la maison!

Est-ce que c’est difficile d’être directrice d’hôpital si jeune?

Quand j’ai commencé j’avais 26 ans et un certain degré d’inconscience! J’étais DRH de l’hôpital et directrice d’un EMS. J’ai investi beaucoup de temps et d’énergie depuis très jeune dans ces fonctions-là. Parfois, c’est difficile, il y a des décisions importantes à prendre, des conséquences, des gens qui ne sont pas contents, l’hôpital public est soumis à beaucoup de contraintes, parfois contradictoires. Il faut équilibrer les contraintes et les valeurs pour que le système tienne malgré tout et que tout le monde s’y retrouve.

Quelles qualités vous ont permis de réussir?

Pour être un bon directeur d’hôpital, il faut beaucoup d’humilité, beaucoup d’écoute; ce n’est pas parce qu’on maîtrise une technicité, RH, financière, management ou gestion… que l’on réussit vraiment, ça ne suffit pas. Ce qui fait la différence, c’est de s’intéresser. Un hôpital est organique, chaque mouvement dans l’organisation peut avoir des impacts ailleurs. Pendant mes études, j’ai travaillé comme personnel d’entretien, j’ai pu observer les unités de soins de l’intérieur. Je garde en tête ce que j’en ai appris pour prendre les meilleures décisions de gestion possible. Il faut écouter les gens pour connaître leurs contraintes, il faut sortir d’une posture managériale pure pour que ça fonctionne au niveau humain. Il faut comprendre que si les collaborateurs ne sont pas bien, il est probable que les patients ne le seront pas non plus.

Avouez-nous vos défauts, ceux que vous aimeriez faire disparaître d’un coup de baguette?

J’essaie de résister très fort à l’envie de râler, mais je suis Française, j’ai des mauvaises habitudes!

Qu’est ce qui a été le plus difficile dans la crise du Covid?

La première vague qui a déferlé plus vite que nos connaissances et où il a fallu tout apprendre! Il fallait s’informer en temps réel sur le virus, les symptômes, les traitements, les mesures de protection, mais également trouver du matériel, des ressources et réorganiser l’hôpital de fond en comble! J’ai vécu tout ça avec des équipes extraordinaires qui ont tenu le cap. Le moment le plus difficile est celui où nous avons rédigé le protocole de sédation profonde pour les EMS. Quand on travaille en gériatrie, on sait que les patients vont partir un jour. Mais là il s’agissait d’écrire un protocole pour des patients dont nous savions qu’ils allaient mourir parce qu’il n’y avait pas assez de places en réanimation en France. C’était très difficile et je serai longtemps hantée par le regard des gériatres ce jour-là.

Qu’avez-vous appris?

Quand tout le monde tire la même corde on va très très loin et on est capable de vraiment beaucoup. Le système de valeur des soignants est extraordinaire! Il faut avoir le service de l’autre chevillé au corps.

Qu’est-ce qui vous interpelle ou vous révolte au quotidien?

La mauvaise foi. On peut tout résoudre si on pose bien le problème. Mais pour bien poser le problème, il faut pouvoir bien énoncer la réalité.

Les psychologues et les analystes, vous les fréquentez?

Je suis mariée à un psychiatre, mais je ne consulte pas!

Quels sont vos rêves aujourd’hui?

Je veux montrer à mes enfants que c’est important d’avoir un travail passionnant, d’apprendre toujours de nouvelles choses et qu’on peut beaucoup travailler en étant quand même là pour faire les devoirs et des câlins.

Une devise que vous feriez vôtre?

On ne peut pas s’attendre, en ayant le même comportement, à obtenir un résultat différent.