Ce n’était pas forcément une vocation au départ, mais un jour elle est tombée amoureuse de la mode. La styliste genevoise Fanny Ooletti crée comme d’autres respirent. Rencontre.
C’est une jeune femme de son temps, joyeuse, enthousiaste et passionnée. Fille d’un père un peu dandy et d’une mère excentrique, elle grandit à Genève, puis, à 17 ans, part suivre une école de mode à Paris. Elle en sort en remportant un prix, et file directement exercer ses talents chez Yves Saint Laurent et Nina Ricci, en 2002, où elle découvre l’art mais aussi l’exigence. Elle y habille des actrices. Une expérience unique, où elle comprend alors que l’esprit sert à la création. Depuis, elle vit et travaille avec ses émotions et la beauté, et considère que la mode a vrai impact sur la personnalité.
ELLE. Fanny Poletti, styliste, quelle femme êtes-vous?
J’étais une très bonne élève à l’école, et je m’intéressais à beaucoup de choses. C’est mon expérience à Paris qui a été déterminante pour moi. Après avoir intégré une école de mode, j’ai découvert tout le foisonnement des grands et petits créateurs. J’ai compris que la mode, c’est spirituel. Si on arrive à porter des vêtements qui reflètent qui on est, on se sent libéré, et on envoie un message fort. Je considère qu’être artiste est avant tout un tempérament.
En quoi Genève est-elle une ville idéale pour créer?
Genève est un berceau formidable pour la création. Il y a beaucoup de nature, une certaine qualité de vie… Dans la Vieille-Ville de Genève je me sens au calme, comme dans un village qui me rappelle mes origines corses…
Quelle rencontre a changé votre trajectoire?
Mon amoureux, Guillaume, qui est un peu ma «muse», car il m’inspire. D’ailleurs je crée aussi sur lui, ainsi que sur mon fils de 8 ans.
Sinon, Stefano Pilati, qui était directeur artistique chez Yves Saint Laurent. Avec lui, j’ai appris la rigueur, la précision presque chirurgicale et l’exigence.
Où vous habillez-vous?
Bien sûr, je porte mes propres créations ainsi que certaines pièces vintage de ma mère. Sinon, j’aime la boutique Studio Cachemire (19, rue du Perron à Genève), où je trouve la maroquinerie de Fold (Virginia et Vanessa) et le prêt-à-porter de Pina Camponeschi, créatrice genevoise. Mais aussi Avant-Garde (13, rue Verdaine à Genève), pour l’éclectisme de ses créateurs pointus, comme Laurence Dacade ou Alexia Demblum. Autre adresse incontournable: Règne Fils (8, rue Verdaine à Genève), qui revisite les fourrures et le cuir de façon très contemporaine.
Parlez-nous de vos qualités premières…
Mon grain de folie, si c’est une qualité… mon enthousiasme, ma détermination. J’ai l’amour du beau, et je suis une instinctive, assez peu rationnelle.
Et vos défauts?
J’ai un sens de l’abnégation et un dévouement qui peuvent me mettre en danger. Je peux complètement m’oublier pour aller aider quelqu’un que j’aime. Je suis aussi hyperperfectionniste, mon obsession des détails épuise tout mon entourage!
» Quand on porte une mode qui nous correspond, on envoie un message fort ! «
Fanny Poletti
À quel type de femme s’adressent vos créations?
À une femme rêveuse et déterminée qui cherche un destin singulier. Bien sûr, on peut penser que porter une veste de velours rouge excentrique n’est pas adapté à toute femme… mais quand elles essaient, petit à petit elles prennent goût à mes créations et les portent de plus en plus.
En dehors de votre passion, qu’aimez-vous?
La musique, – mon amoureux est musicien –, mais aussi le théâtre, le cinéma et la littérature.
Une bonne adresse beauté?
Le Bal des Créateurs, Coiffure & Beauté (25, rue de l’Arquebuse à Genève), pour les talents techniques de Christophe Durand. On y passe des moments de convivialité, on y fait des rencontres, tout en buvant un café. Sinon, pour me détendre, je vais au spa de l’Hôtel Nendaz 4 Vallées (Haute-Nendaz, en Valais).
Votre QG près de votre bureau?
Le Café du Bourg-de-Four, chez Victor (place du Bourg-de-Four à Genève), où l’on sent une âme.
Où faites-vous vos courses?
J’adore le marché de Plainpalais à Genève. J’y vais avec mon fils et mon amoureux.
Une adresse de resto en amoureux?
Le Neptune, pour le côté intimiste et l’ambiance, chez Nicolas Darnauguilhem, (rue de la Coulouvrenière à Genève), qui cuisine avec passion.
Pouvez-vous nous citer une femme que vous admirez?
Je revois souvent les vidéos de Niki de Saint Phalle, plasticienne, peintre, une artiste complète, dont j’aime l’œuvre joyeuse et exubérante. Elle a tout dit sur la beauté et la spiritualité, mais aussi sur l’égalité et la spécificité des femmes.