À 32 ans, style dynamique et sourire désarmant, c’est aux commandes du Téléjournal de la RTS le week-end que la journaliste trace son chemin. Une vie à mille à l’heure.
Il est loin le temps où la jeune Fanny Zürcher faisait ses classes à Léman Bleu. Biennoise d’origine, elle partage son temps entre Genève et Bienne, la ville où elle aime se ressourcer. Elle démarre sur les chapeaux de roues une carrière de journaliste, avec passion, et devient rapidement un des visages marquants de la télévision. Loin des strass et des paillettes, elle se laisse guider par sa simplicité et sa spontanéité, derrière laquelle se cache aussi un sens aigu du détail. Pétillante, curieuse, proche des gens, toujours prête à poser des questions pour mieux comprendre, mieux apprendre, elle a su se faire une place privilégiée dans le cœur des téléspectateurs.
Votre plus belle rencontre, celle qui a influencé votre vie et/ou votre carrière?
Don Quichotte. À 17 ans, j’ai eu la chance d’interpréter le rôle du chevalier à la triste figure pour mon travail de maturité. Trois ans plus tard, lors de mon Erasmus à Valence, ce rôle m’a ouvert les portes d’une troupe de théâtre avec laquelle je suis partie en tournée à travers toute l’Espagne. Durant deux mois, nous avons joué les textes de Cervantès sur les places publiques de petits villages isolés d’Andalousie et d’Estrémadure. Une expérience humaine incroyable qui m’a beaucoup construite. Gestion du stress, confiance en soi, apprentissage d’une langue étrangère, pose de voix… Encore aujourd’hui, j’utilise quotidiennement les outils acquis durant cet été qui m’a complètement changée.
Quelle est la personnalité publique que vous rêveriez de rencontrer?
Jane Goodall et Paul McCartney, deux héros de mon enfance qui n’ont, il est vrai, absolument rien à voir l’un avec l’autre. Petite, j’étais folle d’admiration pour cette femme courageuse partie vivre seule au milieu des chimpanzés, révolutionnant ainsi complètement la science et notre rapport aux animaux. Adolescente, c’est la musique des Beatles qui m’a bouleversée. J’écoutais «Yesterday»en boucle et devenais nostalgique d’une époque que je n’avais pourtant jamais connue.
Votre définition du bonheur?
Une table avec un beau festin à savourer en famille ou entre amis. J’aime être en communauté. C’est bateau, mais c’est vrai, la joie d’un beau moment est toujours décuplée quand celui-ci est partagé. Entre ma famille et ma belle-famille, nous fêtons cinq fois Noël, deux fois Pâques, la Saint-Martin et une quinzaine d’anniversaires chaque année. J’adore ces moments de célébration en tribu.
Qu’est-ce qui vous révolte, qui vous met en colère?
L’injustice peut me faire perdre tous mes moyens, tant elle me met en colère. C’est par exemple aberrant qu’il y ait encore une différence salariale inexpliquée entre hommes et femmes dans un pays comme la Suisse. Face à la crise climatique, j’ai également beaucoup de peine avec le gaspillage et l’idée d’obsolescence programmée.
Comment réagissez-vous face au conflit?
Je l’évite un maximum et suis souvent très lâche face à des situations conflictuelles. J’ai tendance à faire profil bas au lieu de mettre les problèmes sur la table et crever l’abcès. Cela me met parfois dans des situations compliquées à gérer. J’ai clairement une nette marge d’amélioration dans ce domaine.
Observez-vous de la misogynie autour de vous?
Je n’en observe heureusement pas dans mon entourage direct, mais je suis bien consciente qu’il y a encore du chemin à faire. Une présentatrice reçoit, encore aujourd’hui, beaucoup plus de remarques sur son physique, sa façon de s’habiller, de se maquiller et même de parler que son homologue masculin. De plus, j’ai le sentiment que l’on reprochera plus facilement à une journaliste femme de couper la parole ou de poser une question qui dérange.
La célébrité, était-elle parfois lourde à porter?
Lourde non, car le public suisse est dans l’ensemble plutôt bienveillant. Je reçois d’ailleurs souvent des messages de soutien qui me touchent énormément et me poussent à continuer dans les moments de doute. Mais c’est vrai que, dans la sphère privée, c’est parfois fatigant d’être constamment ramenée à son métier. Durant mes week-ends de congé, j’apprécie de faire la fête sans que l’on ne me colle l’étiquette de présentatrice du TJ.
Le petit écran… une drogue?
Ce n’est pas le petit écran qui est grisant mais le direct. Présenter un journal, c’est une véritable montée d’adrénaline que l’on ne retrouve pas dans la vie quotidienne. Les week-ends de présentation, j’ai le sentiment de tout vivre plus intensément, les hauts comme les bas. Ça peut être addictif, mais c’est aussi très fatigant. Je garde les pieds sur terre, car je suis bien consciente que ce métier a aussi sa part d’ombre.
Vos projets d’avenir, des rêves? Une routine beauté à partager?
Prendre plus de temps pour moi. Les défis professionnels se sont un peu enchaînés ces dernières années et m’ont poussée à mettre ma vie personnelle entre parenthèses. J’ai envie de prendre davantage soin de mes proches, de repartir en voyage à l’autre bout du monde et d’apprendre à jouer le «Clair de lune» de Debussy au piano. Ma meilleure routine beauté? Sans aucun doute mon hamac ramené du Yucatán dans lequel je fais des siestes mémorables.