Atteinte d’un cancer en 2014, elle a fondé l’association Hope qui allie équithérapie et art-thérapie pour aider les femmes à se reconstruire et à surmonter leurs traumatismes.
Difficile de ne pas être aimanté par l’énergie solaire d’Annabelle. Nous la rencontrons dans les écuries du château de Neydens au retour de sa sortie matinale avec son cheval, un rituel immuable. L’endroit est sublime, magique; on se sent immédiatement envahi par un sentiment de sérénité. Hope, c’est l’histoire d’Annabelle mais aussi de bien d’autres femmes sur le chemin de la résilience. L’association a déjà accompagné plus de 500 femmes et se développe avec 6 antennes en France et une dès le mois d’avril en Suisse. Ici on soigne les âmes, on rit, on pleure, on se raconte le temps d’une journée ou d’un séjour.
Parlez-nous de votre parcours.
J’ai grandi à Saint-Cergues, en Haute-Savoie entourée par des parents très actifs qui m’ont transmis leur énergie. Une enfance heureuse, proche de la nature et des animaux, et en particulier des poneys. J’ai même monté un mini-centre équestre à 11 ans! Je crois que j’ai toujours eu un tempérament de meneuse. Après des études au Conservatoire d’art dramatique à Genève et une école d’attachée de presse à Lyon, j’ai commencé ma carrière professionnelle comme assistante de Frédéric Lopez, puis comme animatrice d’émissions de télévision en France et en Belgique. Je décide de lever le pied et de m’occuper de mes quatre enfants lorsque nous rentrons en France dans ma région natale. Et puis arrive la maladie, un cancer du sein, un début de cancer de l’utérus et un mélanome…
Qu’est-ce que l’équithérapie?
C’est l’interaction entre les chevaux et les humains pour améliorer la santé mentale, physique et émotionnelle. Cette thérapie est utilisée pour traiter des problèmes d’anxiété, de dépression, de stress post-traumatiques, mais aussi pour accompagner les personnes atteintes de cancer. Cette méthode part du principe que le cheval ne juge pas, il représente le cocon familial, la figure paternelle de par sa force et sa prestance et la maman avec le côté doudou et chaud. Lorsqu’on se love contre lui, cela libère toutes les émotions et on lâche prise.
Comment est née l’association Hope?
Depuis toute petite, j’ai toujours été passionnée par les chevaux. Lorsque mon cancer du sein a été diagnostiqué, mon oncologue Nicolas Chopin m’a préconisé une mastectomie. J’ai accepté à une condition, je voulais pouvoir remonter à cheval trois semaines plus tard, ce qui a été le cas. Au fil des rencontres, nous avons sympathisé et l’idée de créer une association est venue presque naturellement. Si l’annonce de la maladie a été un choc, elle a aussi décuplé mon énergie. J’avais envie de faire de la musique, de chanter, d’écrire et de partager toute cette force avec d’autres femmes. Je ne suis pas croyante, mais j’ai l’impression que tout mon parcours de vie, de la rencontre avec mon mari, à mon ancien métier de journaliste, jusqu’à aujourd’hui mes maladies, tout m’a menée à Hope.
À qui s’adressent les journées découvertes et les stages proposés?
Il faut savoir qu’une femme sur deux souffre de dépression après les traitements. Le but était donc de les accompagner après un cancer du sein en leur offrant un lieu où poser leur maladie. Face à la demande, tous les types de cancer sont désormais pris en compte à n’importe quel stade (sauf contre-indication médicale). J’ai choisi de m’adresser exclusivement aux femmes, car elles ont cette capacité de créer instantanément un esprit de sororité. On est toutes connectées après deux minutes seulement. La maladie peut nous isoler et le fait de se retrouver avec d’autres personnes qui partagent le même parcours de vie permet de libérer la parole. On se livre, le tabou n’existe plus, tout le monde est à égalité. Que ce soit par le biais des différents ateliers, écriture, chanson, développement personnel, EMDR ou par le contact avec les chevaux, les femmes viennent ici pour reprendre confiance en elles. Elles deviennent des Hoptimistes et toutes restent avec nous par la suite en tant que bénévoles ou bénéficiaires.
Vous êtes boulimique de projets, quelles sont les prochaines étapes pour Hope?
Développer d’autres antennes partout en France. J’aimerais que chaque femme malade puisse trouver un centre à moins de 200 km de chez elle. Cela nécessite bien sûr beaucoup de moyens en termes de finances et d’encadrants. Toutes les activités proposées par Hope sont gratuites. Les bénévoles et les dons sont donc les bienvenus. Je monte actuellement une comédie musicale avec Guila Braoudé qui raconte l’histoire de toutes ces femmes que je rencontre. Après une première représentation lors d’un dîner de soutien au Pavillon Gabriel à Paris, j’espère emmener mes Hoptimistes au Festival d’Avignon!
Quelle est votre devise?
Il ne faut pas avoir peur de vivre à 100%. La maladie nous apprend que tout peut s’arrêter demain, alors si on a des idées, des envies, il faut foncer. La maladie n’est pas une fin en soi, c’est le début d’autre chose. La vie n’a plus la même saveur et tout ce que l’on vit après est plus intense, plus précieux.
Quel message aimeriez-vous faire passer?
Allez vous faire dépister, le cancer ça n’arrive pas qu’aux autres. C’est une nécessité absolue.