La championne illumine par sa beauté, pétille de joie de vivre et brille de victoires. À 32 ans, elle est l’une des plus grandes skieuses suisses de l’histoire.
Quand Lara Gut-Behrami arrive pour l’interview, la salle s’illumine. Son allure, ses yeux et son sourire ne passent pas inaperçus. Souvent critiquée, Lara est tout simplement une trentenaire aux goûts simples. Les feux des projecteurs ne l’attirent pas. Elle aspire à une vie paisible et depuis qu’elle s’est mariée en 2018 avec l’ex-footballeur Valon Behrami, ses priorités ont changé. Lara vit aujourd’hui entre l’Italie et le Tessin et reste proche de sa famille.
Ce sont vos parents qui vous ont transmis la passion du ski. Pensez-vous que sans eux, vous seriez devenue la championne de ski que vous êtes?
Non, je ne crois pas. Dans une vie d’athlète, le soutien de la famille est précieux. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir mon père comme entraîneur. Il me connaissait parfaitement et sans lui je pense que j’aurais arrêté depuis des années.
Quelles valeurs vont ont-ils transmis?
Déjà la passion du ski et le courage de m’accrocher. Et puis, ils nous ont toujours inculqués à mon frère et moi, qu’on était les seuls décisionnaires de notre destin et qu’on devait se fixer des objectifs de vie. Ils nous ont toujours dit aussi de positiver et de trouver des solutions dans toutes les situations.
Vous avez fait beaucoup de sacrifices pour devenir l’une des plus grandes skieuses suisses de l’histoire, c’est un choix de vie très strict?
Absolument, mais j’en suis consciente seulement maintenant. J’ai toujours apprécié ce que je fais. Néanmoins, je réalise que toute ma vie tourne autour du ski. Si je me couche tard et ne me soucie pas de mon alimentation, le lendemain, je ne serai pas à 100% de mes possibilités. Il faut savoir s’imposer une ligne de conduite et je sais que je ne vais pas me satisfaire d’une 5e place en sachant que j’aurais pu mieux me préparer.
Devenir une championne signifie être devant les objectifs, on a senti à un moment que c’était difficile à gérer dans votre carrière, est-ce exact?
Effectivement, grandir sous la lumière des projecteurs n’est pas évident. Depuis toujours, mon unique priorité est de skier du mieux possible. Certaines fois, j’ai accepté des interviews parce que je savais que ça faisait partie de mon travail, mais je n’avais rien à dire. Maintenant, je me sens plus à l’aise de refuser.
Les réseaux sociaux, vous avez décidé d’arrêter, ce qui vous prive de partenariats avec des marques?
Je n’ai pas envie de m’exposer, me montrer en vacances ou chez moi. Quand je ne suis pas sur les skis, j’ai besoin d’intimité, de vivre pour ceux que j’aime sans jugement. Quand on veut gagner de l’argent via les réseaux sociaux, il y a un prix à payer qui ne m’intéresse plus.
Vous êtes ambassadrice Rolex, pourquoi avoir accepté?
Souvent, on parle de partenariat avec comme seule priorité le business. Avec Rolex, c’est différent. Quand j’avais 18 ans, je me suis luxé la hanche une semaine avant la signature du contrat, mais Rolex a immédiatement appelé mes parents pour leur dire qu’il était maintenu. J’ai signé pour trois ans alors que je ne savais même pas si j’allais pouvoir continuer le ski. Plein d’autres marques auraient annulé. Je n’oublierai jamais.
On a lu beaucoup de portraits différents sur vous, finalement qui êtes-vous vraiment?
On m’a vue grandir sur les skis. Quand j’étais une gamine de 16 ans, je découvrais ce monde et la popularité, mais maintenant j’ai 32 ans. Même si j’ai une carrière publique, le domaine privé m’appartient. Avec ma vie d’athlète, je suis exposée mais je ne suis pas prête à me laisser faire.
Vous êtes marié à Valon Behrami, que vous apporte-t-il?
Il a changé mon existence et apporté un réel équilibre. Je prends mon travail très au sérieux, mais je me dis que la vie va au-delà des purs résultats sportifs.
Qu’aimez-vous faire avec votre mari?
Tout! On peut passer des journées à regarder des films, partir à Milan se régaler dans de très bons restaus, aller dans un hôtel 5 étoiles à Dubaï ou jardiner, on profite un maximum de notre couple.
Jusqu’à quand allez-vous skier?
Je change beaucoup d’avis. Il y a des jours où je me sens pleine d’énergie, motivée et je veux continuer le plus longtemps possible, mais parfois je me sens vide, fatiguée et j’ai la sensation que le moment est venu d’arrêter. Mon souhait serait de faire encore un championnat du monde, donc de poursuivre jusqu’en 2025, mais je ne sais pas encore.
Comment imaginez-vous votre reconversion?
Je commence à y réfléchir, mais je n’ai rien de précis en tête. On en parle souvent avec Valon, car lui a arrêté le foot l’an dernier. Ces discussions me permettent d’affronter mes doutes et mes peurs liés à ces changements importants. J’aimerais peut-être aider les athlètes en me servant de ce qui m’a manqué au cours de ma carrière. En même temps je me dis, est-ce que je ne sortirai pas complètement du monde du ski?