Longtemps réservée aux plus téméraires, l’immersion en eau froide s’impose aujourd’hui comme un rituel bien-être à part entière.

Se jeter tête la première dans une eau glaciale n’a, à première vue, rien d’une démarche zen ni d’un raccourci vers l’euphorie. Et pourtant… La thérapie par l’eau froide s’impose aujourd’hui comme une alliée précieuse pour booster l’humeur, faire baisser le taux de cortisol (l’hormone du stress) et renforcer notre bien-être global.
Les adeptes des bains glacés — ou des douches froides au saut du lit — sont de plus en plus nombreux à vanter ses bienfaits. Et nous devons l’admettre : nous aussi, nous avons succombé à cette décharge de sérotonine aussi brutale que grisante. Le choc glacé sur la peau, suivi d’un relâchement profond, presque méditatif… Une sensation intense qui, étonnamment, se prolonge des heures durant.
Mais comme pour toute tendance bien-être qui fait le buzz, mieux vaut ne pas plonger tête baissée. La clé ? Y aller avec mesure, écoute et discernement. Car entre les immersions façon Wim Hof et les challenges viraux parfois douteux, il existe un juste milieu. Une voie équilibrée pour intégrer le froid dans son quotidien… sans risquer le choc thermique ni le faux pas.
Pour y voir plus clair, la rédaction ELLE UK a rencontré Alanna Kit, neuroscientifique et cofondatrice de l’espace de thérapie par contraste, Arc, ainsi que Sophie Hellyer, spécialiste sur le sujet et nageuse aguerrie en eaux froides. Ensemble, elles dévoilent les vertus multiples de cette pratique aux allures revigorantes.
Qu’est-ce que la thérapie par l’eau froide ?
« La thérapie par l’eau froide consiste à immerger le corps dans de l’eau froide, généralement entre 10°C et 15°C, pendant une durée spécifique (en général de 5 à 15 minutes) », explique Alanna. « Le bain de glace, lui, est bien plus froid, entre 1 et 5°C, pour environ 2 à 5 minutes. Il est un peu plus extrême et il est prouvé qu’il maximise la récupération et la résilience », précise-t-elle.
La thérapie par contraste, quant à elle, combine chaleur extrême et bains glacés ou eau froide pour renforcer les bienfaits. « Elle consiste à alterner – ou « faire l’arc » – entre une exposition à la chaleur intense et au froid, afin d’activer les réponses naturelles du corps au stress et à la relaxation, optimisant ainsi le fonctionnement du système nerveux », confirme la neuroscientifique.
Si la thérapie par contraste peut intensifier les bienfaits, l’immersion en eau froide, seule, séduit justement par sa simplicité. Accessible, moins exigeante physiquement, elle s’invite facilement dans nos routines bien-être, sans nécessiter un équipement sophistiqué ni une volonté de fer.
La bonne nouvelle ? Il existe mille et une façons d’en profiter. Une baignade vivifiante en lac, un bain glacé façon nordique, une séance en chambre de cryothérapie pour les plus téméraires… ou, plus simplement, une douche froide au réveil pour se reconnecter à son corps dès les premières heures du jour.

Quels sont les bienfaits pour la santé physique et mentale ?
« Le froid peut réduire considérablement l’inflammation, améliorer la récupération et stimuler le métabolisme, l’humeur et l’énergie », explique Alanna Kit. « Il recharge le corps et l’esprit, vous laissant concentré, ancré et euphorique, créant un « high » naturel à la fois mental et physique », ajoute-t-elle.
Les recherches en faveur de cette pratique se multiplient également. Comme elle le souligne, « des études convaincantes sur l’immersion en eau froide montrent qu’elle pourrait ralentir la progression des maladies neurodégénératives, car elle réduit des marqueurs inflammatoires importants dans le corps ».
Selon Healthline, une étude publiée sur les effets de l’immersion en eau froide a également révélé des bienfaits à court terme, notamment une réduction du niveau de stress dans les 12 heures suivant l’exposition au froid. « Une autre revue publiée dans l’International Journal of Circumpolar Health suggère que l’immersion en eau froide pourrait réduire la masse grasse et améliorer la sensibilité à l’insuline, offrant potentiellement une protection contre les maladies cardiovasculaires et métaboliques », ajoute-t-elle.
Comment commencer cette thérapie ?
« Mon conseil est d’accepter l’inconfort dans un cadre sain », explique-t-elle. « Nous, les scientifiques, appelons cela l’hormèse (« le stress bénéfique »), un processus par lequel la croissance et la résilience peuvent émerger grâce à une dose contrôlée de stress. Lorsque nous affrontons l’inconfort de l’eau froide et que nous contrôlons notre respiration, nous parvenons à le dépasser et à en retirer de nombreux bienfaits psychologiques et physiologiques », partage-t-elle.
Pour moi, cela a commencé par une douche froide de trois minutes le matin, avant de passer aux bains glacés et aux chambres de cryothérapie. Se concentrer sur une respiration lente et régulière est essentiel.
Notre respiration nous donne un accès direct au système nerveux, que l’on peut utiliser de deux manières : pour l’activer ou, au contraire, pour le calmer

« Pour simplifier la science : une respiration lente active la branche parasympathique de votre système nerveux. En vous concentrant sur l’allongement de l’expiration, vous ralentissez votre rythme cardiaque, ce qui vous aide à mieux résister au stress provoqué par le froid. Lorsque vous entrez dans l’eau, vous ressentez ce que l’on appelle un « choc thermique », mais en contrôlant votre respiration, vous contrôlez votre réaction face à ce choc, et ainsi, vous devenez plus résilient face au stress », explique-t-elle. « Notre corps n’a qu’une seule réponse au stress : la libération de cortisol ; la réaction est toujours la même, donc en vous exposant régulièrement au froid, vous entraînez votre corps à mieux gérer ce stress », ajoute Sophie.
Si l’immersion en eau froide est saluée pour ses vertus anti-stress, Alanna Kit la recommande aussi à celles et ceux qui souhaitent optimiser leur énergie au quotidien ou explorer les rituels favorisant la longévité. Une routine aussi simple que puissante, à condition de l’aborder avec conscience.
Car, bien sûr, prudence oblige : en cas de problèmes de santé ou de conditions médicales particulières, un avis médical est indispensable. Et face à la multitude de conseils non vérifiés qui circulent en ligne, mieux vaut se fier à des experts plutôt qu’à des influenceurs autoproclamés.
Autrice: Amelia Bell
Cet article a été traduit et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elle.com/uk/. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.