Rencontre avec Estelle Revaz 

25 octobre 2023 · Modifié · Romaine Jean

«Suivez votre passion. Cela vous mènera à votre but». La phrase est d’Oprah Winfrey, mais elle pourrait parfaitement convenir à la violoncelliste, à la carrière internationale, qui se lance aujourd’hui en politique.

Ce qui frappe d’entrée chez Estelle Revaz, c’est son air résolu. Oui, c’est le mot, résolue comme si rien ne pouvait l’arrêter. Ni la dureté du monde de la musique qu’elle a domptée. Ni les obstacles qu’on a voulu placer sur son chemin, lorsqu’elle décide, un jour, en plein Covid, de contraindre les autorités fédérales à indemniser les artistes. Elle réussira à constituer une large coalition pour faire plier Berne. Cette expérience du combat politique, qu’elle raconte dans son livre «La saltimbanque», l’a poussée à se présenter aux élections fédérales d’octobre. Les socialistes genevois croient tellement en elle, qu’ils l’ont placée au deuxième rang de leur liste.

Qui êtes-vous Estelle Revaz?

Je suis violoncelliste, concertiste internationale et auto-entrepreneuse. Je suis indépendante à 100% et vis donc des concerts que je donne à travers le monde. Je suis passionnée par ce que je fais, j’aime rechercher en permanence l’équilibre entre le lâcher-prise et le contrôle, l’audace et la retenue, la fantaisie et la construction, l’idéal et le compromis. J’ai déjà eu la chance de jouer sur quatre continents, ce qui m’a permis de découvrir des gens et des contrées extraordinaires. J’adore mon métier qui offre la possibilité de faire résonner à l’unisson des âmes d’inconnus. Il y a quelque chose de magique au moment du concert qui donne parfois un tel sentiment de liberté qu’on a l’impression de voler.

Quelles sont vos valeurs?

Je pense être profondément humaniste. Pour moi, cela signifie trouver le parfait équilibre entre la liberté individuelle et la dignité d’autrui. C’est s’autoriser à rayonner pleinement tout en laissant aussi les autres briller.

Quel est le moteur qui vous fait avancer?

L’espérance. Penser que rien n’est impossible, s’autoriser à rêver en grand, toujours, même dans l’adversité.

Quelle rencontre a changé votre trajectoire?

Il y en a plusieurs. La rencontre avec la musique, la rencontre avec la violoncelliste Maria Kliegel qui a été une des seules femmes de sa génération à faire une carrière internationale. Plus généralement, les rencontres avec des gens sincères, courageux, engagés et créatifs qui croient en l’avenir et qui véhiculent ainsi un fantastique message d’espoir.

Un évènement qui vous a particulièrement marquée?

La crise du Covid. Du jour au lendemain, l’État a qualifié les gens comme moi de non essentiels, leur a interdit de travailler… sans pour autant avoir l’intention de les indemniser. C’était brutal, comme une sorte de négation de notre identité. Mon instinct de survie m’a poussée à m’engager dans une bataille complètement folle pour faire changer la loi à Berne. Tout le monde m’a dit que je me lançais dans une mission impossible; ils avaient tort et je suis heureuse de pouvoir aujourd’hui en témoigner. Au-delà du résultat politique et du fait que cette base légale a permis d’indemniser les 300 000 actrices et acteurs culturels de notre pays… ça a été une fantastique aventure humaine qui restera gravée dans mon cœur.

Une personnalité politique qui vous inspire?

Elisabeth-Baume Schneider. Elle est toujours restée elle-même malgré le succès et le pouvoir. C’est quelqu’un d’incroyablement humain qui sait être à l’écoute et se montrer sincèrement empathique au moment où on en a besoin.

La politique, c’est…

L’art de trouver des solutions pour que les gens puissent bien vivre ensemble. C’est rester fidèle à ses valeurs profondes tout en créant l’espace nécessaire à la discussion.

En dehors de la musique, qu’aimez-vous?

La nature, la lumière du soleil qui se transforme en permanence et qui permet de voir le monde de façon multicolore. 

Quels sont les restaurants que vous aimez fréquenter?

Les adresses un peu originales comme le Cottage Café à Genève en face du monument Brunswick.

Un service à partager avec nos lectrices? 

Tendre la main à un ou une inconnue qui semble avoir besoin d’aide. Parfois un sourire, quelques minutes d’écoute peuvent changer le cours d’une vie.

Comment surmontez-vous les épreuves de la vie?

En m’accrochant au fil rouge de ma vie: la musique. En évoluant dans un secteur encore sexiste qui peine à se départir de pratiques parfois très violentes, j’ai déjà visité le 7e sous-sol. Mais je me suis toujours raccrochée à mon violoncelle pour remonter. La résilience, c’est accepter qu’on ne peut pas changer le passé, mais qu’on peut l’utiliser pour rebondir de façon lumineuse. 

Une adresse quand vous êtes déprimée?

Le bord du lac de Genève, bien sûr! Et pourquoi pas une petite parenthèse au Bain-Bleu que j’ai découvert récemment.

Êtes-vous épicurienne? 

J’aime la vie, j’aime me sentir vivante. Ça passe aussi par le plaisir de repousser mes limites encore et encore. Mais j’apprécie aussi une sieste au soleil ou la sensation du vent qui effleure mon visage.

Une maxime qui vous anime?

J’aime beaucoup la phrase d’Alexandra David-Néel: «Choisissez une étoile, ne la quittez pas des yeux.»

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«Suivez votre passion. Cela vous mènera à votre but». La phrase est d’Oprah Winfrey, mais elle pourrait parfaitement convenir à la violoncelliste, à la carrière internationale, qui se lance aujourd’hui en politique.

Ce qui frappe d’entrée chez Estelle Revaz, c’est son air résolu. Oui, c’est le mot, résolue comme si rien ne pouvait l’arrêter. Ni la dureté du monde de la musique qu’elle a domptée. Ni les obstacles qu’on a voulu placer sur son chemin, lorsqu’elle décide, un jour, en plein Covid, de contraindre les autorités fédérales à indemniser les artistes. Elle réussira à constituer une large coalition pour faire plier Berne. Cette expérience du combat politique, qu’elle raconte dans son livre «La saltimbanque», l’a poussée à se présenter aux élections fédérales d’octobre. Les socialistes genevois croient tellement en elle, qu’ils l’ont placée au deuxième rang de leur liste.

Qui êtes-vous Estelle Revaz?

Je suis violoncelliste, concertiste internationale et auto-entrepreneuse. Je suis indépendante à 100% et vis donc des concerts que je donne à travers le monde. Je suis passionnée par ce que je fais, j’aime rechercher en permanence l’équilibre entre le lâcher-prise et le contrôle, l’audace et la retenue, la fantaisie et la construction, l’idéal et le compromis. J’ai déjà eu la chance de jouer sur quatre continents, ce qui m’a permis de découvrir des gens et des contrées extraordinaires. J’adore mon métier qui offre la possibilité de faire résonner à l’unisson des âmes d’inconnus. Il y a quelque chose de magique au moment du concert qui donne parfois un tel sentiment de liberté qu’on a l’impression de voler.

Quelles sont vos valeurs?

Je pense être profondément humaniste. Pour moi, cela signifie trouver le parfait équilibre entre la liberté individuelle et la dignité d’autrui. C’est s’autoriser à rayonner pleinement tout en laissant aussi les autres briller.

Quel est le moteur qui vous fait avancer?

L’espérance. Penser que rien n’est impossible, s’autoriser à rêver en grand, toujours, même dans l’adversité.

Quelle rencontre a changé votre trajectoire?

Il y en a plusieurs. La rencontre avec la musique, la rencontre avec la violoncelliste Maria Kliegel qui a été une des seules femmes de sa génération à faire une carrière internationale. Plus généralement, les rencontres avec des gens sincères, courageux, engagés et créatifs qui croient en l’avenir et qui véhiculent ainsi un fantastique message d’espoir.

Un évènement qui vous a particulièrement marquée?

La crise du Covid. Du jour au lendemain, l’État a qualifié les gens comme moi de non essentiels, leur a interdit de travailler… sans pour autant avoir l’intention de les indemniser. C’était brutal, comme une sorte de négation de notre identité. Mon instinct de survie m’a poussée à m’engager dans une bataille complètement folle pour faire changer la loi à Berne. Tout le monde m’a dit que je me lançais dans une mission impossible; ils avaient tort et je suis heureuse de pouvoir aujourd’hui en témoigner. Au-delà du résultat politique et du fait que cette base légale a permis d’indemniser les 300 000 actrices et acteurs culturels de notre pays… ça a été une fantastique aventure humaine qui restera gravée dans mon cœur.

Une personnalité politique qui vous inspire?

Elisabeth-Baume Schneider. Elle est toujours restée elle-même malgré le succès et le pouvoir. C’est quelqu’un d’incroyablement humain qui sait être à l’écoute et se montrer sincèrement empathique au moment où on en a besoin.

La politique, c’est…

L’art de trouver des solutions pour que les gens puissent bien vivre ensemble. C’est rester fidèle à ses valeurs profondes tout en créant l’espace nécessaire à la discussion.

En dehors de la musique, qu’aimez-vous?

La nature, la lumière du soleil qui se transforme en permanence et qui permet de voir le monde de façon multicolore. 

Quels sont les restaurants que vous aimez fréquenter?

Les adresses un peu originales comme le Cottage Café à Genève en face du monument Brunswick.

Un service à partager avec nos lectrices? 

Tendre la main à un ou une inconnue qui semble avoir besoin d’aide. Parfois un sourire, quelques minutes d’écoute peuvent changer le cours d’une vie.

Comment surmontez-vous les épreuves de la vie?

En m’accrochant au fil rouge de ma vie: la musique. En évoluant dans un secteur encore sexiste qui peine à se départir de pratiques parfois très violentes, j’ai déjà visité le 7e sous-sol. Mais je me suis toujours raccrochée à mon violoncelle pour remonter. La résilience, c’est accepter qu’on ne peut pas changer le passé, mais qu’on peut l’utiliser pour rebondir de façon lumineuse. 

Une adresse quand vous êtes déprimée?

Le bord du lac de Genève, bien sûr! Et pourquoi pas une petite parenthèse au Bain-Bleu que j’ai découvert récemment.

Êtes-vous épicurienne? 

J’aime la vie, j’aime me sentir vivante. Ça passe aussi par le plaisir de repousser mes limites encore et encore. Mais j’apprécie aussi une sieste au soleil ou la sensation du vent qui effleure mon visage.

Une maxime qui vous anime?

J’aime beaucoup la phrase d’Alexandra David-Néel: «Choisissez une étoile, ne la quittez pas des yeux.»

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