Marthe Keller: «Mon cœur est resté en Suisse»

27 mai 2024 · Julie Vasa

Si sa carrière auprès des plus grands acteurs et réalisateurs tels que Al Pacino, Brando, Mastroianni, Wilder… l’a éloignée de ses terres helvétiques, Marthe Keller y revient toujours avec plaisir. Récitante aux Sommets musicaux de Gstaad, actrice au théâtre à Vevey… elle est une femme heureuse.

ELLE: Vous avez été récitante dans La Légende de la belle Maguelonne à Gstaad. Comment l’idée de ce spectacle est-elle née?
Marthe Keller: C’était il y a bien longtemps! Philippe Jordan, un chef d’orchestre que j’adore, me l’avait proposé. Mais il a dû renoncer. Le spectacle a tout de même été monté à Paris et je l’ai joué à de nombreuses reprises.
 
Votre interprétation a-t-elle évolué?
Pas tellement. Cette œuvre est écrite dans une langue qui n’existe plus aujourd’hui, parfois un peu désuète mais très poétique. Il ne faut jamais essayer d’être plus fort que le texte, cynique ou blasé. J’ai simplement fait de petites coupures, car c’est un programme pour les enfants que j’ai choisi. Renaud Capuçon m’avait laissé carte blanche.

A lire aussi: « La Suisse est un havre de paix, propice à la création »: avec le violoniste Renaud Capuçon
 
Pas de place à l’improvisation: n’est-ce pas un peu frustrant pour la grande actrice que vous êtes?
Accepter quelque chose que l’on n’aime pas faire par nécessité est frustrant. Mais là, c’est du pur plaisir. Il s’agit de littérature, entre le cinéma et théâtre et j’adore. J’ai toujours aimé faire des lectures.
 
N’aviez-vous pas envisagé d’ailleurs de créer un festival littéraire à Verbier?
J’aurais aimé, mais je ne suis pas certaine finalement que ce soit le lieu idéal. La station réunit des sportifs, plutôt en hiver, pas forcément avides de lecture. C’est dommage, car je trouve qu’on est bombardés par l’imagerie. J’aurais rêvé d’un salon littéraire où les gens se mettent autour du piano, un lieu où il y aurait des journaux du monde entier, du café, du thé, du vin et où l’on vient pour écouter, improviser, parler, échanger, lire, chanter… Mais c’est une utopie!

A lire aussi: « Faire un film tient du miracle »: avec Vincent Perez, fondateur des Rencontres du 7e Art Lausanne
 
Alors que l’on vous sait en tournage pour un projet américain, vous venez de remonter sur les planches suisses. Pour quelle raison?
J’aime beaucoup cette pièce Who plays Who? de Cassavetes. J’ai quitté mon pays très jeune pour des raisons professionnelles, mais mon cœur est resté en Suisse. Dès que je peux, j’y reviens et c’est la première fois que je joue au théâtre depuis mes 17 ans. Je ne regrette rien, mais j’aurais pu rester ici: il y a des acteurs magnifiques, des talents formidables. Sandra Gaudin, qui a mis en scène cette pièce, a l’intelligence de me faire confiance: un mélange de professionnalisme et de légèreté joyeuse. C’est vraiment pour moi une grande découverte.
 
Où puisez-vous une telle énergie pour mener de si beaux projets?
J’ai été élevé par des parents merveilleusement généreux qui m’ont donné confiance et la possibilité de faire ce métier. Et j’ai aussi eu beaucoup de chance dans ma vie privée et dans ma vie professionnelle. Alors le matin, quand je me réveille, je touche du bois: le bonheur est bon pour la santé!

Tags : Théâtre · Suisse · interview

Si sa carrière auprès des plus grands acteurs et réalisateurs tels que Al Pacino, Brando, Mastroianni, Wilder… l’a éloignée de ses terres helvétiques, Marthe Keller y revient toujours avec plaisir. Récitante aux Sommets musicaux de Gstaad, actrice au théâtre à Vevey… elle est une femme heureuse.

ELLE: Vous avez été récitante dans La Légende de la belle Maguelonne à Gstaad. Comment l’idée de ce spectacle est-elle née?
Marthe Keller: C’était il y a bien longtemps! Philippe Jordan, un chef d’orchestre que j’adore, me l’avait proposé. Mais il a dû renoncer. Le spectacle a tout de même été monté à Paris et je l’ai joué à de nombreuses reprises.
 
Votre interprétation a-t-elle évolué?
Pas tellement. Cette œuvre est écrite dans une langue qui n’existe plus aujourd’hui, parfois un peu désuète mais très poétique. Il ne faut jamais essayer d’être plus fort que le texte, cynique ou blasé. J’ai simplement fait de petites coupures, car c’est un programme pour les enfants que j’ai choisi. Renaud Capuçon m’avait laissé carte blanche.

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Pas de place à l’improvisation: n’est-ce pas un peu frustrant pour la grande actrice que vous êtes?
Accepter quelque chose que l’on n’aime pas faire par nécessité est frustrant. Mais là, c’est du pur plaisir. Il s’agit de littérature, entre le cinéma et théâtre et j’adore. J’ai toujours aimé faire des lectures.
 
N’aviez-vous pas envisagé d’ailleurs de créer un festival littéraire à Verbier?
J’aurais aimé, mais je ne suis pas certaine finalement que ce soit le lieu idéal. La station réunit des sportifs, plutôt en hiver, pas forcément avides de lecture. C’est dommage, car je trouve qu’on est bombardés par l’imagerie. J’aurais rêvé d’un salon littéraire où les gens se mettent autour du piano, un lieu où il y aurait des journaux du monde entier, du café, du thé, du vin et où l’on vient pour écouter, improviser, parler, échanger, lire, chanter… Mais c’est une utopie!

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Alors que l’on vous sait en tournage pour un projet américain, vous venez de remonter sur les planches suisses. Pour quelle raison?
J’aime beaucoup cette pièce Who plays Who? de Cassavetes. J’ai quitté mon pays très jeune pour des raisons professionnelles, mais mon cœur est resté en Suisse. Dès que je peux, j’y reviens et c’est la première fois que je joue au théâtre depuis mes 17 ans. Je ne regrette rien, mais j’aurais pu rester ici: il y a des acteurs magnifiques, des talents formidables. Sandra Gaudin, qui a mis en scène cette pièce, a l’intelligence de me faire confiance: un mélange de professionnalisme et de légèreté joyeuse. C’est vraiment pour moi une grande découverte.
 
Où puisez-vous une telle énergie pour mener de si beaux projets?
J’ai été élevé par des parents merveilleusement généreux qui m’ont donné confiance et la possibilité de faire ce métier. Et j’ai aussi eu beaucoup de chance dans ma vie privée et dans ma vie professionnelle. Alors le matin, quand je me réveille, je touche du bois: le bonheur est bon pour la santé!

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