Le Choix Goncourt de la Suisse s’est porté pour sa dixième édition sur Sandrine Collette. La romancière sera présente à l’Université de Neuchâtel, mardi 13 mai. Son roman Madelaine avant l’aube (2025) use d’un processus narratif surprenant.

Le prix Goncourt a fait des émules: nombreux sont désormais les pays à élire leur Choix Goncourt à partir d’une liste établie chaque année par la célèbre Académie. Leur particularité? Ils sont décernés par des jurys d’étudiants francophones à travers le monde, encadrés par des professeurs pour lire ainsi les romans sélectionnés, délibérer et procéder à un choix.
La Suisse s’est lancée dans l’aventure en 2015 sous l’impulsion de Pierre Assouline, membre de l’Académie Goncourt, et de Robert Kopp, président de la Société d’études françaises de Bâle. Parrainé par l’Académie Goncourt, le Choix Goncourt de la Suisse est coordonné par l’Ambassade de France en Suisse et soutenu par l’Agence universitaire de la Francophonie – Europe occidentale, Payot Libraire et l’AMOPA – Section de Suisse. Le jury constitué par neuf établissements, a la particularité d’être multilingue puisque les écoles et universités participantes se trouvent dans les trois régions linguistiques du pays (Suisse romande, alémanique et tessinoise).
Après Neige Sinno et son son livre Triste tigre (2023), le Choix Goncourt de la Suisse s’est cette année concentrée sur le roman de Sandrine Collette, Madelaine avant l’aube (2024). La romancière sera présente à l’Université de Neuchâtel le 13 mai à 18h (Aula des Jeunes-Rives ; entrée libre sur inscription). Une rencontre littéraire à ne pas manquer!
Portrait saisissant d’une jeune fille éprise de liberté
Dans Madelaine avant l’aube, Madelaine est une « enfant de la faim », orpheline, le genre de petite fille impossible à oublier après la lecture du livre de Sandrine Collette dont elle est l’héroïne. Lorsqu’elle fait irruption un beau jour dans un hameau de campagne constitué de trois maisons, elle est affamée. Tous l’ignorent alors mais la vie des habitants ne sera dès lors plus la même.

Eugène et Aelis ont eut cinq fils dont trois ont survécu à leurs dures conditions de vie. Dans la maison voisine résident Ambre, la sœur jumelle d’Aelis, et Léon, qui eux, sont seuls. La troisième ferme abrite la vieille Rose et Bran. Lorsque cette dernière découvre la petite, elle la confie naturellement à Ambre, comblée. Les journées s’enchaînent, semblables les unes aux autres, dans cette région âpre aux hivers interminables. Tous, sous le joug du Seigneur des terres, triment du matin au soir et tentent de subsister, luttant sans répit contre le froid glacial, le manque de nourriture, évitant les multiples dangers qui les menacent de toutes parts. Une bonne partie des récoltes pourtant bien maigres et insuffisantes, est systématiquement prélevée par le Seigneur Ambroisie dont le fils terrifie la population, en particulier féminine. Une féodalité incontestée. Mais la sauvage Madelaine elle, ne se résigne en aucune façon. Intrépide et volontaire, elle lutte de toutes ses forces avec les moyens dont elle dispose, animée par une rage de vivre et une folle envie de liberté. Ne ménageant rien ni personne, surtout pas elle, elle survit.
Sandrine Collette parvient encore une fois à nous emporter avec elle dans des mondes ténébreux au cœur d’une nature reculée et hostile. Usant d’un processus narratif surprenant, elle nous cueille, au point de revenir en arrière pour comprendre ce qui a pu nous échapper. Un style incomparable et le portrait saisissant d’une jeune fille éprise de liberté.
La romancière a été distinguée par de nombreux prix littéraires pour ce livre, en particulier par le prestigieux prix Goncourt des Lycéens.
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