Usain Bolt : « Peu de gens le savent, mais j’ai perdu mon père récemment »

Plusieurs fois champion olympique et détenteur de records du monde inégalés, Usain Bolt demeure, derrière l’icône planétaire, un homme simple, fidèle aux valeurs léguées par ses parents: respect, discipline, travail. Père comblé et compagnon attentif, il partage la joie de voir grandir ses enfants, l’équilibre trouvé auprès de sa compagne et la sérénité d’une vie après la piste. Récemment devenu ambassadeur du tourisme mondial de la Jamaïque, il aborde ce rôle avec fierté et s’implique dans des projets associatifs qui lui tiennent à cœur. Une rencontre rare, empreinte de sincérité.

ELLE Suisse : Y a-t-il une phrase ou un principe qui vous a toujours guidé, même dans les moments les plus intenses?
Usain Bolt : Oui. Mon père me répétait: «Travaille dur pour obtenir ce que tu veux.» Il ne se contentait pas de le dire, il me l’a montré. Il a toujours travaillé dur pour subvenir aux besoins de notre famille. En grandissant, il m’a raconté les épreuves traversées. Enfant, je ne m’en rendais pas compte, mais adulte, j’ai compris ses sacrifices et ce qu’ils impliquaient pour lui. Aujourd’hui, avec ma propre famille, ça prend tout son sens. J’espère transmettre cette force à mes enfants.

Si vous n’étiez pas devenu athlète professionnel, qu’auriez-vous aimé faire?
Honnêtement, j’aurais toujours choisi le sport. Mon père, passionné de cricket, m’a transmis cette passion. Je n’ai jamais rêvé d’être policier ou pompier. Le sport était mon univers, je n’aurais rien pu faire d’autre.

Pourquoi avoir choisi Hublot parmi toutes les marques qui vous ont approché?
Quand Hublot m’a contacté, la marque était en pleine expansion. On a pris le temps de faire des recherches et découvert qu’ils soutenaient de nombreuses œuvres caritatives. Maison jeune, audacieuse, dynamique: ça me correspondait. J’ai tout de suite eu envie de m’impliquer, de contribuer. Aujourd’hui, cela fait 16 ans que nous sommes partenaires. Une vraie bonne décision.

Et côté cœur : vous êtes en couple depuis longtemps. Quel est votre secret?
Nous ne sommes pas encore mariés, mais ça approche. Au début, c’était compliqué, comme pour beaucoup de jeunes couples. Nous avons appris à nous comprendre, à savoir ce que nous aimions ou non. Nous avons pris notre temps, nous nous sommes apprivoisés petit à petit. Aujourd’hui, nous nous connaissons par cœur. C’est une belle relation, et j’en suis très heureux.

Vous avez fondé une famille?
Oui, nous avons trois enfants, et c’est magnifique. Nous partageons les mêmes valeurs. Dès le début, je lui ai confié que je voulais les élever dans la discipline, le respect et la politesse, et que je serai un père exigeant, comme le mien l’a été avec moi.

Vous avez donc le mauvais rôle?
(Rires). Oui, clairement. Et ça me va! Elle est douce, moi plus strict : ça fonctionne. Question d’équilibre.

Qu’est-ce que la paternité a changé chez vous?
Avant d’avoir des enfants, j’étais impatient : je voulais que tout aille vite. Depuis que je suis père, j’ai appris à être patient. Avec les enfants, il faut leur laisser du temps pour apprendre et se développer à leur rythme. C’est presque l’opposé de ce que j’étais. Ça m’a transformé : j’apprends à ralentir, observer, écouter.

Est-ce qu’il vous arrive de vous sentir vulnérable?
Oui, bien sûr. Surtout avec ma compagne. J’essaie d’être sincère, ouvert, vulnérable. Peu de gens le savent, mais j’ai perdu mon père récemment. Dans ces moments, vous ne pouvez pas faire semblant. Vous devez être vrai, surtout avec ceux que vous aimez.

Vous avez l’air très calme. Qu’est-ce qui peut vous mettre en colère?
En général, je suis très posé. Si une situation devient tendue, je m’éloigne plutôt que d’exploser. Je ne m’énerve pas pour un rien. Même face aux difficultés du monde, j’essaie de ne pas me laisser envahir par le négatif. Je regarde peu les infos, je ne lis pas les commentaires haineux. Je préfère passer du temps avec mes amis et garder une énergie positive.

Mais il doit bien y avoir quelque chose qui vous agace?
Oui… Manchester United ! (Rires). Le foot peut vraiment m’énerver, surtout quand les résultats ne suivent pas !

Si vous deviez résumer votre philosophie de vie en quelques mots?
Humilité, respect, travail, sacrifice.

Sacrifice ? C’est un mot fort.
Oui. Mais c’est la réalité. En tant qu’athlète, vous sacrifiez beaucoup. C’est aussi pour ça que je n’ai pas eu d’enfants plus tôt. J’ai vu beaucoup d’autres sportifs rater des moments avec leurs enfants à cause des voyages, de l’entraînement, de la compétition. Je voulais être présent. Aujourd’hui, j’ai ce luxe : je peux décider de travailler ou non, choisir quand je suis disponible. C’est précieux.

Aujourd’hui encore, personne n’a battu vos records. Est-ce que ça vous étonne?
Oui… et non. Le sport évolue, la compétition devient plus intense, les athlètes sont de plus en plus impressionnants. Mais mes records tiennent. Et je crois savoir pourquoi.

Dites-nous.
C’est une combinaison de choses. J’ai toujours senti que j’étais fait pour courir. Au fond de moi, je le savais. J’ai été béni par Dieu, par la vie, pour faire ça. Et j’ai travaillé très très dur. J’ai eu des entraîneurs exceptionnels et des gens autour de moi qui voulaient me pousser, m’aider à aller plus loin. Quelqu’un a dit qu’un athlète exceptionnel n’arrive que tous les dix ans. Alors peut-être faudra-t-il encore attendre un peu.