Matthieu Blazy ou l’ère Chanel que l’on attendait tous

L’univers Chanel est en pleine mutation sous la direction du styliste franco-belge — et il évolue dans la plus enthousiasmante des directions.

Ce mois de la mode a marqué un véritable tournant, rythmé par les débuts très attendus de grands noms à la tête des maisons les plus emblématiques. Mais lundi 6 octobre a été le moment culminant que tout le monde attendait : la première collection de Matthieu Blazy pour Chanel.

Cela faisait près de dix mois que le styliste franco-belge avait été officiellement nommé nouveau directeur artistique de la maison, après une longue période de recherche du candidat idéal. Alors, à la clôture de la Fashion Week de Paris, l’impatience autour de ce premier défilé avait atteint son paroxysme.

Mais l’effervescence allait bien au-delà d’un simple changement de direction artistique — un exercice devenu presque banal dans la mode ces dernières années. L’arrivée de Matthieu Blazy ouvre un tout nouveau chapitre pour la maison de couture centenaire, fondée il y a 115 ans. Sa prédécesseure, Virginie Viard, était l’ombre fidèle de Karl Lagerfeld, ayant œuvré à ses côtés pendant des décennies avant de reprendre les rênes en 2019. Blazy, lui, débarque chez Chanel avec un regard entièrement neuf. Et quel regard.

Coco Chanel réssuscitée

En apparence, ce défilé marquait une rupture radicale dans l’histoire de Chanel — une nouvelle direction audacieuse, toujours ancrée dans les codes emblématiques de la maison (le tweed, la camélia, les escarpins bicolores), certes, mais clairement éloignée de ce que l’on attendait habituellement de la griffe.
Et pourtant, Matthieu Blazy a pleinement incarné l’esprit de Gabrielle « Coco » Chanel. Comme elle, il a révolutionné la manière dont les femmes s’habillent en prônant une modernité totale et en leur offrant une liberté nouvelle — deux notions qui ont servi de fil conducteur à sa collection ce soir-là.

Les notes du défilé décrivaient la collection comme une conversation entre Matthieu Blazy et Mademoiselle Chanel. Les blazers au tailoring masculin étaient coupés courts, nets, les manches retroussées, associés à des jupes portefeuille laissant entrevoir la jambe, les ourlets volontairement bruts. Les chemises d’homme — inspirées de celles de la maison Charvet, que Coco Chanel empruntait à Boy Capel — étaient portées décontractées, non rentrées, sur des jupes amples à ourlet plongeant. Les robes, elles, oscillaient entre un style art déco en blanc souligné de lignes noires graphiques, et des coupes fluides et soyeuses, rehaussées d’une unique camélia posée sur la hanche. Enfin, les jupes volumineuses ornées de plumes ont apporté une touche spectaculaire, notamment celle multicolore qui a clôturé le show, portée avec un simple T-shirt en soie, comme un clin d’œil à l’équilibre parfait entre raffinement et désinvolture.

Dans le milieu de la mode, Matthieu Blazy est considéré comme un véritable maître artisan. (Rappelons que c’est lui qui avait réussi à nous faire croire qu’un ensemble entièrement en cuir n’était qu’un simple jean et un débardeur glissés sous une chemise à carreaux.) Chez Bottega Veneta, il avait déjà mis en lumière ce savoir-faire d’exception, mêlant souvent trompe-l’œil virtuoses et références culturelles éclectiques. Un cocktail qui avait fait de ses défilés parmi les plus attendus de la Fashion Week de Milan, saison après saison.

Ce talent pour équilibrer sophistication et espièglerie s’est confirmé ce soir-là. Des silhouettes scintillantes de perles étaient coiffées de chapeaux extravagants ornés de plumes, tandis que des tailleurs « tweed » semblaient peints sur une soie transparente, transformant un tissu habituellement lourd en une matière presque immatérielle. D’autres ensembles, eux, imitaient le tweed par un jeu de maille, quand des manteaux de tweed véritables se dissolvaient subtilement en franges perlées, apportant un mouvement inattendu à des lignes jusque-là rigides.

Pour le décor, Matthieu Blazy a métamorphosé le Grand Palais en un spectaculaire univers interstellaire : les mannequins défilaient entre des planètes multicolores, tandis que le sol laqué reflétait les lumières étincelantes qui brillaient comme des étoiles au-dessus d’eux.

Au premier rang, la nouvelle ambassadrice Ayo Edebiri côtoyait une pléiade de personnalités, parmi lesquelles Catherine Deneuve, Tilda Swinton, Nicole Kidman, Penélope Cruz et Pedro Pascal.

L’univers de Chanel est bel et bien en train de se réinventer sous l’impulsion de Blazy — et il le fait dans la plus enthousiasmante des directions. Après un début aussi éclatant, le monde de la mode attend avec impatience la suite.

Autrice : Tamison O’connor 
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elle.com/uk. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.

Tags : défilé · france · Luxe
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