Emporio Armani, printemps-été 2026 : le calme après l’icône
A Milan, Emporio Armani a célébré jeudi son défunt fondateur avec une collection Printemps-Été 2026 raffinée et cohérente. Si l’audace reste mesurée, le spectacle souligne le savoir-faire et l’identité intemporelle de la maison.
Milan, 25 septembre – pour les initiés de la mode, le jour du tout premier défilé Armani sans la présence physique de son fondateur. Nous sommes à l’Armani Theatro, l’espace où se tiennent la plupart des shows de la ligne Emporio. Des rangées de fans et d’invités, à l’intérieur comme à l’extérieur, créent une ambiance un peu étrange. Certains attendent avec de grands posters pour apercevoir les célébrités, d’autres sont plongés dans leurs pensées, pensant à Giorgio Armani, disparu à peine trois semaines plus tôt.
Une anticipation silencieuse, de la nostalgie – et peut-être un peu de malaise – flotte dans l’air. La lenteur du début du défilé, retardé de 40 minutes, laisse largement le temps d’interpréter l’atmosphère. Puis, soudain, tout s’accélère : on nous presse de prendre nos places. Le décor, avec ses deux escaliers opposés, nous transporte dans une demeure italienne ancienne, posant le ton de la collection. La musique impose le silence, et le premier mannequin entre sur le podium. Dès l’instant, on se rappelle immédiatement à quelle maison nous avons affaire.
Une collection qui mise sur la mode, pas les tendances
Armani est l’une des rares maisons à envoyer ses mannequins défiler avec le sourire. Ici, la femme n’est pas là pour être « cool » ou branchée, mais pour incarner la dolce vita et sa version sportive de l’élégance. Traduite dans la ligne accessible Emporio, la collection Printemps-Été 2026 propose des silhouettes ajustées, pantalons fluides et tops amples mais jamais oversize.
Alors que d’autres créateurs se concentrent sur quelques silhouettes clés, cette collection offre une grande diversité. Avec 85 looks, la répétition est quasi inexistante, et lorsqu’elle se produit, les pièces sont stylisées différemment. Le défilé commence dans des tons beige, bleu sapin et or doux, jusqu’au look 61 où le turquoise rompt la monotonie, évoquant les estampes japonaises de fleurs de cerisier et la silhouette du kimono. Puis viennent des tops en mousseline transparente et des silhouettes célébrant la peau nue, parfois au risque de multiplier les visions sur le podium.
Pourtant, la vraie cohérence de la collection apparaît dans les accessoires. Destinée à un public jeune urbain, intéressé par la mode mais pas guidé par les tendances, la ligne Emporio met l’accent sur les sacs. Cette saison, 59 mannequins portent un sac, tous différents par leur forme, leur matière et leur taille, offrant à la « femme Armani » un choix adapté pour flâner à Milan ou Rome.
Émotion, stabilité et perspectives
En découvrant l’ensemble de la collection, on voit la polyvalence des pièces et leur manière d’être combinées. Une image qui s’adresse clairement à une femme raffinée, au goût sûr et à la mesure. Si la collection ne surprend peut-être pas, elle stabilise la marque et, dans une certaine mesure, son identité.
Pour le grand final, les mannequins sortent en applaudissant. Pour un instant, les applaudissements semblent plus lourds que d’habitude. Ce n’est pas seulement pour la collection : c’est un adieu à l’homme qui a appris à ces mannequins à marcher avec grâce. La majorité de l’audience sort son téléphone pour immortaliser l’ouverture du podium. On ne sait pas vraiment qui l’on attendait, après le décès de M. Armani quelques semaines plus tôt, mais c’était une manière magnifique de conclure le show. L’énergie qui se dégageait traduisait un sentiment de familiarité et d’émotion.
Dans une saison où beaucoup de marques repensent leur pertinence, Emporio Armani semble satisfait de rester tel qu’il est : raffiné, posé, et indubitablement lui-même. Mais autant que la stabilité est admirable, on peut se demander si le prochain défi de la maison ne sera pas d’oser troubler sa propre quiétude.
