Zoë Pastelle, le mannequin qui a porté la Suisse au défilé Etam 2025
Fin septembre, la Zurichoise suivie par près de 360’000 abonnés a foulé le podium de l’une des marques les plus médiatisées de la dernière Fashion Week parisienne. Les coulisses de sa participation, la récente controverse entourant la mode ou encore ce qu’elle pense réellement de la place de la Suisse dans cette industrie : rencontre avec la it-girl la plus authentique d’Helvétie.

Sur le podium ultra-médiatisé d’Etam, mardi 30 septembre, Zoë Pastelle a réalisé un rêve pour beaucoup. À elle seule, la Zurichoise de 26 ans a représenté le pays lors du défilé de la célèbre marque française Etam. Une destinée folle quand on sait qu’à peine un an plus tôt, elle donnait naissance à son petit garçon, Ilios Zeo. Ces derniers mois, l’une des créatrices de contenu les plus adulées de Suisse s’était faite plus discrète, délaissant dans le même temps les planches de cinéma qu’elle a pourtant tant fait vibrer durant son adolescence : prix du public au Zurich Film Festival, nominations aux Swiss Film Awards et au Braunschweig International Film Festival… Ce retour par la grande porte de la mode est ainsi l’occasion de revisiter une carrière riche de dix années et de nombreux nouveaux projets en tout temps guidée – elle insiste – par l’instinct. Entretien.
Devenir modèle, était-ce une vocation ou quelque chose survenu par hasard ?
Je ne l’ai jamais vraiment cherché au sens traditionnel du terme – c’est venu naturellement à travers mon travail d’actrice et de créatrice de contenu. Mais une fois que j’ai mis un pied dans cet univers, j’ai réalisé à quel point j’aimais m’exprimer à travers la mode, le mouvement et l’esthétique. C’était comme un nouveau terrain de jeu créatif qui m’a immédiatement semblé évident.
Vous avez posé pour de nombreuses marques prestigieuses au fil des années. Quelles collaborations ont été les plus significatives pour vous jusqu’à présent ?
Il y a eu tellement de moments spéciaux, et j’ai eu la chance de travailler avec des marques qui valorisent la personnalité et l’authenticité. Créer ma propre collection mère & enfants pour la marque Minimalisma a été un véritable projet passion dans lequel j’ai mis tout mon cœur. Les collaborations comme celle-ci, où je suis profondément impliquée sur le plan créatif, sont toujours les plus agréables et les plus enrichissantes.
À côté de la mode, votre carrière d’actrice est clairement en plein essor – comment parvenez-vous à tout concilier ?
Pour moi, tout fait partie du même parcours créatif. Le jeu, le mannequinat et la création de contenu me permettent chacun d’exprimer une facette différente de ma personnalité. Je me laisse simplement guider par ce qui m’inspire. Cela dit, pour l’année à venir, j’ai hâte de me recentrer davantage sur ma carrière d’actrice et de retrouver les plateaux de tournage.
Au-delà du cinéma et du mannequinat, vous êtes également, du haut de vos 356’000 abonnés, une « influenceuse ». Pourtant, vous confiez ne pas aimer ce mot…
Oui, ce mot me met toujours un peu mal à l’aise. Je trouve que le terme « influenceuse » est devenu tellement large qu’il ne reflète pas toujours l’intention derrière ce que les gens partagent. Pour moi, il s’agit moins d’influencer que de partager quelque chose qui puisse inspirer – que ce soit une pensée, une émotion, un conseil utile ou simplement quelque chose de beau. Je vois ma plateforme comme un espace de connexion, de créativité et d’expression, non seulement pour informer, mais aussi pour élever, émouvoir ou inviter à une pause.
Sur vos plateformes d’ailleurs, vos abonnés ont pu découvrir que vous étiez le seul mannequin suisse à défiler pour Etam fin septembre. Qu’avez-vous ressenti en représentant votre pays sur un podium d’une telle envergure ?
C’était irréel. J’étais très fière d’apporter un peu d’énergie suisse sur cette scène. Ce n’est pas quelque chose que je prends à la légère – c’était un moment fort que je n’oublierai jamais.
[Avoir représenter la Suisse au défilé Etam] n’est pas quelque chose que je prends à la légère – c’était un moment fort que je n’oublierai jamais.
Des milliers de mannequins rêvent de participer à ce genre de défilé. Comment avez-vous réussi à décrocher cette opportunité ?
J’étais en vacances avec ma famille lorsque mon agent m’a demandé d’envoyer quelques polaroids en bikini. J’étais à la fois excitée et un peu nerveuse – à peine un an après avoir accouché, je n’étais pas certaine d’être d’avoir la bonne silhouette. Honnêtement, je n’avais aucune attente, ce qui a rendu l’expérience encore plus spéciale quand elle s’est concrétisée. Cela m’a surtout rappelé que parfois, la confiance et l’authenticité comptent tout autant.
Très peu de mannequins suisses parviennent à percer à l’international. Pourquoi, selon vous, est-il si difficile pour eux de s’imposer à l’étranger ?
Je pense que c’est en partie parce que nous n’avons pas de grande capitale de la mode en Suisse, donc l’industrie ne s’y développe pas naturellement comme à Paris ou à New York. La culture suisse est aussi plus discrète – nous avons tendance à rester humbles, ce qui est une belle qualité, mais parfois, il faut savoir s’affirmer et se montrer. J’espère qu’en étant visible, je pourrai contribuer à faire évoluer cette perception et à ouvrir des portes pour d’autres.
La Suisse accueillera sa première grande Fashion Week à Zurich en 2026. Pensez-vous que le pays a ce qu’il faut pour s’imposer face aux capitales de la mode ?
Absolument. Nous avons le talent, l’esthétique et l’éthique de travail, il nous faut juste croire davantage en nous. Je pense que la Fashion Week de Zurich pourrait être un pas énorme pour nous inscrire sur la carte mondiale de la mode.
[En Suisse], nous avons tendance à rester humbles, ce qui est une belle qualité, mais parfois, il faut savoir s’affirmer et se montrer.
L’industrie de la mode fait actuellement l’objet de nombreuses critiques, notamment avec le retour des mannequins ultra-minces sur les podiums. Quelle est votre position à ce sujet ?
C’est un sujet qui mérite une attention constante. Je pense que la représentation et la diversité ne devraient jamais être des tendances, mais des normes. Cela dit, j’ai été sincèrement surprise et touchée d’être invitée à défiler pour une marque de lingerie après avoir donné naissance à mon enfant.
Vous êtes en effet récemment devenue maman. Si un jour votre enfant voulait devenir mannequin, l’encourageriez-vous ou au contraire le décourageriez-vous ?
Je soutiendrais toujours mon enfant dans la voie qui l’anime et qui a du sens pour lui. Le mannequinat peut être un espace créatif et valorisant, surtout avec le bon état d’esprit et les bonnes personnes autour de soi. Je l’encouragerais simplement à avoir une autre activité en parallèle, pour garder un équilibre et une certaine perspective.
Vous, quel est le plus grand sacrifice que vous ayez dû faire pour en arriver là où vous êtes aujourd’hui ?
Le temps – surtout celui passé avec mes amis. Cette industrie va très vite, et il faut être constamment présente et flexible. Mais, avec le temps, j’ai appris à créer de petits moments d’ancrage au milieu du chaos.
La représentation et la diversité ne devraient jamais être des tendances, mais des normes.
Vous travaillez dans le cinéma, l’influence et la mode depuis près de dix ans. Avec du recul, qu’est-ce que ces univers vous ont appris sur vous-même ?
Ils m’ont appris à rester à la fois douce et forte. À faire confiance à mon instinct, à m’adapter rapidement, et à ne jamais perdre de vue la raison pour laquelle j’ai commencé : créer quelque chose qui émeut les gens.
Au-delà du mannequinat, du cinéma et des réseaux sociaux, quels projets ou rêves avez-vous encore pour ambition de concrétiser ?
Un jour, j’aimerais réaliser un film ou créer ma propre marque de A à Z – peut-être quand mon petit garçon me donnera un peu de répit ! Mais honnêtement, je suis surtout enthousiaste à l’idée de continuer à évoluer, d’explorer de nouvelles voies créatives et de me lancer dans des projets qui me challengent et m’inspirent. Pour l’instant, je suis impatiente de voir la sortie de mon prochain film, Hallo Betty, le 4 novembre !