Le Zurich Film Festival présente la première « actrice IA » au monde et suscite la controverse
En octobre dernier, le célèbre festival de cinéma a révélé au public Tilly Norwood, la toute première actrice entièrement codée. Si ses fondateurs s’en félicitent, l’innovation inquiète l’industrie du cinéma.
Son visage mêle celui de Mila Kunis, Keira Knightley et Natalie Portman. Avec son accent britannique, Tilly Norwood a quasiment tout pour crever l’écran. Sauf qu’elle n’existe pas. Tilly Norwood n’est pas une actrice humaine, mais une intelligence artificielle (IA). La brune est même la première « actrice IA » au monde, telle que présentée mercredi 1er octobre par le Zurich Film Festival (ZFF), rapporte le Guardian.
Sur les réseaux sociaux, Tilly Norwood n’a pas manqué de vanter ses exploits : « En 20 secondes, j’ai combattu des monstres, survécu à des explosions, vendu une voiture – et failli décrocher un Oscar ». Ce, avant d’ajouter : « Tout cela en une seule journée ! Trouve une actrice capable de tout ça. »
Nous voulons que Tilly devienne la prochaine Scarlett Johansson ou Natalie Portman.
Développée par l’entrepreneuse néerlandaise Eline van der Velden et son studio Xicoia – filiale de la société de production d’IA Particle6 – Tilly Norwood a déjà obtenu son premier rôle dans AI Commissioner (2025), un sketch écrit par ChatGPT et joué sans aucun acteur humain. Ses créateurs affirment qu’elle pourrait être « la prochaine Scarlett Johansson ». A ceci près que cette petite brune virtuelle soulève des débats brûlants.
L’industrie du cinéma consternée
D’après Digitec, des stars comme Whoopi Goldberg ou Emily Blunt ont exprimé leur consternation : « C’est une IA ? Mon Dieu, nous sommes perdu.e.s. C’est terrifiant. Arrêtez de nous voler notre humanité », s’est ainsi alarmé celle révélée par Le Diable s’habille en Prada (2006).
C’est une IA ? Mon Dieu, nous sommes perdu.e.s. C’est terrifiant. Arrêtez de nous voler notre humanité.
L’affaire prend une résonance d’autant plus particulière que l’industrie américaine traverse une crise : en 2023, une grève massive dénonçait des conditions de travail précaires et des rémunérations insuffisantes. L’arrivée de la première actrice IA au ZFF a ainsi poussé le syndicat américain des médias SAG-AFTRA à réagir : « Tilly Norwood n’est pas une actrice, mais un personnage généré par un programme informatique – entraîné sur les œuvres d’innombrables professionnels, sans leur consentement ni leur rémunération. »
Des contraintes qui « disparaissent »
Pour Eline Van der Velden, aucun problème à signaler. D’abord parce que l’IA représente, selon elle, une alternative économique majeure : « Les créateurs réalisent que leur imagination n’est plus limitée par le budget. Les contraintes disparaissent, et l’IA devient un atout. » Elle insiste également sur l’expérience spectateur : « Le public ? Il s’intéresse à l’histoire, pas à savoir si la star est vivante. […] L’ère des acteurs synthétiques n’est pas à venir, elle est déjà là. »
Le public ? Il s’intéresse à l’histoire, pas à savoir si la star est vivante.
L’arrivée de Tilly Norwood dans le cinéma fait écho à celle d’autres récentes intelligences artificielles controversées dans le monde artistique. En septembre dernier, la chanteuse R&B entièrement codée Xania Monet a signé un contrat record de plus de 3 millions de dollars avec une maison de disques. Un record galvanisé par son premier single How Was I Supposed to Know ? s’étant hissé dans le top 10 des ventes numériques R&B de Billboard, rapporte Forbes.
