Isabelle est une superwoman. Maman de triplés, elle mène sa carrière tambour battant dans le cadre de la Citibank et multiple les rôles dans la vie avec brio: mère, épouse, fille aimante, sœur attentive…
La quarantaine flamboyante, cette battante et maman de triplés, aujourd’hui âgés de 16 ans – deux garçons et une fille – est mariée depuis 24 ans à Giorgio qui n’a d’yeux que pour elle. Douce, aimante et cependant très énergique, elle dirige le Team Leader des assistants et assistantes de gestion pour le Groupe Suisse et Monaco de la Citibank depuis 25 ans. Pour Isabelle, âme bien née, la valeur n’attend pas le nombre des années!
ELLE SUISSE. Parlez-nous de votre vie professionnelle en ces temps perturbés.
ISABELLE INCOGNITO-BAERISWYL. Je ne vous cacherai pas que l’année a été compliquée. Le premier confinement avec mes 3 enfants en étude à distance et mon télétravail était fort difficile à organiser. Mon métier demande beaucoup de concentration. Depuis quelques mois, je travaille seule pendant de longues heures. L’énergie du groupe me manque. Je n’ai pas vu mes collègues depuis un an.
ELLE SUISSE. Réussir dans la vie, ce n’est pas réussir sa vie et justement votre vie, qu’en pensez-vous?
I.I.-B. Pour moi, la réussite d’une vie est liée à l’amour. Mon plus grand bonheur est d’avoir pu fonder une famille harmonieuse. Quand je vois mes 3 triplés jeunes adultes complices et heureux, je m’émerveille. Avec mon mari, nous avons réussi la plus belle aventure de la vie: créer une famille formidable! Côté professionnel, je suis très reconnaissante à mon employeur qui a toujours mis en place des valeurs qui me tiennent à cœur. Il donne une chance aux femmes, ce qui a été mon cas.
ELLE SUISSE. Votre plus belle rencontre, celle qui a influencé votre vie et votre carrière.
I.I.-B. Il n’y en a pas qu’une. Mon mari qui m’a toujours soutenue et qui s’est mis en disponibilité à la naissance de nos enfants pour me permettre de continuer ma carrière. Et ma meilleure amie, ma sœur de cœur Ivana qui a toujours été là pour moi, très présente à toutes les périodes de ma vie. Heureuses ou compliquées.
ELLE SUISSE. Revenons quelques années en arrière quand le médecin vous a annoncé que vous attendiez des triplés. Un tsunami d’émotions?
I.I.-B. L’annonce s’est faite par étapes. Mon gynécologue m’a d’abord annoncé que j’attendais peut-être des jumeaux. On a rigolé, pleuré. On devait patienter dix jours pour la confirmation. Et l’idée des jumeaux s’est inscrite en moi. Je m’en réjouissais. J’avais peur d’être déçue et de n’attendre qu’un seul enfant. À la visite suivante, nous avons appris que ce n’était pas des jumeaux mais des triplés. Mon mari a failli se sentir mal. Le choc. Nous passions du couple à la famille nombreuse! Il a fallu changer d’appartement et de voiture. Fini la Smart, vive le van! Sans compter que le fait d’attendre des triplés comporte des risques. Je pouvais accoucher de prématurés. J’étais supermotivée. Mon médecin m’a dit: «Surtout, tenez jusqu’à la 34e semaine.» Je l’ai fait!
ELLE SUISSE. Comment vivez-vous un chagrin, vous vous enfermez dans votre coquille ou vous avez besoin de tous les êtres aimés autour de vous pour surmonter votre chagrin?
I.I.-B. Je suis du genre à m’entourer et à parler. Je viens de vivre la période la plus triste de ma vie. J’ai brutalement perdu mon papa à Pâques. J’étais extrêmement proche de lui. La séparation n’en a été que plus douloureuse. Il faut dire qu’à la naissance de nos triplés, mes parents nous ont toujours beaucoup aidés. Sans aide, impossible de survivre! 18 biberons par jour… vous imaginez? Nous étions épuisés. Mon père et ma mère ont toujours été si dévoués. Je dois faire le deuil de mon papa, ce qui est très difficile. Et je me dois aussi d’entourer ma maman le plus possible.
ELLE SUISSE. La mort de votre papa, la première grande épreuve de votre vie…
I.I.-B. J’ai vécu la disparition d’êtres très chers, mais la mort de mon papa est la plus grande épreuve de ma vie. J’étais tellement proche de lui, nous étions presque fusionnels. Et voir le chagrin de mes enfants ajouté au mien, c’est double peine.
ELLE SUISSE. Vous semblez cependant sereine. L’amour?
I.I.-B. Il y a beaucoup d’amour dans ma vie. Mes enfants me disent tous les jours: Maman, je t’aime.» Je me sens très aimée. L’amour a une grande place dans ma vie.
ELLE SUISSE. Comme tous les couples du monde, un jour le vôtre a dû connaître des hauts et de bas. Avez-vous une anecdote amusante qui vous revient en tête?
I.I.-B. Lorsque mes triplés ont eu 2 ans, je voulais un 4e enfant. J’avais envie de pouponner. Ce qui est impossible quand on a des triplés. Mon mari m’a dit: «Si tu veux un autre enfant, ce ne sera pas avec moi!» Je n’ai pas l’habitude qu’on me dise non. J’ai tendance à convaincre. J’ai dû ravaler ma fierté. Cela a jeté un petit froid sur notre couple. Heureusement temporaire. Aujourd’hui, je lui donne raison.
ELLE SUISSE. Avouez-nous un défaut qui vous dérange vraiment.
I.I.-B. Je suis très directe et franche. Un peu de diplomatie ne serait pas un luxe.
ELLE SUISSE. Être une femme, une force?
I.I.-B. Absolument. Être une femme est une force! Et cette force, je l’inculque à ma fille. Je n’aurais pas voulu être un homme. Je suis fière d’être une femme. On est des battantes, c’est nous le sexe fort! Mais je ne suis pas féministe pour autant.
ELLE SUISSE. Un dicton, une devise que vous feriez vôtre?
I.I.-B. «Il ne faut pas voir le verre à moitié vide, il faut le voir à moitié plein».