Rencontre avec Narmada Ramakrishna

1 septembre 2022 · Modifié · Nathalie Boissart

Multiculturelle et polyglotte, elle milite pour des conditions de travail équitables et faire évoluer les mentalités et les comportements dans le domaine de la mode.

Indienne d’origine, ingénieure en biotechnologies et chimie de formation, elle aurait pu choisir la facilité et travailler dans une grande entreprise pharmaceutique internationale. Mais elle crée et dirige «pink maharani» et permet à des centaines d’artisans de renouer avec la vie active et l’indépendance économique. L’ONU Femmes la sélectionne parmi les 20 meilleures entreprises européennes pour faire avancer les principes d’autonomisation des femmes vers une industrie de la mode équitable et durable et la Fondation BMW H.Q. l’a choisie pour promouvoir un leadership responsable et un engagement social. Un exemple de résilience et de persévérance.

Pouvez-vous nous parler de vous, de vos origines?

Je suis née et j’ai grandi à Bangalore en Inde dans un milieu défavorisé. Afin de subvenir aux besoins de ma grand-mère, mon papa était vendeur ambulant dans les rues dès l’âge de 10 ans. Mais il nous a toujours encouragés, mon frère et moi, à faire des études et nous a poussés à obtenir une bourse afin de nous offrir un avenir meilleur. J’ai fait mes études en Allemagne et au Danemark et j’ai appris dès le plus jeune âge à tirer le meilleur parti du peu qu’il nous était offert. Cela m’a rendue forte et j’ai utilisé mes compétences pour créer deux entreprises sociales à partir de rien.

Pourquoi et comment vous est venue l’idée de vous lancer dans une entreprise de cachemire?

À la fin de mes études, j’ai fait l’expérience de travailler en entreprise et je me suis rapidement rendu compte que l’argent ne peut apporter qu’une joie limitée et qu’il est essentiel de donner un sens à sa vie. J’ai découvert un monde nouveau que je n’imaginais pas. De nombreuses personnes sont prêtes à payer de grosses sommes pour acheter un châle en cachemire (pashmina). Elles sont surtout heureuses de soutenir une marque, un produit qui associe une mode éthique à une histoire.

Et pourquoi en Suisse?

Après cinq ans de relation à distance avec celui qui est devenu mon mari, je suis venue le rejoindre à Genève. Malgré des débuts difficiles, ce fut une très bonne décision de venir en Suisse, même si j’ai encore du mal à parler français! J’ai eu des opportunités incroyables, par exemple tomber par hasard au Bongénie sur un des membres d’une famille royale européenne qui m’a félicitée et encouragée pour le travail sur la sensibilisation à la sexualité que nous faisons avec les filles.

Quels problèmes majeurs avez-vous rencontrés?     

Lancer une entreprise de luxe sans expérience avec un capital initial de 6000 francs dans le domaine de la mode n’a pas été un chemin facile, loin de là. En tant que femme et personne de couleur, j’ai souvent été confrontée au racisme et à la misogynie. Nous parlons beaucoup de diversité, mais il n’est toujours pas évident à ce jour de se faire entendre et se faire respecter en tant que femme. Mais aujourd’hui, nous avons réussi à mener cette entreprise à plusieurs millions de francs et nous faisons travailler des centaines d’artisans, principalement des femmes à travers le monde.

Sur quoi repose votre marque et quelle est sa mission?

Nous nous efforçons de fabriquer les meilleurs produits en respectant et en mettant au premier plan les humains, les animaux et l’environnement. La mode rapide et bon marché ou «fast fashion» a explosé au cours des trente dernières années. L’industrie de la mode est devenue à tous points de vue l’une des plus dommageables pour la planète. Voulez-vous vraiment acheter une écharpe qui coûte un cinquième de notre prix, mais sachant que seulement quelques francs vont aller aux fabricants et aux cultivateurs? Si en tant que parents nous essayons d’offrir à nos enfants la meilleure éducation possible, les artisans aimeraient en faire autant avec les leurs. En achetant une création «pink maharani», vous changez, entre autres, à jamais la vie d’une jeune fille en Inde. Pour chaque pièce vendue, nous aidons une adolescente en lui apportant des informations au sujet du cycle menstruel qui est considéré comme «impur et non sacré». Nous leur offrons des produits d’hygiène et nous leur donnons la possibilité et la liberté de continuer leurs études dignement. Nous collaborons de manière étroite avec de nombreuses associations à but non lucratif.

Qu’est-ce qui justifie le prix si élevé de certains de vos produits?

Les fibres qui composent nos produits sont 100% naturelles, 6 fois plus fines qu’un cheveu humain et sont récoltées à la main du sous-ventre de la chèvre Changthama. La qualité est référencée «A-grade», la plus haute et la plus recherchée pour le cachemire. Dix-huit étapes sont par la suite réalisées à la main. Un processus de fabrication incluant la broderie qui peut dépasser trois ans pour une étole brodée. Des pièces uniques vendues sur notre site et aussi au Bongénie. Et surtout, en tant qu’entreprise, nous nous efforçons continuellement de payer nos artisans et partenaires équitablement, bien au-dessus du prix du marché et de nous assurer que leur lieu de travail est sûr et sécurisé.

Multiculturelle et polyglotte, elle milite pour des conditions de travail équitables et faire évoluer les mentalités et les comportements dans le domaine de la mode.

Indienne d’origine, ingénieure en biotechnologies et chimie de formation, elle aurait pu choisir la facilité et travailler dans une grande entreprise pharmaceutique internationale. Mais elle crée et dirige «pink maharani» et permet à des centaines d’artisans de renouer avec la vie active et l’indépendance économique. L’ONU Femmes la sélectionne parmi les 20 meilleures entreprises européennes pour faire avancer les principes d’autonomisation des femmes vers une industrie de la mode équitable et durable et la Fondation BMW H.Q. l’a choisie pour promouvoir un leadership responsable et un engagement social. Un exemple de résilience et de persévérance.

Pouvez-vous nous parler de vous, de vos origines?

Je suis née et j’ai grandi à Bangalore en Inde dans un milieu défavorisé. Afin de subvenir aux besoins de ma grand-mère, mon papa était vendeur ambulant dans les rues dès l’âge de 10 ans. Mais il nous a toujours encouragés, mon frère et moi, à faire des études et nous a poussés à obtenir une bourse afin de nous offrir un avenir meilleur. J’ai fait mes études en Allemagne et au Danemark et j’ai appris dès le plus jeune âge à tirer le meilleur parti du peu qu’il nous était offert. Cela m’a rendue forte et j’ai utilisé mes compétences pour créer deux entreprises sociales à partir de rien.

Pourquoi et comment vous est venue l’idée de vous lancer dans une entreprise de cachemire?

À la fin de mes études, j’ai fait l’expérience de travailler en entreprise et je me suis rapidement rendu compte que l’argent ne peut apporter qu’une joie limitée et qu’il est essentiel de donner un sens à sa vie. J’ai découvert un monde nouveau que je n’imaginais pas. De nombreuses personnes sont prêtes à payer de grosses sommes pour acheter un châle en cachemire (pashmina). Elles sont surtout heureuses de soutenir une marque, un produit qui associe une mode éthique à une histoire.

Et pourquoi en Suisse?

Après cinq ans de relation à distance avec celui qui est devenu mon mari, je suis venue le rejoindre à Genève. Malgré des débuts difficiles, ce fut une très bonne décision de venir en Suisse, même si j’ai encore du mal à parler français! J’ai eu des opportunités incroyables, par exemple tomber par hasard au Bongénie sur un des membres d’une famille royale européenne qui m’a félicitée et encouragée pour le travail sur la sensibilisation à la sexualité que nous faisons avec les filles.

Quels problèmes majeurs avez-vous rencontrés?     

Lancer une entreprise de luxe sans expérience avec un capital initial de 6000 francs dans le domaine de la mode n’a pas été un chemin facile, loin de là. En tant que femme et personne de couleur, j’ai souvent été confrontée au racisme et à la misogynie. Nous parlons beaucoup de diversité, mais il n’est toujours pas évident à ce jour de se faire entendre et se faire respecter en tant que femme. Mais aujourd’hui, nous avons réussi à mener cette entreprise à plusieurs millions de francs et nous faisons travailler des centaines d’artisans, principalement des femmes à travers le monde.

Sur quoi repose votre marque et quelle est sa mission?

Nous nous efforçons de fabriquer les meilleurs produits en respectant et en mettant au premier plan les humains, les animaux et l’environnement. La mode rapide et bon marché ou «fast fashion» a explosé au cours des trente dernières années. L’industrie de la mode est devenue à tous points de vue l’une des plus dommageables pour la planète. Voulez-vous vraiment acheter une écharpe qui coûte un cinquième de notre prix, mais sachant que seulement quelques francs vont aller aux fabricants et aux cultivateurs? Si en tant que parents nous essayons d’offrir à nos enfants la meilleure éducation possible, les artisans aimeraient en faire autant avec les leurs. En achetant une création «pink maharani», vous changez, entre autres, à jamais la vie d’une jeune fille en Inde. Pour chaque pièce vendue, nous aidons une adolescente en lui apportant des informations au sujet du cycle menstruel qui est considéré comme «impur et non sacré». Nous leur offrons des produits d’hygiène et nous leur donnons la possibilité et la liberté de continuer leurs études dignement. Nous collaborons de manière étroite avec de nombreuses associations à but non lucratif.

Qu’est-ce qui justifie le prix si élevé de certains de vos produits?

Les fibres qui composent nos produits sont 100% naturelles, 6 fois plus fines qu’un cheveu humain et sont récoltées à la main du sous-ventre de la chèvre Changthama. La qualité est référencée «A-grade», la plus haute et la plus recherchée pour le cachemire. Dix-huit étapes sont par la suite réalisées à la main. Un processus de fabrication incluant la broderie qui peut dépasser trois ans pour une étole brodée. Des pièces uniques vendues sur notre site et aussi au Bongénie. Et surtout, en tant qu’entreprise, nous nous efforçons continuellement de payer nos artisans et partenaires équitablement, bien au-dessus du prix du marché et de nous assurer que leur lieu de travail est sûr et sécurisé.