Rencontre avec Fanny Queloz

24 octobre 2023 · Modifié · Sophie Bernaert

Jeudi 1er septembre, la maison de champagne Veuve Clicquot récompensait l’entrepreneuse suisse la plus inspirante en lui décernant son prix Bold Future Award

Dans le regard cristallin de cette jeune femme de 32 ans, on lit une détermination sans faille. Ancienne sportive de haut niveau et membre de l’équipe suisse «Élite» de saut d’obstacles, Fanny codirige aujourd’hui avec son frère l’entreprise Arts & Design Manufacture, fleuron de l’artisanat suisse d’habillage horloger d’exception. Depuis toute petite, elle connaît l’odeur des ateliers de gravure, ciselage ou marqueterie de l’entreprise familiale. Ses formations de graveuse et gemmologue doublées d’une énergie créative sans limites, lui permettent de répondre aux demandes les plus exigeantes et les plus folles parfois.

Qu’est-ce que ce prix change pour vous?

C’est à la fois une consécration dont je suis très fière, mais c’est aussi un chamboulement pour moi de mettre en lumière tous ces savoir-faire et de pouvoir parler de nous et de notre histoire. Nous travaillons beaucoup dans l’ombre des grandes marques horlogères et nous sommes rarement dans les médias. J’ai appris à être très discrète dans mon métier, car nous travaillons sur des pièces exclusives, très confidentielles. J’ai beaucoup de peine à me mettre en avant, j’ai encore cette timidité. J’ai gagné des prix dans mon parcours sportif, j’ai été interviewée plusieurs fois, mais c’était un tout autre univers, un autre vocabulaire.

À travers ce prix, Veuve Clicquot récompense entre autres une certaine audace entrepreneuriale. Quelle est la vôtre?

Je fonce, j’ose entreprendre les choses. Je suis une compétitrice dans l’âme. C’est peut-être ça mon audace.

Qu’aimez-vous le plus dans votre métier?

C’est l’énergie créative qui m’anime le plus. Petite, j’ai baigné dans cette multitude de savoir-faire très anciens dans les ateliers de l’entreprise familiale et j’ai toujours été passionnée par la créativité qui en émane. Je rêve même la nuit des fois de nos créations.

Où puisez-vous cette créativité?

Dans de magnifiques livres anciens sur des décors qui datent de l’Antiquité. Je cherche à donner une nouvelle vie à ces créations en utilisant des matières innovantes qui soient écoresponsables. Ce sont de vrais challenges techniques, mais qui me donnent aussi beaucoup d’énergie et qui portent mon élan créatif. Mais c’est aussi un travail d’équipe avec tous mes collaborateurs. Mon papa, bien sûr, m’aide aussi dans l’étape créative de recherche et développement. On en parle beaucoup et il m’apporte toute son expérience.

Quel a été votre plus gros challenge dans la création de Arts & Design?

Tout d’abord, il a fallu surmonter une période difficile quand Opal Créations, la société créée par mon papa et dans laquelle je travaillais déjà a dû fermer ses portes pour des raisons économiques. Dans le monde de l’horlogerie, quand on dit que quelqu’un fait faillite, c’est très tabou, c’est très vite jugé. On s’est serré les coudes. Ça me tenait à cœur de ne pas laisser partir tous ces savoir-faire qui avaient été mis en place depuis plus de dix ans. L’équipe et les clients ont suivi et Arts & Design est né. C’était comme un nouveau souffle. Puis six mois à peine après la création, la pandémie de Covid est arrivée…

Avez-vous fait une rencontre décisive dans votre parcours professionnel?

Mon formateur au sein de l’entreprise familiale, qui est toujours à mes côtés aujourd’hui, a su me donner cette envie de créer et de repousser les limites. Ce maître graveur de plus de 35 ans d’expérience m’a appris le métier avec beaucoup de philosophie. Assise à l’établi avec lui, j’ai pu trouver ma voie.

Dans le monde artistique, y a-t-il une femme en particulier qui vous inspire?

J’ai une grande admiration pour toutes les directrices artistiques influentes que l’on voit sur les réseaux sociaux, qui militent et qui laissent leur empreinte, une trace dans le monde de l’art et de la mode. Je pense plus particulièrement à Maria Grazia Chiuri, première directrice artistique femme chez Dior, féministe très engagée. C’est aussi leur côté visionnaire que j’admire chez ces femmes-là et que je cherche à avoir chaque jour. La quête de ce qui créera le «waouh» chez le client, comme des couleurs qui n’ont jamais été vues ou des nouvelles associations de matières exclusives.

Qu’est-ce qui vous permet de vous ressourcer?

Une balade dans la nature. J’aime les bords du lac mais aussi la montagne, le Jura; ça m’apaise énormément. Je suis du genre à me ressourcer auprès d’un arbre. Je ne pense pas que je pourrais vivre en dehors de la Suisse. Ma famille me manquerait trop, mais toute cette nature aussi. Les grandes villes, ce n’est pas pour moi, ça me stresse. Le contact avec les chevaux aussi m’aide à me vider la tête. J’ai pu créer des liens extraordinaires avec mes chevaux, des connexions presque «perturbantes». Quand j’ai un peu de temps, je fais du polo, un autre challenge. Mon vice, c’est que je ne fais pas les choses à moitié. Je cherche toujours à aller plus loin, repousser les limites, et je le fais bien sûr aussi dans mon métier.

Jeudi 1er septembre, la maison de champagne Veuve Clicquot récompensait l’entrepreneuse suisse la plus inspirante en lui décernant son prix Bold Future Award

Dans le regard cristallin de cette jeune femme de 32 ans, on lit une détermination sans faille. Ancienne sportive de haut niveau et membre de l’équipe suisse «Élite» de saut d’obstacles, Fanny codirige aujourd’hui avec son frère l’entreprise Arts & Design Manufacture, fleuron de l’artisanat suisse d’habillage horloger d’exception. Depuis toute petite, elle connaît l’odeur des ateliers de gravure, ciselage ou marqueterie de l’entreprise familiale. Ses formations de graveuse et gemmologue doublées d’une énergie créative sans limites, lui permettent de répondre aux demandes les plus exigeantes et les plus folles parfois.

Qu’est-ce que ce prix change pour vous?

C’est à la fois une consécration dont je suis très fière, mais c’est aussi un chamboulement pour moi de mettre en lumière tous ces savoir-faire et de pouvoir parler de nous et de notre histoire. Nous travaillons beaucoup dans l’ombre des grandes marques horlogères et nous sommes rarement dans les médias. J’ai appris à être très discrète dans mon métier, car nous travaillons sur des pièces exclusives, très confidentielles. J’ai beaucoup de peine à me mettre en avant, j’ai encore cette timidité. J’ai gagné des prix dans mon parcours sportif, j’ai été interviewée plusieurs fois, mais c’était un tout autre univers, un autre vocabulaire.

À travers ce prix, Veuve Clicquot récompense entre autres une certaine audace entrepreneuriale. Quelle est la vôtre?

Je fonce, j’ose entreprendre les choses. Je suis une compétitrice dans l’âme. C’est peut-être ça mon audace.

Qu’aimez-vous le plus dans votre métier?

C’est l’énergie créative qui m’anime le plus. Petite, j’ai baigné dans cette multitude de savoir-faire très anciens dans les ateliers de l’entreprise familiale et j’ai toujours été passionnée par la créativité qui en émane. Je rêve même la nuit des fois de nos créations.

Où puisez-vous cette créativité?

Dans de magnifiques livres anciens sur des décors qui datent de l’Antiquité. Je cherche à donner une nouvelle vie à ces créations en utilisant des matières innovantes qui soient écoresponsables. Ce sont de vrais challenges techniques, mais qui me donnent aussi beaucoup d’énergie et qui portent mon élan créatif. Mais c’est aussi un travail d’équipe avec tous mes collaborateurs. Mon papa, bien sûr, m’aide aussi dans l’étape créative de recherche et développement. On en parle beaucoup et il m’apporte toute son expérience.

Quel a été votre plus gros challenge dans la création de Arts & Design?

Tout d’abord, il a fallu surmonter une période difficile quand Opal Créations, la société créée par mon papa et dans laquelle je travaillais déjà a dû fermer ses portes pour des raisons économiques. Dans le monde de l’horlogerie, quand on dit que quelqu’un fait faillite, c’est très tabou, c’est très vite jugé. On s’est serré les coudes. Ça me tenait à cœur de ne pas laisser partir tous ces savoir-faire qui avaient été mis en place depuis plus de dix ans. L’équipe et les clients ont suivi et Arts & Design est né. C’était comme un nouveau souffle. Puis six mois à peine après la création, la pandémie de Covid est arrivée…

Avez-vous fait une rencontre décisive dans votre parcours professionnel?

Mon formateur au sein de l’entreprise familiale, qui est toujours à mes côtés aujourd’hui, a su me donner cette envie de créer et de repousser les limites. Ce maître graveur de plus de 35 ans d’expérience m’a appris le métier avec beaucoup de philosophie. Assise à l’établi avec lui, j’ai pu trouver ma voie.

Dans le monde artistique, y a-t-il une femme en particulier qui vous inspire?

J’ai une grande admiration pour toutes les directrices artistiques influentes que l’on voit sur les réseaux sociaux, qui militent et qui laissent leur empreinte, une trace dans le monde de l’art et de la mode. Je pense plus particulièrement à Maria Grazia Chiuri, première directrice artistique femme chez Dior, féministe très engagée. C’est aussi leur côté visionnaire que j’admire chez ces femmes-là et que je cherche à avoir chaque jour. La quête de ce qui créera le «waouh» chez le client, comme des couleurs qui n’ont jamais été vues ou des nouvelles associations de matières exclusives.

Qu’est-ce qui vous permet de vous ressourcer?

Une balade dans la nature. J’aime les bords du lac mais aussi la montagne, le Jura; ça m’apaise énormément. Je suis du genre à me ressourcer auprès d’un arbre. Je ne pense pas que je pourrais vivre en dehors de la Suisse. Ma famille me manquerait trop, mais toute cette nature aussi. Les grandes villes, ce n’est pas pour moi, ça me stresse. Le contact avec les chevaux aussi m’aide à me vider la tête. J’ai pu créer des liens extraordinaires avec mes chevaux, des connexions presque «perturbantes». Quand j’ai un peu de temps, je fais du polo, un autre challenge. Mon vice, c’est que je ne fais pas les choses à moitié. Je cherche toujours à aller plus loin, repousser les limites, et je le fais bien sûr aussi dans mon métier.