Rencontre avec Anne-Sophie Villard

Créatrice de mode, la Genevoise confectionne des robes de mariée sur mesure et possède également sa collection de prêt-à-porter, entre bohème, chic et dentelles.

Depuis toute petite, Anne-Sophie Villard voue une fascination pour les grandes et belles robes, en particulier celles de mariées. Pas étonnant dès lors qu’elle se soit formée au Fashion Institute of Technology (FIT) de New York avant de se mettre à son propre compte en tant que styliste-modéliste en 2015. Fascinée par la mode des années 30 à 50, ses créations sont empreintes d’une touche vintage qui leur confère un style très romantique. Souriante, elle nous reçoit dans son lumineux atelier situé au boulevard Carl-Vogt à Genève. Nous parlons parcours professionnel, mariage et bien sûr… amour. 

Vous avez investi ce nouvel atelier au mois d’août 2022. Qu’est-ce que cela change?
Avant, je travaillais chez moi et mon espace dédié à la création mesurait 9 mètres carrés: cela devenait problématique. Je n’en reviens toujours pas d’avoir décroché cet endroit alors qu’il y avait 60 candidatures. C’est une nouvelle étape dans ma carrière professionnelle; ici, j’ai un espace d’atelier ainsi qu’un espace showroom pour recevoir mes clients.

Vous avez mis longtemps à trouver votre place…
Je couds et dessine depuis toute petite. À 14 ans, j’achetais déjà des magazines de robes de mariée; j’étais probablement la seule fille de mon âge à faire ça! (Rires). Pourtant à l’école, j’ai fait un bac S scientifique avec option maths… rien à voir avec ce qui me faisait vibrer. Durant une bonne partie de ma vie, je me suis sentie à côté de la plaque, pas sur le bon parcours. Lors de mes études à la Haute École de Commerce (HEC) de Lausanne, j’ai bataillé tant bien que mal: le seul but de ces études était le séjour linguistique de fin de cursus qui m’a permis de partir en Angleterre et avoir le niveau suffisant en anglais pour m’inscrire à la FIT de New York.

Puis votre compagne vous a encouragée à vous lancer…
Oui, elle m’a dit: «Mais pourquoi tu n’essaies pas de vendre tes robes? Les gens t’en demandent déjà.» C’était vrai, je réalisais des robes pour mes connaissances, alors je me suis dit qu’il y avait quelque chose à tenter.

Parlons d’amour, quels projets avez-vous avec votre compagne?
Nous prévoyons de nous marier en 2023! Nous sommes éternelles fiancées depuis 2018 (rires). Le mariage était prévu en 2020, mais a été repoussé en raison de la pandémie, puis rebelote en 2021. J’étais très enthousiaste, donc cela m’a peinée. Je m’en réjouis toujours autant, mais garder la même effervescence qu’au départ n’est pas évident quand on doit le réorganiser pour la troisième fois…

Pour vous, le mariage c’est quoi?
Le mariage, c’est quelque chose de magique, des paillettes, de la dentelle. Évidemment, l’union, la chose sentimentale, la symbolique sont importantes, mais tout le reste autour l’est tout autant: porter une belle robe, rassembler du monde, faire la fête. Le mariage est aujourd’hui le seul domaine où il y a la possibilité de porter une belle et grande robe.

Qu’avez-vous appris d’important ces dernières années?
Que quand on se sent à sa place, les choses sont faciles. La vie d’indépendante est pleine de défis, mais je ne la trouve pas en soi difficile. Le plus dur a été de reprendre confiance en moi. Être passée par des étapes où je ne me sentais pas à ma place m’a fragilisée et cela m’a pris du temps pour oser me sentir légitime dans mon travail. J’en sors grandie.

Qu’est-ce qui vous donne de la force?
Être avec ma copine ou mes amis m’encourage. Faire mon métier aussi; je pourrais passer mes journées à dessiner des robes. Je suis également une fan des petits bonheurs: par exemple, faire de la balançoire pourrait me redonner un coup de boost, ou trouver une jolie fleur là où l’on ne s’y attend pas. Je suis une grande enthousiaste et les petites choses du quotidien, les gens, me stimulent.

Avez-vous d’autres passions?
Même si je l’exerce moins aujourd’hui, je suis une grande passionnée de danse. J’ai presque tout essayé: classique, hip-hop, modern jazz, mais aussi flamenco et danse orientale. J’ai donné des cours de modern jazz durant cinq ans environ et j’ai réussi à traîner ma copine à un cours de lindy hop durant deux ans. J’ai aussi tenté le yoga aérien, mais je me suis retourné l’épaule (rires).

Un événement marquant de votre vie?
À 16 ans, j’ai eu une tumeur au cerveau de trois centimètres. J’avais des vertiges et j’ai perdu progressivement l’audition de l’oreille droite. J’ai été très entourée par mes parents qui sont de nature positive et cela ne m’a pas vraiment été présenté comme quelque chose de grave. Avec le recul, je pense que cela m’a créé une anxiété qui a été difficile à surpasser: cela a dû me marquer, car je n’ai probablement pas eu la possibilité d’exprimer ma peur sur le moment. C’est un peu cliché, mais cela me fait prendre conscience que la vie ne tient qu’à peu de choses et qu’il faut faire ce qui nous plaît.