Journaliste, présentatrice puis productrice, Élisabeth Logean est aujourd’hui corédactrice en chef des infos à la RTS. Pourtant, rien ne prédestinait cette Valaisanne à faire carrière sur le petit écran.
«Croire en ses rêves et ne rien lâcher», telle est la devise d’Élisabeth Logean qui résume bien son état d’esprit. Née dans les montagnes suisses, loin des plateaux télé, elle a grandi avec un rêve en tête, celui de devenir journaliste. Arrivée en tant que stagiaire à la TSR, à l’âge de 24 ans, elle a gravi les échelons et est allée au bout de ses envies grâce à son talent et sa persévérance. Passionnée par son job, elle a encore la soif d’apprendre et de s’améliorer. Pourtant, elle a connu des moments difficiles. Maman de trois enfants, cette brillante quinquagénaire mène de front sa carrière professionnelle et sa vie personnelle.
Élisabeth, quelle enfance avez-vous eue et où avez-vous grandi?
Je suis née à Hérémence dans un petit village à 1200 m d’altitude. J’ai eu une enfance choyée et proche de la nature. Mes grands-parents étaient paysans, ils cultivaient notamment des abricots, des pommes et des fraises. Je suis la cadette d’une fratrie de 4 enfants. Très vite, j’ai eu envie de faire des études et mes parents, qui n’avaient pas eu cette opportunité, m’ont poussée. J’ai suivi ma scolarité au collège à Sion et je suis arrivée à Genève pour faire des études de lettres à 19 ans.
Devenir journaliste était votre rêve?
Absolument, quand j’ai fait un stage à la radio en 1998, j’ai réalisé mon rêve. J’ai ensuite fait le concours pour rentrer à la télé. J’ai été attirée par le potentiel de l’image et l’aspect créatif de l’audiovisuel. Je me suis sentie épanouie à la télé et j’ai pris conscience des perspectives incroyables. J’ai débuté comme journaliste et on m’a proposé de présenter les infos du week-end.
Comment avez-vous vécu cette mise en avant?
Avec le recul, je me dis que j’ai eu ce poste trop tôt. Je n’étais pas prête à encaisser les remarques déplaisantes. J’avais à peine 30 ans et j’ai été critiquée sur mon jeune âge et mon inexpérience, ce que j’ai très mal vécu. Les voix les plus critiques disaient que j’étais là pour mes beaux yeux et que je n’avais pas les compétences. J’aurais dû rester plus longtemps sur le terrain puis passer à la présentation du JT. Pour interviewer de personnes importantes, il faut avoir extrêmement confiance en soi et j’étais dans le doute permanent.
De 1999 à 2021, année de votre nomination à la tête de l’actualité de la RTS, quel a été votre parcours?
J’ai été JRI, présentatrice des infos du week-end puis productrice d’émissions. Je ne m’étais jamais projetée dans un poste d’encadrement, mais j’ai eu le déclic en 2019 quand il y a eu la grève des femmes. Je pense que si on veut que la place des femmes évolue, il faut aussi oser s’engager. À cette période, il y avait un poste d’adjointe vacant à la rédaction en chef de l’actu TV. J’ai postulé avec Pierre-Olivier Volet pour une corédaction en chef. J’ai eu envie d’innover et d’expérimenter une nouvelle formule à deux pour guider les équipes d’une autre façon. Notre candidature a été retenue.
Quelles qualités vous ont permis de réussir et quels défauts aimeriez-vous faire disparaître ?
Mes qualités? Ma ténacité, ma curiosité, ma passion pour le métier et ma capacité à me remettre en question. Quant à mes défauts, je dirais mon impatience et mon impulsivité, que j’essaye de gommer au fil des années.
Parallèlement à votre carrière, vous êtes mariée et avez 3 enfants, est-ce difficile de mener de front carrière et vie privée?
J’ai des enfants qui commencent à être grands puisque ma fille aînée a 18 ans, mon fils 16 ans et ma dernière a 11 ans. Je n’avais pas réalisé à quel point l’adolescence a besoin d’une présence importante et c’est un vrai défi. Je me lève tôt pour avoir le temps de lire les journaux avant le réveil des enfants. J’arrive ensuite à la télé et on a une première séance de rédaction à 8h45. La journée est intense et le soir je reste parfois pour le journal de 19h30.
Comment votre mari perçoit-il votre carrière?
On est ensemble depuis vingt ans. On s’est toujours réparti les tâches de manière équitable et il a toujours été très impliqué dans la vie de famille. Contrairement aux idées préconçues de mon père qui me disait que si je n’étais pas investie à la maison, je ne trouverai pas de mari, je lui ai prouvé le contraire!
Où allez-vous ressourcer?
L’hiver, je vais souvent à Hérémence et Haute-Nendaz. L’été, direction le bord de l’océan. Que ce soit l’île de Ré ou les Landes, j’apprécie énormément ces paysages qui sont assez bruts avec un plateau d’huîtres à déguster, c’est un délice!
Un voyage à l’étranger qui vous a marquée?
Il y a quelques années on a fait un long voyage en Asie en famille et j’ai adoré notamment le Laos et le Cambodge. En Suisse, on vit dans un cadre de vie privilégié et c’est bien de montrer à ses enfants que la vie n’est pas partout pareille.
Comment vous voyez-vous dans dix ans?
Je ne m’imagine pas forcément au même poste car le renouvellement est nécessaire, mais je me vois encore journaliste et j’ai envie de refaire du terrain. J’espère toujours travailler dans cet univers, car je suis vraiment passionnée par mon métier.