En Europe, 4 personnes sur 10 pensent que le rôle des femmes est à la maison

31 décembre 2024 · ELLE Rédaction

La majorité de la population européenne soutient l’égalité des sexes, mais la résistance au changement culturel persiste.

En 2023, l’Union européenne a obtenu un score moyen de 70,2 en matière d’égalité des sexes, selon les données de l’institut européen EIGE. Notre voisin, la France, se positionne à la 6e place avec un score de 75,7. Les pays du nord-ouest de l’Europe dominent ce classement, avec la Suède en tête, affichant un impressionnant 82,2. À l’opposé, la Roumanie occupe la dernière position avec un score de 56,1, suivie de près par la Hongrie (57,3) et la République tchèque (57,9). Si les progrès se font sentir, l’Europe avance néanmoins à deux vitesses en matière de parité, comme le démontre l’Eurobaromètre, qui a récemment sondé les perceptions des citoyens européens sur l’égalité des sexes.

Les hommes « naturellement » moins compétents dans les tâches ménagères

Alors que 2024 touche à sa fin, ce rapport révèle qu’encore 4 Européens sur 10 estiment que le rôle des femmes se limite à gérer le foyer et la famille. Une pensée qui persiste et qui, selon le rapport Eurobaromètre, contraste avec l’opinion générale des citoyens européens, majoritairement favorables à l’égalité des sexes. Ainsi, 75% d’entre eux reconnaissent que l’égalité réelle entre les sexes bénéficierait aux deux membres du couple. Toutefois, cette conviction reste pour l’instant en grande partie théorique.

Des stéréotypes tenaces demeurent en effet: jusqu’à 40% des Européens justifient l’écart salarial entre hommes et femmes par l’idée que les emplois de la gente masculine seraient plus exigeants, tandis que 34% considèrent que leur homologue féminine devraient accorder une priorité à leur famille plutôt qu’à leur carrière. Ce type de pensée est particulièrement marqué en Europe de l’Est, mais aussi dans certaines régions d’Italie, où une vision traditionnelle du rôle des femmes perdure. Par exemple, 53% des Italiens estiment que les hommes sont « naturellement » moins compétents que les femmes dans les tâches ménagères, un argument qui, en réalité, renforce la charge de travail domestique des femmes, souvent obligées de jongler entre carrière et vie familiale.

Cette vision rétrograde est d’autant plus frappante dans des pays comme la Pologne et la Hongrie, où plus de 60% de la population pense que les mères devraient sacrifier leur carrière pour se consacrer à leurs enfants, confirmant ainsi l’ancrage d’une conception patriarcale et désuète des rôles familiaux.

Les femmes « manquent d’autorité »

Les préjugés ne se limitent pas à l’enceinte du foyer. En politique, par exemple, près de 47 % des Européens estiment que les hommes sont naturellement plus ambitieux que les femmes. Pourtant, plus de la moitié des citoyens de l’Union reconnaissent la nécessité d’introduire des mesures temporaires, telles que des quotas, pour corriger ce déséquilibre. Cette contradiction met en lumière l’aveuglement de la société face à la réalité de la discrimination systémique qui entrave la participation des femmes en politique, tout en peinant à en prendre pleinement conscience.

Le débat sur le leadership féminin suit une dynamique similaire. Ainsi, 23% des personnes interrogées jugent que les femmes occupant des postes de direction manquent de l’autorité nécessaire. Cette perception continue de reléguer les femmes à des rôles subalternes, comme celui de « collaboratrice », « remplaçante » ou « secrétaire ». Une autre croyance, partagée par 62% des répondants, affirme que les femmes sont plus enclines à prendre des décisions émotionnelles que rationnelles. Bien que ce chiffre soit en déclin par rapport au passé, il persiste et entretient l’image d’une femme plus instinctive et moins logique que son homologue masculin.

Malgré cette résistance au changement culturel, une lueur d’espoir demeure. Près de 90% des Européens s’accordent à reconnaître l’égalité des sexes comme une valeur fondamentale, et la majorité souligne l’importance de l’indépendance économique pour les hommes et les femmes. Toutefois, cela ne doit pas nous exonérer de notre responsabilité collective. Le changement commence à la maison, lorsqu’on refuse de se cantonner à des rôles préétablis, lorsque l’on partage équitablement les tâches domestiques et éducatives, et que l’on revendique une égalité de représentation dans le travail, la politique et la société, sans jamais faire marche arrière.

Autrice: Elena Fausta Gadeshi
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur  
elle.com/it. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.

Tags : europe · femmes · égalité

La majorité de la population européenne soutient l’égalité des sexes, mais la résistance au changement culturel persiste.

En 2023, l’Union européenne a obtenu un score moyen de 70,2 en matière d’égalité des sexes, selon les données de l’institut européen EIGE. Notre voisin, la France, se positionne à la 6e place avec un score de 75,7. Les pays du nord-ouest de l’Europe dominent ce classement, avec la Suède en tête, affichant un impressionnant 82,2. À l’opposé, la Roumanie occupe la dernière position avec un score de 56,1, suivie de près par la Hongrie (57,3) et la République tchèque (57,9). Si les progrès se font sentir, l’Europe avance néanmoins à deux vitesses en matière de parité, comme le démontre l’Eurobaromètre, qui a récemment sondé les perceptions des citoyens européens sur l’égalité des sexes.

Les hommes « naturellement » moins compétents dans les tâches ménagères

Alors que 2024 touche à sa fin, ce rapport révèle qu’encore 4 Européens sur 10 estiment que le rôle des femmes se limite à gérer le foyer et la famille. Une pensée qui persiste et qui, selon le rapport Eurobaromètre, contraste avec l’opinion générale des citoyens européens, majoritairement favorables à l’égalité des sexes. Ainsi, 75% d’entre eux reconnaissent que l’égalité réelle entre les sexes bénéficierait aux deux membres du couple. Toutefois, cette conviction reste pour l’instant en grande partie théorique.

Des stéréotypes tenaces demeurent en effet: jusqu’à 40% des Européens justifient l’écart salarial entre hommes et femmes par l’idée que les emplois de la gente masculine seraient plus exigeants, tandis que 34% considèrent que leur homologue féminine devraient accorder une priorité à leur famille plutôt qu’à leur carrière. Ce type de pensée est particulièrement marqué en Europe de l’Est, mais aussi dans certaines régions d’Italie, où une vision traditionnelle du rôle des femmes perdure. Par exemple, 53% des Italiens estiment que les hommes sont « naturellement » moins compétents que les femmes dans les tâches ménagères, un argument qui, en réalité, renforce la charge de travail domestique des femmes, souvent obligées de jongler entre carrière et vie familiale.

Cette vision rétrograde est d’autant plus frappante dans des pays comme la Pologne et la Hongrie, où plus de 60% de la population pense que les mères devraient sacrifier leur carrière pour se consacrer à leurs enfants, confirmant ainsi l’ancrage d’une conception patriarcale et désuète des rôles familiaux.

Les femmes « manquent d’autorité »

Les préjugés ne se limitent pas à l’enceinte du foyer. En politique, par exemple, près de 47 % des Européens estiment que les hommes sont naturellement plus ambitieux que les femmes. Pourtant, plus de la moitié des citoyens de l’Union reconnaissent la nécessité d’introduire des mesures temporaires, telles que des quotas, pour corriger ce déséquilibre. Cette contradiction met en lumière l’aveuglement de la société face à la réalité de la discrimination systémique qui entrave la participation des femmes en politique, tout en peinant à en prendre pleinement conscience.

Le débat sur le leadership féminin suit une dynamique similaire. Ainsi, 23% des personnes interrogées jugent que les femmes occupant des postes de direction manquent de l’autorité nécessaire. Cette perception continue de reléguer les femmes à des rôles subalternes, comme celui de « collaboratrice », « remplaçante » ou « secrétaire ». Une autre croyance, partagée par 62% des répondants, affirme que les femmes sont plus enclines à prendre des décisions émotionnelles que rationnelles. Bien que ce chiffre soit en déclin par rapport au passé, il persiste et entretient l’image d’une femme plus instinctive et moins logique que son homologue masculin.

Malgré cette résistance au changement culturel, une lueur d’espoir demeure. Près de 90% des Européens s’accordent à reconnaître l’égalité des sexes comme une valeur fondamentale, et la majorité souligne l’importance de l’indépendance économique pour les hommes et les femmes. Toutefois, cela ne doit pas nous exonérer de notre responsabilité collective. Le changement commence à la maison, lorsqu’on refuse de se cantonner à des rôles préétablis, lorsque l’on partage équitablement les tâches domestiques et éducatives, et que l’on revendique une égalité de représentation dans le travail, la politique et la société, sans jamais faire marche arrière.

Autrice: Elena Fausta Gadeshi
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur  
elle.com/it. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.

Tags : europe · femmes · égalité