Le football féminin a définitivement gagné ses lettres de noblesse, chassé les vieux clichés et en Suisse, la Genevoise Sandy Maendly (35 ans) en est le meilleur symbole. Dans sa carrière, elle a été trois fois championne suisse et trois fois championne d‘Italie. Après avoir raccroché ses crampons en fin de saison dernière, elle est devenue la première femme consultante foot sur Blue Sports. Alors que la Suisse vient de se voir attribuer l’Euro féminin 2025, elle évoque sa passion avec modestie et conviction.
Peu de temps après avoir arrêté votre carrière, vous aviez avoué avoir ressenti un peu de blues pendant deux, trois semaines. Ça va mieux?
Toute ma vie a longtemps été axée sur la performance, j’avais l’obligation d’être à 100% sur le plan physique. Et d’un coup mon rythme de vie a changé et le foot m’a manqué. Aujourd’hui, je profite, je me fais plaisir, je ne mange plus systématiquement hypersain, il m’arrive d’aller me coucher tard. Mais je continue à taquiner le ballon avec d’anciennes coéquipières en salle et je fais du paddle tennis. Je m’entretiens.
Vous êtes coordinatrice du Servette Chênois, en quoi consiste votre rôle?
Je m’occupe du recrutement, des contrats, de la gestion des jeunes talents. L’Académie compte deux équipes de M12, une de M14, M15, M17 et M19. Le football féminin se développe de plus en plus, à Genève aussi, et l’époque où on avait de la peine à trouver de nouvelles joueuses est derrière nous.
À 11 ans, faute de formation féminine, vous aviez dû commencer dans une équipe mixte à Grand-Lancy. Pour une fille, c’était mal vu de jouer au foot?
Nous n’étions que deux dans une équipe de garçons. «T’as vu, c’est une fille», s’exclamaient parfois les gens. Le cliché du garçon manqué, je l’ai aussi entendu d’autant que j’avais les cheveux plutôt courts. Ce n’était pas forcément agréable à vivre. Mais, au fond, ça nous passait au-dessus. Aujourd’hui, le foot féminin est entré dans les mœurs. Les petites filles osent désormais annoncer à leurs parents qu’elles veulent jouer au foot sans que cela pose problème.
Dans les talk-shows français sur le foot, les femmes restent cantonnées au rôle de présentatrices, elles servent à faire joli. Or, vous êtes aujourd’hui devenue la première femme consultante sur Blue Sports. Vous commentez, analysez avec d’anciens joueurs de Super League. Tout un symbole, non?
Cela se passe superbien, j’adore parler foot avec d’autres passionnés. J’ai de bons échos et jamais on ne m’a fait sentir que je n’étais pas à ma place. Que je sois une femme dans un monde d’hommes au fond je n’y pense même pas.
À quand une femme pour commenter la Nati masculine?
Mettre une femme pour mettre une femme serait absurde. Je ne suis pas une militante. Mais, si elle en a les compétences, il n’y a aucune raison qu’une femme ne puisse pas le faire et qu’on lui mette des bâtons dans les roues.
La Suisse s’est vu décerner l’Euro féminin en 2025. Cela doit vous réjouir?
Cela nous donnera encore plus de visibilité. Après l’Euro en Angleterre l’an dernier et le Mondial cet été en Australie et en Nouvelle-Zélande, il s’agira pour la Suisse de sa troisième grande compétition consécutive. Cela incitera les clubs à compter encore plus sur le foot féminin.
Que peut espérer la Suisse en juillet-août. Son groupe comprend la Norvège, les Philippines et la Nouvelle-Zélande?
Franchir le premier tour au minimum. Malgré de bonnes joueuses, la Norvège a passé à côté du dernier Euro et il faudra se méfier des Néo-Zélandaises peu connues, mais qui joueront devant leur public.
Vous avez fêté votre 89e et dernière sélection lors de l’Euro l’été dernier. Un grand souvenir?
En réalité, c’était à 34 ans mon premier grand tournoi avec l’équipe nationale. Un rêve qui se réalisait, une apothéose.
Qui sont aujourd’hui les meilleures joueuses suisses?
Ramona Bachmann, l’attaquante du PSG, capable de faire la différence à tout moment et Lia Wälti, d’Arsenal, qui au milieu du terrain sait calmer le jeu.
Vous avez aussi été l’une des premières Suissesses à jouer à l’étranger en Espagne et en Italie. Là aussi, vous avez été une pionnière?
Au total, j’ai passé cinq ans à l’étranger, mais d’autres Suissesses jouaient en Allemagne, notamment. À l’époque, c’était la seule manière de vivre de notre sport. En Italie, mon salaire, loin d’être mirobolant, correspondait à celui d’un employé moyen dans le monde du travail, me permettait d’en vivre sans faire de grandes économies. Jouer en Sardaigne m’a permis de découvrir cette île merveilleuse.
Si un jour vous avez une fille, vous voudriez qu’elle joue au foot?
J’aimerais qu’elle fasse du sport, quel qu’il soit, car c’est important. Mais, en aucun cas, je ne la forcerai à jouer au foot.
Vous roulez toujours avec Speedy, votre vieux VW bus?
Je l’ai acheté en Sardaigne en 2011. J’avais toujours rêvé d’en avoir un. Je l’utilise pour les loisirs. Cet été comme j’aurai un peu plus de temps, j’espère bien faire une virée avec lui. Comme il dort au garage depuis un moment, il faudra simplement faire un petit check-up, deux ou trois réglages.