Ocevne, la Genevoise qui envoûte les passionnés de R&B

5 avril · Modifié · Melissa N'Dila

C’est le nouveau phénomène R&B à suivre. Alors qu’elle annonçait mercredi le lancement d’un second concert à Paris suite au premier dont les billets se sont écoulés en un temps record, Ocevne se dévoile ce vendredi dans un entretien chez ELLE. La Genevoise, saluée par des stars telles que Dadju ou Tayc, revient sur son parcours, ses doutes, ses réussites et sa détermination à faire valoir l’art helvétique dans toute la francophonie.

C’est le printemps. Le soleil vient officiellement d’amorcer son retour et avec lui, une aura tout aussi radieuse nous rejoint. C’est Ocevne, et son sourire des plus contagieux. Elle nous a donné rendez-vous dans un hôtel, à Genève. Une ville symbolique pour la chanteuse de 27 ans, puisqu’elle y a passé la majeure partie de sa vie. C’est ici qu’Océane, de son vrai nom, s’est également découvert une passion, celle de la chanson. Durant son adolescence, la Suissesse d’origines burundaise et congolaise a partagé en ligne des reprises depuis sa chambre. Jusqu’en 2018, où l’une d’entre elles a véritablement changé sa vie: une cover sur un morceau du célèbre chanteur français Dadju, qui l’amène à être repérée puis produite du jour au lendemain par Barak Adama, ex-membre de la Sexion d’assaut, aujourd’hui à la tête de son propre label H24.

Après deux EPs à succès, un projet musical retentissant, plus de 100’000 abonnés Instagram et près de huit millions de vues sur YouTube, Ocevne a annoncé le 15 mars la sortie de son premier album Nishati (2024). Un opus qui nous plonge dans l’âge d’or du R&B des années 1990: des rythmes à la TLC distillés par des slows à la Keyshia Cole au detour d’élans visuels et musicaux qui ont rendu célèbres les Destiny’s Childs. En seulement cinq ans de carrière, Ocevne se dit fière d’avoir non seulement trouvé son style, mais aussi son public, surtout en France, où elle bénéficie d’un soutien massif. Son premier concert à Paris, le 13 juin, a pour cause affiché complet en seulement une semaine, l’obligeant à annoncer une deuxième date au Trianon pour octobre. Entretien avec celle que les plus affûtés nomment « La nouvelle princesse du R&B ».

ELLE: Contrairement à vos EPs Mwanzo (2020) et Moyo Wazi (2020), Wingu (2022) était un projet particulièrement complet. Au point que vous l’aviez décrit comme « celui de la maturité ». Que représente alors Nishati dans votre carrière?
Ocevne: Je me suis beaucoup cherchée musicalement à travers mes deux premiers EPs, car je débutais dans la musique. Le troisième est arrivé à un moment où j’ai enfin eu l’impression de me trouver. Mais Nishati est l’album de l’authenticité, qui va de paire avec une maturité d’autant plus grande qu’auparavant.

Ce premier album représente ma réelle identité musicale, la véritable artiste que je suis.

Ocevne | ELLE Suisse

Vos précédents projets tournaient majoritairement autour de ce dont parle le mieux le R&B: les relations de couple. Or, Nishati aborde d’autres sujets plus introspectifs parmi lesquels sont notamment mis en avant la célébration de soi, de la femme et de l’indépendance (« Plan A » , « Seule (Again) » , « Nasty » , « Cheescake » )
C’est vrai. J’adore parler d’amour. C’est un thème universel. Mais avec ce premier album, j’avais besoin d’être la plus sincère possible, afin que mon public comprenne la personne que je suis. Mon âge est peut-être également un facteur qui fait que je ne veux plus que l’on m’enferme dans des clichés. Comme tout le monde, je suis faite de spectres disparates: assumer sa sexualité en tant que femme, affirmer les moments de doute, de dépression… beaucoup passent par ces moments de vie et je voulais que les gens s’identifient.

Clip de « Seule (Again) », Nishati, 2024, Ocevne

Vous y abordez également des sujets plus sensibles, comme les abus sur mineurs dans « Jeux d’enfants » . Ce n’est pas la première fois que vous mettez en lumière des drames sociétaux dans vos projets: « Toxic Boy » – tiré de Wingu – adressait les violences conjugales. Pourquoi est-ce important de partager de tels sujets dans votre musique?
Car j’estime que l’on ne parle toujours pas assez de ces sujets qui sont si sensibles. Or, il y a énormément de victimes, qui ont d’autant plus l’impression d’être seules. J’espère qu’en entendant une voix qui en parle, cela leur permettra de réaliser que ce n’est pas le cas. Aborder ces drames dans ma musique est d’autant plus essentiel que je ne considère pas faire de la musique seulement pour « amuser ». J’ai besoin de raconter des choses et c’est à travers ce médium – très thérapeutique pour moi aussi – que je parviens à en parler le mieux.

A lire aussi: Danitsa: « Mon prochain album sera grandiose »

On remarque aussi une certaine prise de risque telle que dans « Nobody » où vous vous mettez à rapper! Rares sont les artistes féminines R&B qui se mettent à ce genre musical. C’est plutôt l’inverse qui est régulièrement réalisé. Comment vous êtes-vous convaincue de le faire?
Oui! (rires) J’ai toujours voulu sortir de ma zone de confort. Et il y a eu toute une ferveur autour de la préparation de cet album avec mon équipe qui compte énormément d’artistes rap – cela m’a donné confiance. Finalement, cette petite incursion fait partie intégrante d’une volonté que j’ai depuis toujours: explorer au maximum des aspects qui, de prime à bord, me semblent inaccessibles.

Vous expliquiez que le R&B devait être composé avec un autre genre musical pour être réellement apprécié par le grand public. Le monogenre comme on le connaît aux Etats-Unis pouvait selon vous encore faire peur en francophonie, car très niche. Nishati challenge pourtant ce discours avec des sons très R&B – parfois presque old school.
J’ai longtemps pensé avoir besoin d’édulcorer ma musique pour qu’elle soit mieux digérée par le public qui me découvrait. Mais au moment de la création de Nishati, j’ai réalisé que le fil conducteur de tous mes projets réalisés jusqu’à présent étaient le R&B. C’est le style dans lequel je me reconnais le plus. J’ai alors décidé de me faire confiance.

Est-ce difficile de se faire confiance dans l’industrie de la musique?
Oui, surtout lorsqu’on est une artiste en développement. On a à la fois envie d’écouter ceux qui nous entourent et qui justifient d’une expérience considérable, et en même temps, on a envie de s’écouter. Mais je pense qu’il faut toujours faire confiance à cette petite voix qui résonne au plus profond de soi.

A lire aussi: « Joël Dicker: « Il faudrait parvenir à s’ouvrir avec ceux que l’on aime »

Une confiance en vous qui a visiblement payé puisque Dadju vous appelle « son R&B girl préférée ». Est-ce que l’Océane de 2018 aurait cru un jour en arriver là au moment où elle reprenait, dans sa chambre, le morceau du chanteur?
Pas du tout. Quand j’y repense, tout cela m’émeut beaucoup. Je me revois durant ces moments où je me disais que je n’y arriverai jamais. Et aujourd’hui, je sors mon premier album, et vais performer sur scène à guichet fermé. Je suis fière du chemin parcouru, fière de ne jamais avoir abandonné.

Faire de la musique ma profession m’a permis de découvrir une part de ma personnalité que je ne connaissais pas: celle d’être une battante.

Ocevne | ELLE Suisse

Mais n’y a-t-il pas trop de pression à être considérée comme un symbole d’un style de musique qui a d’autant plus longtemps peiné à faire sa place dans le paysage musical francophone?
Oui. C’est en effet un poids que je ne veux pas porter sur mes épaules. Cela me fait certes très plaisir que les gens se réjouissent pour moi, mais je débute à peine ma carrière. Je vais très certainement faire des erreurs, donc je ne veux pas prétendre au titre de symbole.

A lire aussi: Beyoncé sort Cowboy Carter: ce que cachent les titres de l’album

Vous demeurez en tout cas une artiste suisse qui s’exporte, à l’instar de nombreux rappeurs suisses. Selon plusieurs spécialistes, ces derniers se voudraient plus créatifs et vindicatifs que leurs homologues étrangers parce que – peu reconnus dans le paysage médiatique – ils auraient davantage à prouver. Avez-vous, vous aussi, cette impression en faisant du R&B?
De premier abord, pas nécessairement, car en ce moment, tout va assez bien dans ma carrière. Mais lorsque j’y réfléchis plus longuement et que je vois le chemin parcouru, je me rends compte que c’est un peu le cas. Et pas seulement en étant en France, mais à l’intérieur même de mon pays, la Suisse.

J’ai l’impression de devoir travailler deux fois plus, car je n’ai pas eu d’exemple helvétique faisant du R&B et ayant assez été mis en avant dans le pays. Ca motive alors à se battre pour se faire d’autant plus connaître, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières.

Ocevne | ELLE Suisse

Avez-vous alors le sentiment d’ouvrir la voie à d’autres Suisses et Suissesses qui voudraient également entamer une carrière dans le R&B?
Je l’espère. La Suisse regorge d’artistes musicaux talentueux.

Vous aviez expliqué vous être perdue en 2022. Comment avez-vous fait pour vous retrouver avec Nishati?
Il a d’abord fallu accepter cette sensation, ne pas la combattre. Il n’y a rien de péjoratif à ne pas être toujours au top de sa forme. Je n’ai pas peur de le dire: ces dernières années, j’ai connu la dépression. J’avais le sentiment de n’être bonne à rien. Ce n’est qu’à partir du moment où j’ai accepté de vivre pleinement ce moment difficile, qui m’a en réalité permis de faire le point sur l’artiste que je voulais vraiment être, que j’ai par la suite tout autant réussi à me relever.

Et donc, qui est l’artiste Ocevne? Qu’est-ce qui fait sa musique?
Le style « Ocevne » est R&B, mais inspiré par de nombreux autres genres. Je suis quelqu’un de très curieux qui n’aime pas s’enfermer dans des carcans. La preuve, Nishati réunit certes mon genre de coeur, mais invite à me redécouvrir dans du rap, de la variété, ou même encore dans de la jersey music.

Quels morceaux de Nishati nous conseilleriez-vous d’ailleurs pour redonner confiance en soi, déclarer son amour à son partenaire et faire la fête?
« Seule (Again) », « Mieux que les autres » (avec Monsieur Nov) et « Happy Jersey » . J’ai d’ailleurs hâte de jouer cette dernière en concert. Ca va être fou!

« Happy Jersey », Nishati, 2024, Ocevne

Ocevne a sorti son premier album Nishati le 15 mars 2024. Elle sera en concert à Paris le 13 juin 2024 aux Etoiles et le 23 octobre 2024 au Trianon.

Tags : concert · interview · paris · R&B · Genève

C’est le nouveau phénomène R&B à suivre. Alors qu’elle annonçait mercredi le lancement d’un second concert à Paris suite au premier dont les billets se sont écoulés en un temps record, Ocevne se dévoile ce vendredi dans un entretien chez ELLE. La Genevoise, saluée par des stars telles que Dadju ou Tayc, revient sur son parcours, ses doutes, ses réussites et sa détermination à faire valoir l’art helvétique dans toute la francophonie.

C’est le printemps. Le soleil vient officiellement d’amorcer son retour et avec lui, une aura tout aussi radieuse nous rejoint. C’est Ocevne, et son sourire des plus contagieux. Elle nous a donné rendez-vous dans un hôtel, à Genève. Une ville symbolique pour la chanteuse de 27 ans, puisqu’elle y a passé la majeure partie de sa vie. C’est ici qu’Océane, de son vrai nom, s’est également découvert une passion, celle de la chanson. Durant son adolescence, la Suissesse d’origines burundaise et congolaise a partagé en ligne des reprises depuis sa chambre. Jusqu’en 2018, où l’une d’entre elles a véritablement changé sa vie: une cover sur un morceau du célèbre chanteur français Dadju, qui l’amène à être repérée puis produite du jour au lendemain par Barak Adama, ex-membre de la Sexion d’assaut, aujourd’hui à la tête de son propre label H24.

Après deux EPs à succès, un projet musical retentissant, plus de 100’000 abonnés Instagram et près de huit millions de vues sur YouTube, Ocevne a annoncé le 15 mars la sortie de son premier album Nishati (2024). Un opus qui nous plonge dans l’âge d’or du R&B des années 1990: des rythmes à la TLC distillés par des slows à la Keyshia Cole au detour d’élans visuels et musicaux qui ont rendu célèbres les Destiny’s Childs. En seulement cinq ans de carrière, Ocevne se dit fière d’avoir non seulement trouvé son style, mais aussi son public, surtout en France, où elle bénéficie d’un soutien massif. Son premier concert à Paris, le 13 juin, a pour cause affiché complet en seulement une semaine, l’obligeant à annoncer une deuxième date au Trianon pour octobre. Entretien avec celle que les plus affûtés nomment « La nouvelle princesse du R&B ».

ELLE: Contrairement à vos EPs Mwanzo (2020) et Moyo Wazi (2020), Wingu (2022) était un projet particulièrement complet. Au point que vous l’aviez décrit comme « celui de la maturité ». Que représente alors Nishati dans votre carrière?
Ocevne: Je me suis beaucoup cherchée musicalement à travers mes deux premiers EPs, car je débutais dans la musique. Le troisième est arrivé à un moment où j’ai enfin eu l’impression de me trouver. Mais Nishati est l’album de l’authenticité, qui va de paire avec une maturité d’autant plus grande qu’auparavant.

Ce premier album représente ma réelle identité musicale, la véritable artiste que je suis.

Ocevne | ELLE Suisse

Vos précédents projets tournaient majoritairement autour de ce dont parle le mieux le R&B: les relations de couple. Or, Nishati aborde d’autres sujets plus introspectifs parmi lesquels sont notamment mis en avant la célébration de soi, de la femme et de l’indépendance (« Plan A » , « Seule (Again) » , « Nasty » , « Cheescake » )
C’est vrai. J’adore parler d’amour. C’est un thème universel. Mais avec ce premier album, j’avais besoin d’être la plus sincère possible, afin que mon public comprenne la personne que je suis. Mon âge est peut-être également un facteur qui fait que je ne veux plus que l’on m’enferme dans des clichés. Comme tout le monde, je suis faite de spectres disparates: assumer sa sexualité en tant que femme, affirmer les moments de doute, de dépression… beaucoup passent par ces moments de vie et je voulais que les gens s’identifient.

Clip de « Seule (Again) », Nishati, 2024, Ocevne

Vous y abordez également des sujets plus sensibles, comme les abus sur mineurs dans « Jeux d’enfants » . Ce n’est pas la première fois que vous mettez en lumière des drames sociétaux dans vos projets: « Toxic Boy » – tiré de Wingu – adressait les violences conjugales. Pourquoi est-ce important de partager de tels sujets dans votre musique?
Car j’estime que l’on ne parle toujours pas assez de ces sujets qui sont si sensibles. Or, il y a énormément de victimes, qui ont d’autant plus l’impression d’être seules. J’espère qu’en entendant une voix qui en parle, cela leur permettra de réaliser que ce n’est pas le cas. Aborder ces drames dans ma musique est d’autant plus essentiel que je ne considère pas faire de la musique seulement pour « amuser ». J’ai besoin de raconter des choses et c’est à travers ce médium – très thérapeutique pour moi aussi – que je parviens à en parler le mieux.

A lire aussi: Danitsa: « Mon prochain album sera grandiose »

On remarque aussi une certaine prise de risque telle que dans « Nobody » où vous vous mettez à rapper! Rares sont les artistes féminines R&B qui se mettent à ce genre musical. C’est plutôt l’inverse qui est régulièrement réalisé. Comment vous êtes-vous convaincue de le faire?
Oui! (rires) J’ai toujours voulu sortir de ma zone de confort. Et il y a eu toute une ferveur autour de la préparation de cet album avec mon équipe qui compte énormément d’artistes rap – cela m’a donné confiance. Finalement, cette petite incursion fait partie intégrante d’une volonté que j’ai depuis toujours: explorer au maximum des aspects qui, de prime à bord, me semblent inaccessibles.

Vous expliquiez que le R&B devait être composé avec un autre genre musical pour être réellement apprécié par le grand public. Le monogenre comme on le connaît aux Etats-Unis pouvait selon vous encore faire peur en francophonie, car très niche. Nishati challenge pourtant ce discours avec des sons très R&B – parfois presque old school.
J’ai longtemps pensé avoir besoin d’édulcorer ma musique pour qu’elle soit mieux digérée par le public qui me découvrait. Mais au moment de la création de Nishati, j’ai réalisé que le fil conducteur de tous mes projets réalisés jusqu’à présent étaient le R&B. C’est le style dans lequel je me reconnais le plus. J’ai alors décidé de me faire confiance.

Est-ce difficile de se faire confiance dans l’industrie de la musique?
Oui, surtout lorsqu’on est une artiste en développement. On a à la fois envie d’écouter ceux qui nous entourent et qui justifient d’une expérience considérable, et en même temps, on a envie de s’écouter. Mais je pense qu’il faut toujours faire confiance à cette petite voix qui résonne au plus profond de soi.

A lire aussi: « Joël Dicker: « Il faudrait parvenir à s’ouvrir avec ceux que l’on aime »

Une confiance en vous qui a visiblement payé puisque Dadju vous appelle « son R&B girl préférée ». Est-ce que l’Océane de 2018 aurait cru un jour en arriver là au moment où elle reprenait, dans sa chambre, le morceau du chanteur?
Pas du tout. Quand j’y repense, tout cela m’émeut beaucoup. Je me revois durant ces moments où je me disais que je n’y arriverai jamais. Et aujourd’hui, je sors mon premier album, et vais performer sur scène à guichet fermé. Je suis fière du chemin parcouru, fière de ne jamais avoir abandonné.

Faire de la musique ma profession m’a permis de découvrir une part de ma personnalité que je ne connaissais pas: celle d’être une battante.

Ocevne | ELLE Suisse

Mais n’y a-t-il pas trop de pression à être considérée comme un symbole d’un style de musique qui a d’autant plus longtemps peiné à faire sa place dans le paysage musical francophone?
Oui. C’est en effet un poids que je ne veux pas porter sur mes épaules. Cela me fait certes très plaisir que les gens se réjouissent pour moi, mais je débute à peine ma carrière. Je vais très certainement faire des erreurs, donc je ne veux pas prétendre au titre de symbole.

A lire aussi: Beyoncé sort Cowboy Carter: ce que cachent les titres de l’album

Vous demeurez en tout cas une artiste suisse qui s’exporte, à l’instar de nombreux rappeurs suisses. Selon plusieurs spécialistes, ces derniers se voudraient plus créatifs et vindicatifs que leurs homologues étrangers parce que – peu reconnus dans le paysage médiatique – ils auraient davantage à prouver. Avez-vous, vous aussi, cette impression en faisant du R&B?
De premier abord, pas nécessairement, car en ce moment, tout va assez bien dans ma carrière. Mais lorsque j’y réfléchis plus longuement et que je vois le chemin parcouru, je me rends compte que c’est un peu le cas. Et pas seulement en étant en France, mais à l’intérieur même de mon pays, la Suisse.

J’ai l’impression de devoir travailler deux fois plus, car je n’ai pas eu d’exemple helvétique faisant du R&B et ayant assez été mis en avant dans le pays. Ca motive alors à se battre pour se faire d’autant plus connaître, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières.

Ocevne | ELLE Suisse

Avez-vous alors le sentiment d’ouvrir la voie à d’autres Suisses et Suissesses qui voudraient également entamer une carrière dans le R&B?
Je l’espère. La Suisse regorge d’artistes musicaux talentueux.

Vous aviez expliqué vous être perdue en 2022. Comment avez-vous fait pour vous retrouver avec Nishati?
Il a d’abord fallu accepter cette sensation, ne pas la combattre. Il n’y a rien de péjoratif à ne pas être toujours au top de sa forme. Je n’ai pas peur de le dire: ces dernières années, j’ai connu la dépression. J’avais le sentiment de n’être bonne à rien. Ce n’est qu’à partir du moment où j’ai accepté de vivre pleinement ce moment difficile, qui m’a en réalité permis de faire le point sur l’artiste que je voulais vraiment être, que j’ai par la suite tout autant réussi à me relever.

Et donc, qui est l’artiste Ocevne? Qu’est-ce qui fait sa musique?
Le style « Ocevne » est R&B, mais inspiré par de nombreux autres genres. Je suis quelqu’un de très curieux qui n’aime pas s’enfermer dans des carcans. La preuve, Nishati réunit certes mon genre de coeur, mais invite à me redécouvrir dans du rap, de la variété, ou même encore dans de la jersey music.

Quels morceaux de Nishati nous conseilleriez-vous d’ailleurs pour redonner confiance en soi, déclarer son amour à son partenaire et faire la fête?
« Seule (Again) », « Mieux que les autres » (avec Monsieur Nov) et « Happy Jersey » . J’ai d’ailleurs hâte de jouer cette dernière en concert. Ca va être fou!

« Happy Jersey », Nishati, 2024, Ocevne

Ocevne a sorti son premier album Nishati le 15 mars 2024. Elle sera en concert à Paris le 13 juin 2024 aux Etoiles et le 23 octobre 2024 au Trianon.

Tags : concert · interview · paris · R&B · Genève