Sex and the City sur Netflix: le retour d’une série socialement dépassée?

13 avril · Modifié · ELLE Rédaction

Preparez-vous à déchausser vos Manolo Blahnik et à vous plonger dans une nouvelle ère de débats sociétaux.

Soyons francs. Même pour les fans les plus anciens de Sex and the City, il y aura probablement des moments de la série qui provoqueront près de 30 ans plus tard un certain malaise. Comme ces fois où Carrie Bradshaw (interprétée par l’irremplaçable Sarah Jessica Parker) passe tout un épisode à s’inquiéter du fait d’avoir pété devant M. Big. Certains éléments de la fiction peuvent d’autant plus paraître problématiques dont le manque flagrant de diversité ou de membres de la communauté LGBTQIA+.

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Reste que Sex and the City perdure dans les esprits, traversant le temps durant lequel chaque génération se demande si elle se reconnaît davantage dans une Carrie, une Samantha, une Charlotte ou une Miranda. La dernière en date à s’être posée la question est la Z, dont les membres les plus âgés sont nés en 1997, un an avant la première diffusion de la série. Grâce à Netflix, ces derniers peuvent plonger – ou replonger – dans l’univers de la fiction désormais disponible sur la plateforme de streaming.

Populations et thématiques exclues

Depuis le 1er avril, environ 260 millions d’abonnés dans le monde ont l’opportunité de revivre l’époque des Manolo Blahnik, des Cosmo et des escapades new-yorkaises de la fin des années 1990. Mais les téléspectateurs les plus jeunes, les plus attentifs aux enjeux sociétaux, ne trouveront-ils pas dans cette série un terrain miné d’intrigues controversées et de personnages quelque peu douteux?

Le Daily Mail a en effet rapporté que l’arrivée de Sex and the City sur Netflix avait en Grande-Bretagne déjà suscité un « débat acerbe » entre les milléniaux et la génération Z. Cependant, en se tournant du côté des utilisateurs d’Instagram, il semble que la plupart hésitent à classer la série comme bonne ou mauvaise, ouvrant ainsi la voie à un nouveau dialogue et peut-être moins polarisé.

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Certains, comme une jeune femme de 24 ans, la considèrent comme un incontournable, déclarant même que c’est la seule serie qu’elle pourrait regarder à l’infini. D’autres en revanche, comme un téléspectateur de 26 ans, la jugent dépassée, pointant du doigt des remarques telles que celle de Carrie comparant l’éternelle incompréhension entre les mariés et les célibataires au conflit politique en Irlande. L’épisode où ce personnage principal remet en question l’existence de la bisexualité est en outre vivement critiqué pour son manque de sensibilité.

Importance du contexte?

Une jeune femme de 26 ans, fervente de la série, recommande pourtant à ses pairs de la génération Z de « prendre du recul et d’adopter une perspective critique lorsque Carrie fait preuve de stupidité et de biphobie ». Cette dernière compare cette approche à celle devant, selon elle, être adoptée lors de la lecture d’œuvres classiques comme celle de Jane Austen Orgueil et Préjugés (1813). Elle estime ainsi que la plupart des spectateurs ne consomment pas ce type de média sans une conscience du contexte historique et social qui l’entoure.

« Je pense que la plupart des spectateurs de la génération Z qui découvrent les premiers épisodes devraient les considérer tel qu’ils sont: de la fiction sortie à la fin des années 1990. Quant à ceux qui refusent de les regarder, je les respecte totalement, mais je pense qu’ils vont vraiment manquer quelque chose. » Des comptes Instagram populaires comme @wokecharlotte et @everyoutfitonsatc en font d’ailleurs leur terrain de jeu en se moquant de des lacunes actuelles de la série.

On pourrait alors s’attendre à ce que les défenseurs auto-proclamés de l’époque des milléniaux, ceux qui ont réhabilité le culte des séries B tels que Friends malgré ses imperfections, trouvent un certain réconfort dans les travers de la série. Comme l’a judicieusement envisagé Vanity Fair, il ne faudra pas longtemps avant que les vidéos TikTok inspirées de la transformation de Carrie Bradshaw ne fleurissent. Et il serait souhaitable de voir ressurgir certains débats (et moins controversés) de Sex and the City, tels que Big vs. Aidan, les défis du célibat, et surtout, la question de savoir si un adulte peut et doit porter un tutu.

Malgré tous leurs défauts, les représentations courageuses et sans tabous (pour leur époque) des rencontres, du sexe et du célibat méritent notre attention. Il est assez facile d’oublier que lors de sa première diffusion entre 1998 et 2004, les critiques masculines jugaient régulièrement la série comme étant « superficielle » et « frivole », reprochant aux personnages féminins « leur manque de sympathie ». En 1999, l’une d’entre elles était même allé jusqu’à les qualifier de « Fées Clochettes narcissiques ». Il est fort probable que toutes générations d’aujourd’hui se réjouissent du fait que le succès constant de la série ait démontré que ces détracteurs avaient tort.

Autrice: Jessica Burrell
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elle.com/uk. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.

Tags : netflix · etats-unis · femmes · analyse

Preparez-vous à déchausser vos Manolo Blahnik et à vous plonger dans une nouvelle ère de débats sociétaux.

Soyons francs. Même pour les fans les plus anciens de Sex and the City, il y aura probablement des moments de la série qui provoqueront près de 30 ans plus tard un certain malaise. Comme ces fois où Carrie Bradshaw (interprétée par l’irremplaçable Sarah Jessica Parker) passe tout un épisode à s’inquiéter du fait d’avoir pété devant M. Big. Certains éléments de la fiction peuvent d’autant plus paraître problématiques dont le manque flagrant de diversité ou de membres de la communauté LGBTQIA+.

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Reste que Sex and the City perdure dans les esprits, traversant le temps durant lequel chaque génération se demande si elle se reconnaît davantage dans une Carrie, une Samantha, une Charlotte ou une Miranda. La dernière en date à s’être posée la question est la Z, dont les membres les plus âgés sont nés en 1997, un an avant la première diffusion de la série. Grâce à Netflix, ces derniers peuvent plonger – ou replonger – dans l’univers de la fiction désormais disponible sur la plateforme de streaming.

Populations et thématiques exclues

Depuis le 1er avril, environ 260 millions d’abonnés dans le monde ont l’opportunité de revivre l’époque des Manolo Blahnik, des Cosmo et des escapades new-yorkaises de la fin des années 1990. Mais les téléspectateurs les plus jeunes, les plus attentifs aux enjeux sociétaux, ne trouveront-ils pas dans cette série un terrain miné d’intrigues controversées et de personnages quelque peu douteux?

Le Daily Mail a en effet rapporté que l’arrivée de Sex and the City sur Netflix avait en Grande-Bretagne déjà suscité un « débat acerbe » entre les milléniaux et la génération Z. Cependant, en se tournant du côté des utilisateurs d’Instagram, il semble que la plupart hésitent à classer la série comme bonne ou mauvaise, ouvrant ainsi la voie à un nouveau dialogue et peut-être moins polarisé.

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Certains, comme une jeune femme de 24 ans, la considèrent comme un incontournable, déclarant même que c’est la seule serie qu’elle pourrait regarder à l’infini. D’autres en revanche, comme un téléspectateur de 26 ans, la jugent dépassée, pointant du doigt des remarques telles que celle de Carrie comparant l’éternelle incompréhension entre les mariés et les célibataires au conflit politique en Irlande. L’épisode où ce personnage principal remet en question l’existence de la bisexualité est en outre vivement critiqué pour son manque de sensibilité.

Importance du contexte?

Une jeune femme de 26 ans, fervente de la série, recommande pourtant à ses pairs de la génération Z de « prendre du recul et d’adopter une perspective critique lorsque Carrie fait preuve de stupidité et de biphobie ». Cette dernière compare cette approche à celle devant, selon elle, être adoptée lors de la lecture d’œuvres classiques comme celle de Jane Austen Orgueil et Préjugés (1813). Elle estime ainsi que la plupart des spectateurs ne consomment pas ce type de média sans une conscience du contexte historique et social qui l’entoure.

« Je pense que la plupart des spectateurs de la génération Z qui découvrent les premiers épisodes devraient les considérer tel qu’ils sont: de la fiction sortie à la fin des années 1990. Quant à ceux qui refusent de les regarder, je les respecte totalement, mais je pense qu’ils vont vraiment manquer quelque chose. » Des comptes Instagram populaires comme @wokecharlotte et @everyoutfitonsatc en font d’ailleurs leur terrain de jeu en se moquant de des lacunes actuelles de la série.

On pourrait alors s’attendre à ce que les défenseurs auto-proclamés de l’époque des milléniaux, ceux qui ont réhabilité le culte des séries B tels que Friends malgré ses imperfections, trouvent un certain réconfort dans les travers de la série. Comme l’a judicieusement envisagé Vanity Fair, il ne faudra pas longtemps avant que les vidéos TikTok inspirées de la transformation de Carrie Bradshaw ne fleurissent. Et il serait souhaitable de voir ressurgir certains débats (et moins controversés) de Sex and the City, tels que Big vs. Aidan, les défis du célibat, et surtout, la question de savoir si un adulte peut et doit porter un tutu.

Malgré tous leurs défauts, les représentations courageuses et sans tabous (pour leur époque) des rencontres, du sexe et du célibat méritent notre attention. Il est assez facile d’oublier que lors de sa première diffusion entre 1998 et 2004, les critiques masculines jugaient régulièrement la série comme étant « superficielle » et « frivole », reprochant aux personnages féminins « leur manque de sympathie ». En 1999, l’une d’entre elles était même allé jusqu’à les qualifier de « Fées Clochettes narcissiques ». Il est fort probable que toutes générations d’aujourd’hui se réjouissent du fait que le succès constant de la série ait démontré que ces détracteurs avaient tort.

Autrice: Jessica Burrell
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elle.com/uk. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.

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