La révolution a commencé.
En 2024, nous avons vu défiler de nombreuses tendances en matière de chaussures: des chaussures bateau, aux sandales en gelée, sans oublier l’humble tong, toutes ont occupé le devant de la scène. Pourtant, une silhouette classique semble avoir fait un retour discret en coulisses: le talon aiguille.
Depuis que Christian Dior et Roger Vivier (ou peut-être Salvatore Ferragamo ou André Perugia, le débat reste ouvert) ont lancé « l’aiguille » dans les années 1950, ce talon est devenu le symbole absolu du chic.
Qui peut oublier Andie Sachs, jouée par Anne Hathaway, boitant sur ses stilettos en se rendant au travail dans Le Diable s’habille en Prada (2006) – la chaussure incarnait déjà son entrée dans le monde impitoyable de la mode. Quant aux Manolo Blahnik et Jimmy Choo indissociables de Carrie Bradshaw (Sarah Jessica Parker), ils étaient la signature d’une journaliste qui vivait et respirait le style.
Les héroïnes puissantes des écrans portent souvent des talons aiguilles, parfois de manière totalement inexplicable, et nous, simples mortels, avons toujours associé « sortir » à l’idée d’enfiler ces chaussures emblématiques qui sculptent la voûte plantaire. Cependant, une récente discussion au sein des bureaux de ELLE a révélé que, pour la plupart d’entre nous, les talons aiguilles n’ont pas été de mise depuis longtemps, et nous ne les avons même pas croisés en ville.
En 2024, les vendredis soirs sont rythmés par des filles cool arborant des Tabi Margiela, des Mary Janes, des brogues à pampilles et des mocassins à enfiler. Les talons aiguilles semblent désormais… presque inconfortables, à tel point qu’ils frôlent le ringard.
La mort des talons hauts
Peut-être avons-nous assisté à un lent déclin des talons aiguilles, avec l’émergence du talon chaton ces dernières années, une relique des années 2000 qui a soudainement retrouvé ses lettres de noblesse.
Actuellement en plein mois de la mode, alors que nous documentons les premières rangées et les moments emblématiques du style de rue, il est frappant de constater que les talons gratte-ciel sont absents des pieds des plus chics de la mode.
Lorsque nous avons aperçu l’irrésistible Daisy Edgar-Jones au premier rang du défilé Gucci, il est devenu évident que la chaussure plate s’est imposée comme un incontournable. Mais qu’est-ce qui explique cette tendance? Sans surprise, les ventes de talons hauts ont chuté de 65 % par rapport à l’année précédente, selon le cabinet d’études de marché NPD. À la sortie de la pandémie de Covid-19, nous étions habitués à vivre avec les pieds bien ancrés dans des sneakers et des claquettes. Les ballerines, à la fois esthétiques et peu contraignantes pour la voûte plantaire, ont commencé à séduire nos paniers.
En 2023, la Tabi de Margiela, inspirée d’une chaussure japonaise du XVe siècle et lancée dans les années 1980, est devenue virale sur TikTok. La chaussure plate n’était plus seulement synonyme de confort ; elle était devenue une tendance incontournable. Comme l’a souligné Business of Fashion, « la Tabi est devenue un symbole d’un certain niveau de mode sous-culturelle et Internet-lettrée ».
Depuis, d’autres marques tendance ont emboîté le pas avec les mocassins en daim de Miu Miu, les chaussures bateau noires vernies de Bally, les ballerines ornées d’Alaïa, et bien sûr, les ballerines à mors de cheval en daim Gucci, que Jones portait. Les Tabi ont-elles éclipsé le marché des chaussures plates? Nous ne pouvons pas l’affirmer, mais une chose est sûre: cet été, nous allons laisser les talons aiguilles à la porte au profit de chaussures plus confortables et résolument stylées.
Autrice: Ruby Feneley
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elle.com/au. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.