Des femmes actives sapées au masculin, décryptage avec le créateur Aldo Maria Camillo.
Les créateurs de mode homme imaginent des défilés ou des présentations de collections aux coupes masculines. Pourtant, des femmes y apparaissent vêtues de costume souple ou veste oversize, sans perdre une once de charme. Comme exemple: le créateur Yohji Yamamoto, pour l’hiver 2024 fait défiler des couples avec la philosophie du bien-être, de l’interchangeabilité. Laissant au placard l’hypersexualisation, il démontre une équité amusante, habitée de tissus typés, d’imperméables et de pantalons larges.
Lors d’un entretien sur ce phénomène, Aldo Maria Camillo, qui a fait naître sa marque éponyme en 2018 à Paris, approuve cette tendance. Son expérience va en ce sens. Ce dernier peut se vanter d’avoir travaillé dans les plus beaux groupes de luxe tels que Zegna, Valentino ou encore Cerruti. Sa brand s’est construite sur l’influence du costume homme, une madeleine de Proust qui lui vient de son grand-papa banquier, lui aussi prénommé Aldo. Le créateur, en devenir à cette époque, était plutôt nippé en style skateur: t-shirt et pantalon confort, mais avec une veste de costard. L’alchimie des expériences et les souvenirs d’enfance constituent l’ADN de sa marque. Au fur et à mesure de son parcours, il déconstruit, assouplit les lignes des costumes et les associe à des marcels, des chemises transparentes faciles à porter. De quoi dédramatiser la rigueur des vêtements masculins et donner une opportunité aux dames d’être cools et élégantes en AMC. Le designer confie que le fait qu’une femme puisse piquer les fringues de son mec lui plaît. Le concept est plutôt romantique, sensuel et enveloppant.
D’ailleurs en 2023, il présente sa collection sur des danseurs et danseuses. Ces derniers bougent à leur aise, vêtus en Aldo Maria Camillo. Lequel redonne du mouvement au corps et signifie l’importance de la transversalité masculin/féminin, de la contemporanéité dans la mode. On ne peut que tomber sous le charme de ce style, car il y a de la rigueur, de l’expérience, une ouverture d’esprit. Il ne renie rien et alchimise tout, accueillant l’époque. Ses collections homme nommées: Radici, The Black Collection, Héritage, Wrinkles, ou Skin en disent long sur son processus artistique. La dernière présentée à Paris à la Fashion Week était pensée en tissu léger, comme une fine couche de peau pour offrir liberté et laisser parler l’âme. D’ailleurs, l’âme est-elle sexuée? À dire vrai « la bomber » à peine née du créateur vous irait à merveille! Ses clientes ont déjà passé commande.