
Alléger son temps de travail, n’est-ce pas le rêve ultime de toute femme cadre aujourd’hui? Avoir des heures devant soi, à flâner, à ne rien faire… ou pas vraiment. Opinion.
Les mères suisses sont de grandes travailleuses. 83 % d’entre elles exercent une activité lucrative. Souvent à temps partiel… à l’extérieur, et à plein temps, à la maison. Ce qui fait exploser la barre du 100 %! Depuis le Covid, les cadres, hommes et femmes, sont aussi tentés de déserter le bureau pour tenter la sérénité. Selon les derniers baromètres de l’égalité, les familles suisses souhaiteraient vivre dans un modèle où les deux parents travaillent à temps partiel. Et de nombreuses administrations et entreprises offrent aujourd’hui, dans un contexte de pénurie de talents, des postes de cadres supérieurs et supérieures, à temps partiel. Au point de faire de la Suisse l’un des leaders européens en la matière, derrière les Pays-Bas.
Un piège pour les femmes
Sauf que, l’horaire réduit de Monsieur est occupé à des cours ou des stages à l’étranger, alors que Madame travaille moins pour… souffler! Nous en sommes encore là aujourd’hui, tous les experts du monde vous le diront. Et toutes vos amies, qui ont tenté l’expérience, vous le confirmeront. Alors ce vendredi congé, passé à ne RIEN faire? À attendre, les pieds sur la table, que les petits rentrent de l’école? À flâner au bord du lac ou méditer dans la forêt? Un rêve? Non, une arnaque. Les mille-feuilles au saumon ne se cuisinent pas tout seuls! La femme est encore au four et au moulin, elle nettoie, planifie, répare; bref, reste largement cette fée du logis qui a fait sa légende. Voilà pour le tableau domestique. Mais qu’en est-il au bureau?
Si les entreprises concèdent certains aménagements, elles n’attendent pas fondamentalement moins de leurs cadres, qui doivent hélas bien souvent rationaliser leur activité pour assumer le même cahier des charges, à temps réduit. C’est ce que les responsables RH appellent joliment le «faux temps partiel», qui consiste à travailler autant pour gagner moins! Un piège, dont les premières victimes sont les femmes. Tant que les rôles ne sont pas réellement partagés dans les familles, le mi-temps des cadres restera un leurre. La société évolue fort heureusement. Allez, encore un effort!
