Lundi 30 septembre se tenait dans un salon de l’Hôtel Beau Rivage à Genève, une conférence de presse donnée par l’Association Savoir Patient ASAP. Un mois d’octobre qui commence en rose comme chaque année et l’occasion de rappeler l’importance pour les femmes de consulter un médecin spécialisé, si elles observent quelque chose d’inhabituel dans leurs seins.
« Aujourd’hui je suis en rémission, je suis en vie. Et pendant longtemps, je vais me demander si mon traitement aurait été aussi invasif, aussi difficile, ou si mon quotidien aurait été le même, si j’avais été diagnostiquée plus tôt ». Ghizlane a 37 ans lorsqu’elle sent quelque chose d’anormal dans sa poitrine. Elle n’a pas d’antécédents familiaux, elle est jeune et donc pas dans la tranche d’âge potentiellement concernée par le cancer du sein. Il lui aura fallu plusieurs visites chez le médecin, plusieurs plaintes sur son état, des craintes apaisées sans être vérifiées totalement et sans que le danger soit écarté définitivement… Trois consultations de spécialistes, trois échographies et des annotations qui résonnent aujourd’hui « si pas d’amélioration, la patiente devra passer une mammographie ». Les symptômes persistent mais n’alertent pas. Son état se détériore, mais le corps médical la rassure, sans toutefois réussir à nommer son mal.
Trois mois plus tard, elle consulte à nouveau. Enfin, elle se voit prescrire une mammographie suivie d’une biopsie qui poseront un diagnostic: Ghizlane a un cancer du sein au stade 3, avec une tumeur de huit centimètres. Des mots prononcés et un monde qui s’écroule. Ghizlane est maman de deux enfants, elle travaille, sa vie de femme active, de mère, sa vie de famille, sa vie personnelle vont être mises à mal, meurtries, au profit d’un protocole médical long et lourd, qui va la bouleverser. Un témoignage poignant qui soulève quelques interrogations terrifiantes. Pourquoi n’a-t-on pas entendu Ghizlane avant? Pourquoi n’a-t-on pas considéré ses doutes, ses maux et cette boule qui grossissait dans sa poitrine? Quel est le rôle de la prévention dans la prise en charge d’un cancer?
Cancer du sein en augmentation
La Suisse est particulièrement touchée par le cancer du sein. Avec près de 6400 femmes nouvellement diagnostiquées chaque année, elle se trouve dans le groupe des pays « à haut risque ». Aujourd’hui, une Suissesse sur huit est concernée par le cancer du sein. Cela représente 32 % des cancers féminins, la première cause de mortalité féminine par cancer entre 40 et 50 ans, 19 % des femmes ont moins de 50 ans au moment du diagnostic, et 5 % moins de 40 ans.
Cette année, en 2024, la campagne annuelle de sensibilisation au cancer du sein Octobre Rose souligne cette réalité, souvent sous-estimée: le cancer du sein chez les femmes de moins de 50 ans augmente toujours plus. Parfois, les symptômes sont banalisés à un plus jeune âge. Pourtant, les cancers qui touchent les femmes plus jeunes sont plus agressifs. Mais abaisser l’âge du dépistage systématique est aussi une décision politique. Et la Suisse ne parle pas d’une seule et même voix au sujet du cancer du sein. Si la grande majorité des cantons a mis en place un programme de dépistage systématique dès 50 ans, certains cantons de suisse centrale et Zurich notamment s’y refusent encore. Et en moyenne 40 à 50 % des femmes invitées par ce programme de dépistage à se faire tester n’y vont pas. Un constat alarmant.

L’importance de la sensibilisation
L’Association Savoir Patient ASAP travaille à la sensibilisation au dépistage à travers des témoignages bouleversants de femmes qui vivent la maladie, et une campagne aux slogans forts « On me disait que j’étais trop jeune – Je ne me sentais pas concernée – Je n’avais pas d’antécédents familiaux – Consulte! Il n’y a pas d’âge pour en parler! – Heureusement, ma gynécologue m’a écoutée! ». Des mots puissants pour inciter les femmes à se surveiller, à pratiquer l’autopalpation, à écouter les changements de leur corps, à insister en cas de doute, à consulter dans des centres du sein dédiés à ce type de pathologie, à ne pas laisser le temps filer, parce que plus le cancer est pris en charge tôt, moins le traitement sera lourd, et plus les chances de guérison seront élevées.




Octobre Rose, c’est un agenda bien chargé, avec de nombreuses actions menées sur le terrain pour sensibiliser le grand public. Des tables rondes, des conférences ont lieu avec des médecins, des professeurs, pour questionner, répondre, débattre et témoigner de son parcours, s’informer, libérer la parole, mettre en lumière les clés de la guérison ou du mieux vivre. Des événements sont organisés pour récolter des fonds lors de matchs, concerts, courses, où témoignent solidarité et sororité lorsqu’il s’agit d’embrasser un combat, qui nous est propre ou pas. Et puis, Octobre Rose, c’est aussi des monuments et des villes qui revêtent la couleur de l’espoir, pour marquer leur engagement dans ce combat pour la vie.
