La célèbre Maison de mode italienne a annoncé jeudi mettre fin à son contrat avec son directeur artistique. Une nouvelle sans véritable surprise puisqu’elle intervient après de nombreuses critiques autour des collections de ce dernier, mais trouve également une explication au cœur d’un enjeu plus pressant encore.
En deux ans à la tête des créations mode de Gucci, il n’aura pas réussi à convaincre. Jeudi 6 février, le groupe Kering auquel appartient la marque italienne a révélé « la fin de sa collaboration avec le directeur de la création Sabato de Sarno« . De son côté, ce dernier a réagi en publiant sur Instagram des remerciements « aux personnes extraordinaires » qu’il a croisées sur son chemin, sans mentionner clairement Gucci: « Un simple merci ne suffirait peut-être pas. Mais aujourd’hui, mon sourire est pour vous. »
Nommé en janvier 2023, le designer napolitain aura signé cinq collections pour la Maison florentine, néanmoins accueillies avec une certaine réserve par les observateurs de la mode. Son approche, souvent jugée « trop sage » et « dénuée de profondeur », a fait l’objet de critiques récurrentes, notamment de la part de The Cut, qui pointait par ailleurs une mode « trop attendue ».
Manque d’audace et finances en chute libre
Il faut avouer que, dès le départ, succéder à Alessandro Michele s’annonçait compliquée pour Sabato de Sarno. Directeur artistique de Gucci dès 2015, cet hyper-créatif romain a donné un second souffle à la Maison italienne en tranchant avec des précédentes collections épurées. Son esthétique maximaliste et éclectique, mêlant romantisme, androgynie et inspirations vintage, a propulsé Gucci au sommet de la mode. Une vision créative qui n’a pas seulement redéfini l’identité de la maison, mais aussi triplé le chiffre d’affaires de celle-ci, passant de 3,9 milliards d’euros en 2015 à près de 10 milliards en 2019, selon Bilan.
Mais derrière les critiques stylistiques visant Sabato de Sarno, c’est l’ensemble de la stratégie de Kering qui se trouve remise en question. Pour Le Figaro, le manque d’audace pointés du doigt par les médias a certainement été provoqué par des enjeux financiers qui étranglent Kering, surtout depuis le départ d’Alessandro Michele en 2022 et qui choisira la Maison Valentino deux ans plus tard. Depuis, « les résultats de la maison n’ont cessé de plonger », observent nos confrères.
Désormais, la décision cruciale
Pourtant, sur le papier, Sabato de Sarno semblait être un choix pertinent. Formé chez Prada, où il a appris la rigueur du design, puis passé chez Dolce & Gabbana avant d’intégrer Valentino, il s’était imposé sous la direction de Pierpaolo Piccioli en tant que responsable du prêt-à-porter masculin et féminin. Son arrivée chez Gucci laissait espérer un équilibre entre sophistication et modernité, une ambition qui ne s’est finalement jamais concrétisée.
Son départ, précipité par des performances décevantes, laisse planer l’incertitude quant à la maison qu’il rejoindra à l’avenir. Dans l’attente, les prochaines collections de Gucci seront gérées par l’atelier de création, précise la marque. Quant à Kering, l’heure est désormais à une décision cruciale: celle qui enrayera la chute d’un empire du luxe.