Adopté par de nombreuses célébrités, voici comment fonctionne l’Ozempic, son mode de prescription, ses effets négatifs et bien plus encore.
Ozempic et d’autres médicaments GLP-1 similaires sont devenus si omniprésents qu’il est probable que même vos proches les moins connectés en aient entendu parler. Portés par la promotion de nombreuses célébrités et influenceurs, ils font régulièrement l’objet d’interviews et de publications sur les réseaux sociaux. Même Oprah Winfrey a reconnu en utiliser pour accompagner sa perte de poids. Pourtant, malgré cet engouement croissant, de nombreuses questions restent encore en suspens.
Les rédactrices d’ELLE ont mené une enquête approfondie pour répondre aux questions les plus fréquentes. Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur Ozempic : ses fondamentaux, son fonctionnement, son utilisation, son impact sur la fertilité et la ménopause.
Qu’est-ce qu’Ozempic et comment fonctionne-t-il ?
Ozempic est un sémaglutide, un médicament antidiabétique, un peptide qui imite les actions d’une hormone appelée GLP-1 (Glucagon-Like Peptide-1), naturellement présente dans votre corps, selon la Dre Lucky Sekhon, endocrinologue spécialisée en reproduction, experte en infertilité et obstétricienne-gynécologue. Le GLP-1 aide à réguler la glycémie, la digestion et l’appétit, ce qui vous fait ressentir la satiété plus rapidement.
De la même manière que « Botox » est devenu un terme générique pour tout ce qui fige les rides ou agit comme un neuromodulateur, Ozempic est désormais synonyme de tout médicament antidiabétique ayant un potentiel de perte de poids. « C’est comme dire Kleenex au lieu de mouchoir », confirme l’endocrinologue Caroline K. Messer, MD. Cependant, il existe d’autres médicaments similaires à Ozempic, qui fonctionnent différemment, comme Mounjaro, Zepbound, et d’autres encore.
En quoi Ozempic est-il différent de Zepbound, Mounjaro ou Wegovy ?
Ozempic et Wegovy sont tous deux des sémaglutides, ou médicaments GLP-1, fabriqués par différentes marques, mais ils sont « identiques », explique la Dre Messer. Leur seule différence se trouve dans le dosage. « La dose maximale d’Ozempic est de deux milligrammes, tandis que celle de Wegovy est de 2,4 », ajoute-t-elle. En raison de cette différence de dosage, Ozempic est approuvé par la FDA uniquement pour le traitement du diabète de type 2, tandis que Wegovy est approuvé pour la perte de poids.
De la même façon, Mounjaro et Zepbound sont également similaires, y compris en termes de dosage, bien qu’ils soient commercialisés par des marques différentes. Ces traitements à double agoniste, aussi appelés tirzépatides, agissent à la fois comme des GLP-1 et des polypeptides insulinotropes dépendants du glucose (GIP). Toutefois, seul Zepbound est approuvé par la FDA pour la perte de poids.
Les études montrent que ces médicaments à double agoniste offrent une perte de poids plus significative avec moins d’effets secondaires, selon la Dre Messer. Des solutions à triple agoniste sont également en développement, et les experts espèrent leur mise sur le marché en 2025.
Est-il efficace pour la perte de poids ?
Ozempic est avant tout prescrit pour le traitement du diabète de type 2, bien que son usage hors indication concerne également la gestion du poids. Toutefois, ce traitement, comme d’autres antidiabétiques, peut représenter une option efficace pour la perte de poids, à condition d’être suivi par un médecin. « Il stimule le corps à produire plus d’insuline, mais il ralentit également la vidange gastrique », explique le chirurgien plasticien Dr Steven Williams. « [Ozempic est] excellent pour contrôler la glycémie et pour la perte de poids, car nous avons moins faim et consommons moins de calories. »
Non seulement des médicaments comme Ozempic procurent une sensation de satiété plus rapide, mais leur effet sur l’insuline peut également favoriser la perte de poids. « Beaucoup de personnes ayant des difficultés à gérer leur poids ont tendance à présenter une résistance à l’insuline », explique la Dre Sekhon. « [Ozempic] stimule la production d’insuline, réduit les envies alimentaires et abaisse la glycémie. »
Un médecin peut-il en prescrire pour la perte de poids ?
Oui, dans le cadre d’une utilisation hors indication, car il n’est pas approuvé par la FDA pour la perte de poids. Les seuls médicaments antidiabétiques approuvés pour la perte de poids sont Wegovy et Zepbound.
Comment en obtenir ?
Si vous souhaitez essayer Ozempic ou d’autres médicaments similaires, il est préférable d’en parler à votre médecin pour voir s’il vous convient. Techniquement, tout type de médecin peut le prescrire, mais « il est important de consulter un cabinet médical, comme un cabinet de chirurgie plastique, d’endocrinologie ou de soins primaires », explique le Dr Williams. « Quelqu’un qui ne se contente pas seulement de donner [au patient] le médicament, mais qui suit son évolution et cherche à minimiser ou gérer les effets secondaires. »
Vous pourriez trouver des plateformes en ligne comme Hers ou WeightWatchers Clinic, mais elles exigent également une prescription médicale.
Votre couverture d’assurance jouera un rôle clé dans le choix du traitement auquel vous aurez accès, qu’il s’agisse d’Ozempic, de Mounjaro ou d’un autre. « De nombreux plans plus complets couvrent Zepbound, mais il est plus coûteux, donc certains plans ne couvrent que Wegovy », précise la Dre Messer.
Y a-t-il encore une pénurie d’Ozempic ?
Lorsque la découverte de l’efficacité d’Ozempic et d’autres traitements similaires pour la perte de poids a
suscité une énorme attention, cela a déclenché une frénésie menant à une pénurie mondiale. Aujourd’hui, il est bien plus facile pour les patients d’accéder à ces médicaments. « Lorsqu’il y a de la demande, ceux qui les fabriquent ne vont pas manquer une opportunité, donc [les entreprises] ont augmenté la production », explique le chirurgien plasticien Dr David Shafer.
Cependant, la Dre Messer remarque une légère diminution des stocks. « Il n’y avait plus de pénurie depuis août. C’est très anecdotique, mais différentes pharmacies commencent à dire qu’elles n’en ont plus. » Elle n’est pas totalement certaine de la raison, mais elle pense que cela pourrait être dû aux études croissantes montrant que ces médicaments peuvent être utilisés pour traiter d’autres affections. Récemment, la FDA a approuvé Zepbound pour le traitement de l’apnée du sommeil.
Pour qui Ozempic est-il le plus adapté ?
Il est le plus souvent prescrit pour le diabète de type 2 et, hors indication, pour la perte de poids. « Il a aidé de nombreuses personnes atteintes de diabète de type 2, qui est lié à la résistance à l’insuline, et il a également aidé beaucoup de personnes ayant des difficultés à perdre du poids avec d’autres méthodes traditionnelles », explique la Dre Sekhon.
Cependant, les médicaments GLP-1 pourraient offrir de nombreux autres bénéfices au-delà de la perte de poids ou du traitement du diabète, et ces effets font encore l’objet d’études. Parmi eux, l’apnée du sommeil et la santé cardiovasculaire. « Il possède également des mécanismes assez efficaces pour réduire certains comportements addictifs, comme l’alcoolisme ou le jeu », ajoute le Dr Williams, tout en précisant que des recherches supplémentaires sont nécessaires.
Combien coûte-t-il ?
C’est une question complexe, et le coût dépend principalement de la prise en charge par votre assurance pour Ozempic ou les médicaments GLP-1. Selon le Dr Williams, il n’existe pas de critères clairs et précis déterminant si une assurance couvre Ozempic, car cela varie d’une compagnie d’assurance à l’autre.
« Si leur assurance couvre Ozempic, les patients paient environ CHF 10 », explique le Dr Shafer. « Sinon, le prix peut atteindre jusqu’à CHF 700 par mois. Tout dépend de la dose et de la couverture de l’assurance. »
Comment l’utiliser ?
Ozempic et d’autres médicaments similaires doivent être injectés. La Dre Messer décrit l’aiguille comme étant « petite, de la taille de deux cheveux humains ». Souvent, son cabinet enseigne au patient comment l’injecter la première fois, puis celui-ci peut le faire lui-même par la suite. Il y a également l’espoir que la nouvelle génération de médicaments à triple agoniste, en cours de développement, puisse être prise par voie orale.
Quels sont ses effets secondaires ?
Peu importe le médicament utilisé, les effets secondaires seront similaires (bien que la Dre Messer note qu’ils sont légèrement moins intenses avec les agonistes doubles, comme Zepbound). La plupart des effets indésirables sont gastro-intestinaux, incluant des risques de nausées, reflux, éructations, dyspepsie, douleurs abdominales, constipation et diarrhée. Selon elle, environ 30 % des patients ressentent ces effets secondaires.
Les personnes ayant certaines conditions médicales sous-jacentes peuvent en avoir plus, notamment celles souffrant de gastroparésie, de hernies hiatales ou de calculs biliaires.
Elle souligne également que les patients atteints de troubles de l’alimentation compulsive ont tendance à ressentir plus de nausées, car leur sensation de satiété peut être perturbée, les amenant à continuer à manger même lorsqu’ils sont rassasiés. En général, ces effets secondaires diminuent avec le temps. Cependant, une augmentation de la posologie peut entraîner une réapparition des symptômes.
Affecte-t-il la fertilité ?
L’excès de poids peut affecter la capacité à ovuler en raison de la résistance à l’insuline, ce qui peut nuire à la fertilité. « Un taux élevé d’insuline agit comme un facteur de croissance sur les ovaires, les incitant à produire en excès des hormones de type testostérone appelées androgènes », explique la Dre Sekhon. « Cela peut entraîner une absence totale d’ovulation, très irrégulière ou imprévisible. Si vous ne savez pas quand vous ovulez ou si vous n’ovulez pas du tout, vos chances de tomber enceinte sont considérablement réduites. »
Elle précise que chez les personnes ayant des cycles menstruels irréguliers, l’utilisation d’Ozempic peut les rendre plus prévisibles, facilitant ainsi la gestion de la fertilité. « Si vous êtes en surpoids et que vous perdez du poids, cela peut aider à réduire la résistance à l’insuline », explique-t-elle. « Si cette résistance était la cause de vos cycles irréguliers, ils peuvent redevenir réguliers, ce qui augmente ainsi votre fertilité. »
La Dre Robbins ajoute que les femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), souvent associé à l’infertilité, pourraient avoir plus de chances de tomber enceintes en réduisant leur résistance à l’insuline grâce à des médicaments comme Ozempic.
À l’inverse, la Dre Sekhon met en garde contre l’utilisation excessive des médicaments GLP-1 lorsqu’ils ne sont pas nécessaires, car cela pourrait nuire à la fertilité. Une perte de poids excessive peut priver le corps de l’énergie nécessaire à son bon fonctionnement, ce qui peut entraîner l’arrêt de l’ovulation. « Certaines patientes pourraient ne jamais retrouver un cycle ovulatoire régulier », avertit-elle.
Affecte-t-il la ménopause ?
Pour les femmes en périménopause ou en ménopause, les médicaments GLP-1 pourraient être bénéfiques. Les femmes deviennent souvent plus résistantes à l’insuline en raison de la baisse des niveaux d’œstrogènes et de l’augmentation d’une hormone hypophysaire appelée FSH, ce qui peut également entraîner une prise de poids. « Vingt pour cent des femmes prennent environ environ 4,5 kg ou plus pendant la transition ménopausique », explique la Dre Alicia Robbins, obstétricienne, gynécologue et praticienne certifiée de la ménopause.
Ces traitement antidiabétiques peuvent aider à gérer les changements hormonaux et la prise de poids. « L’œstrogène joue un rôle clé dans la répartition des graisses. Lorsque vous commencez à en perdre et à entrer en périménopause dans la quarantaine, vous devenez plus résistante à l’insuline », ajoute la Dre Robbins.
Combien de poids peut-on perdre avec Ozempic ?
L’expérience varie d’une personne à l’autre, mais selon le Dr Shafer, on peut s’attendre à perdre environ 10 à 15 % de son poids corporel. « Il faut prendre en compte le poids total du corps, le poids musculaire, le poids graisseux et le poids en eau », explique-t-il. « Si vous gagnez de la masse musculaire, la variation totale de votre poids pourrait ne pas être aussi spectaculaire que prévu. »
Y a-t-il des risques ?
La Dre Messer affirme que les risques sont minimes et qu’ils sont moindres comparés à ceux associés à l’obésité. Sur le site d’Ozempic, un avertissement indique qu’il a causé un cancer de la thyroïde chez des souris. Cependant, des experts comme la Dre Messer estiment qu’il pourrait en réalité réduire le risque de cancer chez l’humain, en particulier pour ceux liés au poids. Selon une étude récente, les médicaments GLP-1 ont réduit le risque de plus de 13 types de cancers associés à l’obésité, notamment ceux de la vésicule biliaire, de l’estomac, des reins et des ovaires.
Cependant, la Dre Messer ne le prescrirait pas à certaines catégories de patients, notamment ceux souffrant de calculs biliaires actifs, de pancréatite, de troubles de l’alimentation ou ayant des antécédents personnels ou familiaux de cancer médullaire de la thyroïde. « Mais en dehors de ces cas, j’ai un seuil assez bas pour le prescrire », ajoute-t-elle.
Autrices: Kathleen Hou et Katie Berohn
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elle.com. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.
