Voici la tendance design la plus répandue en 2025
Lors des Three Days of Design à Copenhague, les icônes d’hier ont pris le devant de la scène — ressuscitées, rééditées et réinventées.
Le designer Michael Anastassiades et la directrice artistique de Fritz Hansen, Els Van Hoorebeeck, posent dans leur studio avec un prototype de la chaise « After », dévoilée cette semaine à l’occasion du salon Three Days of Design à Copenhague.
En design, comme dans la vie, le progrès ne suit que rarement une ligne droite. Certaines des idées les plus avant-gardistes d’aujourd’hui ne naissent pas du neuf, mais d’une redécouverte du passé. Cette année, à Three Days of Design (3DD), les créateurs puisent de plus en plus dans les archives, les techniques traditionnelles et les formes historiques – non pas pour les reproduire, mais pour les réinterpréter à l’aune de notre époque. Résultat : des objets pensés pour durer, à l’élégance intemporelle.
Regarder en arrière n’a rien d’un simple exercice de nostalgie. C’est une façon de résoudre des problèmes de manière créative. Qu’il s’agisse de rééditer une chaise des années 1950 avec des matériaux durables, de ressusciter un savoir-faire artisanal tombé en désuétude, ou de réinventer des silhouettes architecturales issues d’une autre époque, le passé devient un socle fertile pour innover. Ces résonances historiques donnent du poids et de la cohérence aux nouveautés, dans un monde qui valorise souvent la vitesse et les tendances éphémères au détriment de la substance.
Cette esthétique était omniprésente à 3DD : dans les teintes chaleureuses du bois, dans les formes sculpturales des canapés, dans la valorisation du geste et du savoir-faire jusque dans les espaces les plus contemporains. Des pièces iconiques rééditées cohabitaient avec des créations inédites qui en partageaient l’esprit : pensées avec soin, belles et conçues pour durer.
À l’heure où le design s’interroge sur ce que signifie vraiment être moderne, peut-être que le geste le plus audacieux est justement de se retourner. Non pas pour s’y attarder, mais pour comprendre d’où l’on vient – et bâtir, grâce à cela, quelque chose de mieux.
Poul Kjærholm pour Fritz Hansen
La réédition du fauteuil PK23 de Poul Kjærholm par Fritz Hansen tient de la méditation sur la forme et la tension. Conçu à l’origine en 1954, le fauteuil était resté à l’état d’esquisse dans les archives du designer — inachevé, jusqu’à aujourd’hui. Composé de deux coques en placage stratifié, reliées par un connecteur double volontairement visible, cette pièce nouvellement produite donne corps à la vision de Kjærholm avec une clarté nouvelle.
Développée en étroite collaboration avec Thomas Kjærholm, fils du designer, et Christian Andersen, directeur de l’artisanat et du patrimoine chez Fritz Hansen, cette réédition s’inscrit dans une ambition commune : imaginer comment un créateur du passé travaillerait aujourd’hui, sans trahir l’essence de son idée initiale.
« Il s’agit de rester fidèle à l’idée fondamentale, tout en la laissant évoluer », souligne Andersen.
Le résultat témoigne d’un profond respect pour l’héritage de Kjærholm : une pièce à l’élégance épurée, où histoire et modernité dialoguent à parts égales. En regardant vers le passé pour mieux avancer, le fauteuil PK23 ne s’apparente pas à une simple reproduction, mais à une prolongation naturelle — vivante — d’une œuvre restée en suspens.
fritzhansen.com.
JL Møllers Møbelfabrik pour Design Within Reach
Dans un geste qui fait le lien entre héritage et modernité, Design Within Reach réédite l’élégante chaise Møller 82 de J.L. Møllers Møbelfabrik, surnommée avec affection « Embassy Chair ». Conçue en 1970 et fabriquée à la main à Aarhus, au Danemark, cette chaise à haut dossier et barreaux horizontaux renaît aujourd’hui en exclusivité pour le marché américain.
Le design a été redécouvert dans un recoin poussiéreux de l’atelier danois par un acheteur de DWR en visite, immédiatement séduit par sa force silencieuse et sa grâce sculpturale. Avec son dossier courbé, son assise tressée emblématique et un assemblage irréprochable — sans vis ni compromis — la Møller 82 incarne à la perfection la philosophie de la maison : une pièce bien conçue, belle et durable.
« Nos procédés sont restés artisanaux, inchangés depuis la création de l’entreprise, affirme Kirsten Møller, PDG de la marque et petite-fille du fondateur Niels Otto Møller. Chaque chaise respecte encore aujourd’hui ses trois règles fondamentales : elle doit être bien faite, esthétiquement plaisante et confortable. »
dwr.com.
Nanna & Jørgen Ditzel pour Carl Hansen & Søn
Avec sa silhouette doucement géométrique et son cadre en chêne finement travaillé, la réédition du canapé ND52 par Carl Hansen & Søn, créé par Nanna et Jørgen Ditzel, allie modernité rafraîchissante et charme profondément familier. Conçu à l’origine en 1952 mais jamais produit jusqu’à aujourd’hui, ce modèle révèle la maîtrise intuitive des Ditzel en matière de proportions, de courbes et de matériaux.
Présenté lors des Three Days of Design, chaque meuble était habilement mis en scène au sein d’encadrements architecturaux qui guidaient le regard et amplifiaient l’impact sculptural de chaque pièce. Vu à travers l’un de ces cadres, le ND52 ressemblait à un tableau domestique : habillé d’une laine richement texturée, posé sur des pieds fuselés en chêne huilé, il dégageait une élégance calme et posée. Ses accoudoirs en ailes et sa structure ouverte conjuguent légèreté et solidité, offrant un espace propice à la détente comme à la réflexion.
Plus qu’une simple réédition, ce canapé est une première production attendue depuis des décennies — une preuve éclatante du génie intemporel des Ditzel et de l’engagement de Carl Hansen & Søn envers un design durable et élégant.
carlhansen.com.
Studio KO pour Vipp
Lors d’une présentation marquante aux Three Days of Design, Vipp s’est associé au Studio KO pour dévoiler une installation sculpturale : une maison d’hôtes éphémère nichée dans un garage reconverti derrière le siège de Vipp. Ce lieu joue sur les contrastes : un bois brûlé aux feuilles de cuivre enveloppe une cuisine Vipp revêtue de cuivre, rendant hommage au feu et au rituel partagé de la cuisine.
Cette collaboration comprend également une édition limitée, la Kapsule Kollektion, qui propose des réinterprétations tactiles des designs classiques de Vipp, ainsi que des intérieurs sur mesure mariant la sobriété scandinave à la chaleur parisienne et nord-africaine. « C’est une ode à l’essentiel », résume Karl Fournier du Studio KO.
Le résultat ? Un dialogue sensible entre les cultures où le bois brûlé, les tissus Pierre Frey et les métaux raffinés se rencontrent pour éveiller les cinq sens. Un espace fugace, transportant et inoubliable — un rappel audacieux que le design, à son meilleur, allie fonction et émotion.
vipp.com
Michael Anastassiades pour Fritz Hansen
Avec la série After, Michael Anastassiades insuffle une retenue lyrique à l’héritage de Fritz Hansen, distillant l’essence du design danois en deux nouvelles pièces : une chaise en bois massif et une table ronde de salle à manger, disponibles en frêne brut (verni) ou peint en bordeaux. Cette finition durable remplit une double fonction écologique en valorisant davantage les chutes de bois qui, sinon, ne seraient pas utilisées si elles restaient non peintes.
La collection fait écho à la pureté sculpturale de Poul Kjærholm et Kaare Klint, tout en portant incontestablement la touche personnelle d’Anastassiades. La chaise, un assemblage élégant de joints parfaits, de plans courbés et d’une construction très complexe, est réalisée avec une telle finesse et maîtrise des matériaux que sa complexité se lit comme une simplicité évidente.
« Chaque choix est délibéré », souligne le designer, « et rien n’existe sans raison. » Un futur héritage, fermement ancré dans le passé.
fritzhansen.com
Auteur : Benjamin Reynaert
Cet article a été traduit en français et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elledecor.com. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.
