« My Oxford Year » sur Netflix : tout est too much, et c’est pour ça que vous allez l’adorer
L’intrigue peut paraître tirée par les cheveux, mais la magie de la « ville aux flèches rêveuses » opère pleinement à travers ses décors intérieurs.

La nouvelle comédie romantique de Netflix, My Oxford Year, s’ouvre sur une scène de salon : la famille d’Anna – une New-Yorkaise sur le point d’entamer un master à Oxford – regarde Oxford Blues, un film de 1984. « Ignore le garçon » (Rob Lowe), lance la mère d’Anna en espagnol. « Regarde les arches. » Et c’est ce qu’on fait, tout au long du film.
Plus tard, quand Anna (incarnée par Sofia Carson) pousse la porte en bois sculpté de son dort, un détail saute immédiatement aux yeux : les murs sont couverts d’une fresque botanique luxuriante. Pour ceux qui ont vraiment vécu une « année à Oxford », la scène a de quoi surprendre. Là-bas, les chambres, aussi charmantes soit-elles avec leur vue sur la Radcliffe Camera, ont des murs jaune pâle un peu tristes… et quelques taches douteuses en prime.
Oxford nourrit en réalité tout un imaginaire : ses flèches rêveuses, son Bridge of Sighs, ses bals dignes de Bridgerton… Une ambiance de conte de fées. Mais ce fantasme bascule vite dans le cliché. My Oxford Year ne déroge pas à la règle, rejoignant la lignée des classiques comme Ce dont rêvent les filles (2003), avec une trame bien connue : une Américaine débarque au Royaume-Uni, tombe sur un garçon charmant mais insupportable, vaguement aristocrate — ici, Jamie, incarné par Corey Mylchreest (Queen Charlotte). Dès les premières scènes, l’intrigue est prévisible, avec quelques légers rebondissements. Mais comme dans beaucoup de romcoms, cette prévisibilité laisse la place à d’autres plaisirs : les amis fantasques, les scènes improbables… ou ici, des décors intérieurs absolument splendides.

Le charme d’Oxford opère, malgré les clichés
Le film pousse l’esthétique d’Oxford à des sommets presque mythiques. Il a été tourné en grande partie au Magdalen College, notamment connu pour abriter un parc à daims sur son domaine. D’autres scènes ont été filmées dans et autour de la Bodleian Library. Les salles de classe sont bordées de portraits jacobéens, ornées de vitraux aux motifs géométriques, de boiseries sculptées et de dorures à l’excès. Si ces lieux existent bel et bien à Oxford, ils restent l’exception plus que la norme.
Mais une comédie romantique ne cherche pas le réalisme : elle s’épanouit dans l’exagération, en transformant l’ordinaire en extraordinaire. Ici, cela se traduit par des bibliothèques gothiques aux arches majestueuses, des rayonnages de livres qui montent jusqu’au plafond, des dortoirs en bois sculpté habillés de fresques fantaisistes. La cérémonie de remise des diplômes au Sheldonian Theatre, elle, est représentée avec une fidélité éclatante – aussi grandiose que dans la réalité. C’est dans ces instants où le film s’ancre dans les véritables splendeurs d’Oxford qu’il gagne en justesse et en crédibilité.
Le bal d’Oxford, vers la fin du film, est tout aussi éblouissant — une mise en scène scintillante d’élégance, qui capte malgré tout une part de vérité des véritables soirées étudiantes. Même si, dans la réalité, ces bals finissent souvent par ressembler à des festivals boueux une fois minuit passé. Mais dans le film, évidemment, aucun débordement n’est montré.
À la place, Anna et Jamie s’éclipsent dans la somptueuse suite de ce dernier : un décor digne d’un catalogue, entre cheminées crépitantes, voitures de sport miniatures et éclairage tamisé savamment étudié.

My Oxford Year pousse l’idéalisation de la vie à Oxford jusqu’à l’absurde — mais un absurde délicieusement assumé. Les décors intérieurs deviennent des personnages à part entière, entraînant le spectateur toujours plus loin dans ce fantasme. Peu réalistes, certes, mais totalement fidèles à la promesse du genre : un monde plus beau que la réalité, débordant de charme et de splendeur.
Autrice : Dorothy Scarborough
Cet article a été traduit et adapté pour la Suisse après avoir initialement été publié sur elledecor.com. Retrouvez tous les autres articles de cette édition sur le site web officiel.